Tic-tac, tic-tac, tic-tac, tic...
L'aiguille de sa montre émettait un son irritant. Iloé regarda l'heure, et elle laissa échapper un long soupir d'irritation : la grande aiguille n'avait toujours pas bougée.
Tic-tac, tic-tac, tic-tac, tic...
L'aiguille de sa montre émettait un son irritant. Iloé regarda l'heure, et elle laissa échapper un long soupir d'irritation : la grande aiguille n'avait toujours pas bougée.
Ces quatre heures de cours, Géographie historique: mer et océan du 17ème siècle, étaient interminables. Son regard passait d'un coté à l'autre de l'amphithéâtre : les fenêtres étant à sa hauteur, elle pouvait observer l'extérieur à sa guise. Et même si ce n'était pas tout à fait attrayant, ça l'était bien plus que les longues explications du professeur, que l'expérience avait apparemment rendu imperméable à toute compassion ; vu la façon dont il déballait son discours sans s'inquiéter de savoir si les élèves pouvaient le comprendre ou pas.
Des crampes parcourraient sa main à force de gratter le papier dans une tentative de retranscrire ce qu'elle comprenait du cours, ou du moins ce qu'elle entendait. Mais plus l'heure avançait et moins elle était attentive. Elle se rendit bientôt compte que ses phrases n'avaient plus aucun sens et parfois même qu'elles ne suivaient plus la même ligne. Lorsqu'elle le relirait ce soir, elle s'en voudrait sûrement de ne pas y avoir mis plus d'efforts mais elle était à bout. La jeune femme posa sa tête sur sa main libre et continua à écrire avec horreur. Elle n'avait qu'une hâte : que la sonnerie annonçant la fin des cours, retentisse. Mais visiblement elle n'était pas près de sonner.
L'irritabilité accumulé au cours de ces trois dernières heures la poussèrent à raturer sa page et à mettre sa tête entre ses mains.
« Merde... »
Elle n'arrivait plus à suivre un seul mot de ce que disait le professeur. Surement était-il passionné par sa matière car il la connaissait sur le bout des doigts, mais il l'aimait tellement qu'il déballait son savoir à une vitesse hallucinante et finissait par se parler seul.
Iloé faisait pourtant de son mieux, elle essayait vraiment de faire son maximum pour maintenir ses notes et particulièrement à l'approche de partielles qu'elle ne pouvait pas se permettre de rater. Cette année était décisive pour son entrée en doctorat.
Mais devenir professeure d'université, lui semblait bien loin désormais. A son entrée ici, elle avait l'impression de toucher son rêve du doigt. Mais plus les années passaient, plus les notes tombaient, et plus ce rêve s'éloignait entraînant avec lui son courage et ses espoirs.
Des fois les larmes lui venaient. Iloé se comparait sans cesse aux autres, aux élèves de la classe, ce qui était stupide et elle le savait car chacun a ses propres capacités... Elle le savait mais... Rien n'y faisait. Chaque jour semblait lui prouver combien elle était idiote et n'avait pas sa place ici.
Une fois seule dans son appartement, elle se sentait minable, bonne à rien, ne voyant que son échec. Ça la rendait folle de rage et de déception envers elle-même mais surtout... triste, depuis que sa mère n'était plus là pour la soutenir.
Tandis qu'elle sentait les larmes monter, elle regarda autour d'elle en se demandant une fois de plus ce qu'elle faisait dans cette maudite salle. Elle ne voulait plus y être depuis longtemps alors pourquoi rester ? Pourquoi se forçait-elle à suivre son rêve éteint au lieu d'en chercher un nouveau ? C'en était trop !
Iloé ramassa toutes ses affaires et les jeta dans son sac. Elle remarque quelques regards indiscrets, des personnes que le bruit dérangeait, mais elle s'en fichait, elle ne se brimerait plus désormais. Une sorte d'euphorie commençait à l'emporter alors qu'elle allait mettre sa trousse dans la sacoche mais elle s'estompa aussi vite qu'elle était venue. Elle resta de longues secondes à regarder le vide, vers la bouche béante de son sac qui semblait attendre qu'on finisse de le nourrir.
Mais qu'est-ce qu'elle faisait ? Si elle partait maintenant, alors toutes ces années auraient été endurées en vain. Elle ne pouvait pas se permettre d'abandonner maintenant.
« Allez, ressaisis-toi, pensa-t-elle avec une certaine amertume, tu ne peux pas te permettre de tout arrêter sur un coup de tête, tu n'es tout de même pas assez idiote pour gâcher ton avenir, pas vrai ? »
Ses lèvres esquissèrent un sourire qui tenait plus du désespoir que du soulagement, et elle ressorti ses affaires du sac mollement avant de continuer à écrire, vidée de toute énergie.
12h00, la sonnerie retentit enfin. Des murmures de soulagement traversèrent la salle de long en large.
« Enfin... »
Iloé posa son stylo mais ne ressentit aucune allégresse à la fin du cours. Des crampes aux doigts et à l'épaule la firent légèrement grimacer, mais elle n'y prêta pas plus attention et resta assise quelques secondes.
La jeune fille regarda autour d'elle. Assise au dernier rang, il n'y avait maintenant devant elle que des rangées vides, et personne ne l'attendait.
Ces cinq années à l'université ne lui avait pas permis de faire des connaissances, à cause peut-être de sa timidité ou bien simplement de son enfermement sur elle-même...
« Avant de sortir, prenez les fiches qui sont sur mon bureau. Il s'agit de l'introduction du prochain chapitre ! Informa monsieur Antares de sa voix aiguë. »
La jeune femme rangea ses notes et ses affaires dans son sac puis descendit la trentaine de marches qui la séparait du bureau. Elle fit la queue comme tout le monde avant de découvrir avec « enthousiasme », le titre du prochain chapitre...
« L'âge d'or de la piraterie... »
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