Chapitre 5 Explications

Maintenant qu'il se tient devant elle, elle ne sait quoi faire ni quoi dire.

Elle n'en croit pas ses yeux et ne sait pas si elle doit se jeter à son cou ou l'ignorer. Ses sentiments sont confus et se mélangent. La joie, la peine, la colère, le pardon, l'amour, la haine...elle ne sait plus comment réagir. La seule chose qui n'a pas changé c'est l'attirance qu'elle a pour lui et les sentiments amoureux qui la submergent. Elle se tourne vers lui et le regarde sans dire un mot. Elle est étonnée mais n'en laisse rien paraître. Alexandre la regarde perplexe et se dit que ce ne sera pas chose facile de la reconquérir vu sa réaction. Il pensait vraiment qu'elle serait contente de le voir et commence à douter de ses sentiments envers lui. En voyant le regard qu'elle lui lance, il ne sait plus quoi faire.

-Bonjour Alexandre, dit-elle avec désinvolture.

Il s'avance un peu et se tient juste devant le transat où elle s'est allongée. Il se poste devant elle, se penche tout doucement et pose un baiser très délicat sur son front.

-Qu'est-ce que tu fais là ? lui demande-t-elle d'un ton détaché.

Il lui tend une boîte et lui dit ceci :

-Je suis venu te rendre tes bagues car elles en avaient marre de ne pas être portées.

-Si je les ai laissées c'est parce que tu avais été très clair, je ne pouvais plus faire partie de ta vie. Tu te souviens ? Parce que moi je n'ai pas oublié.

-Je me souviens très bien de tout ce que j'ai pu te dire et du chagrin que j'éprouvais et j'en suis désolé. Je suis venu te demander pardon. Pardonne-moi ma colère, les mots très durs que je t'ai dits et surtout pardonne moi mon incompréhension.

Elle le regarde et reste sans voix. Elle ne s'attendait pas à cela de sa part.

-Si cela peut te permettre d'avancer dans la vie, je veux bien te pardonner mais il ne fallait pas te donner la peine de venir jusqu'ici. Tu aurais pu tout simplement te servir de ça, lui dit-elle en montrant son téléphone.

-Oui mais pour cela, il aurait fallu que tu daignes me répondre.

-Ce n'est pas faux, dit-elle en se levant du transat pour être à sa hauteur.

Ils se regardent et ni l'un ni l'autre n'ose parler.

Alexandre ne pensait pas qu'elle serait si froide avec lui. Il est décontenancé par son attitude et cela le fige sur place. Il se demande maintenant si cela était véritablement une bonne idée de venir la voir. Pourtant, il aimerait la prendre dans ses bras et la serrer fort contre lui pour lui montrer à quel point elle lui a manqué mais il ne veut pas la brusquer car il sait que si elle agit de la sorte c'est seulement de sa faute à lui.

Il reste debout à la contempler. Il voit une femme marquée par le chagrin et prête à renoncer à tout, juste par fierté. Il sait qu'elle est forte mais il la connait aussi et sait très bien qu'elle cache ses vrais sentiments derrière sa froideur. Il ne peut s'empêcher de contempler également ses jambes dorées par le soleil que son bikini noir fait ressortir, ses cheveux qui se sont éclaircis à cause de la piscine au sel et les tâches de rousseurs qui apparaissent sous ses yeux en été.

Il se décide à lui parler de nouveau.

-Vu l'heure, ne voudrais-tu pas m'accompagner afin qu'on aille déjeuner quelque part ?

-Et pourquoi faire ? Pourquoi devrais-je aller déjeuner avec toi ?

Il ne sait pas qu'elle réagit de la sorte afin de lui donner une bonne leçon. Elle est folle amoureuse de lui et de le sentir près d'elle lui fait un bien fou même si elle lutte contre l'envie de se jeter dans ses bras et de l'embrasser. Mais en même temps, elle aimerait le faire souffrir comme elle a pu souffrir aussi et se sent prête à jouer un peu comme au bon vieux temps.

Il soupire et s'accroupit pour se retrouver à la même hauteur que son visage.

-Je sais que je n'ai pas réagi comme tu l'aurais voulu et je sais que j'ai dit des paroles qui ont dépassé mes pensées.

Elle l'écoute attentivement et le fait de le voir là, devant elle, la perturbe énormément mais elle ne laisse rien paraître. Il est tellement beau, elle en avait presqu'oublié son regard si perçant avec ses beaux yeux noisette. Mais elle se ressaisit et se dit que ses sentiments lui jouent des tours, elle est dans l'incertitude la plus totale et le fait de le revoir la rend triste quand elle pense aux moments difficiles qu'ils ont traversés. Même si elle aime cet homme à la folie, elle ne veut pas lui faciliter la tâche. Il faut qu'il rame un peu se dit-elle intérieurement. Mais au fond d'elle, elle sait qu'elle ne peut pas vivre sans lui.

-Tu m'écoutes ou tu es perdue dans tes pensées, lui demande-t-il.

-Je t'écoute un peu, tu sais j'arrive à faire les deux. N'oublie pas que c'est une qualité purement féminine.

-Oui tu l'as toujours dit, je me souviens. Alors, on va déjeuner ensemble ?

-Je n'ai nullement envie d'aller au restaurant avec toi alors que je sais qu'on va se prendre la tête de nouveau.

-Pourquoi dis-tu qu'on va se prendre la tête ? Il n'y a aucune raison. S'il te plaît, fais-moi plaisir.

-Pourquoi devrais-je te faire plaisir ? Tu as décidé que je pouvais de nouveau faire partie de ta vie ? Ça y est Alexandre a parlé et le monde doit s'exécuter ?

-Tu sais bien que ce n'est pas ça. Je veux juste te dire tout ce que j'ai sur le cœur et réparer mes erreurs. Ce bébé était le nôtre, je n'avais pas le droit de te blâmer pour sa perte.

À l'évocation du bébé qu'elle a perdu il y a maintenant trois mois, Samantha sent les larmes monter. Elle ne veut pas pleurer, pas encore et certainement pas devant lui. Mais il la connait bien et elle sent son regard insistant sur elle. Il s¡approche d'elle pour la prendre dans ses bras mais elle le rejette violemment et lui lance un regard plein de haine.

-Tu n'as pas le droit de parler de mon bébé ! Tu as été ignoble avec moi ! Tu m'as laissée tomber quand j'ai eu le plus besoin de toi ! Je te déteste pour ça.

Elle pleure et crie en même temps. Il sent son désarroi et s'en veut encore plus. Il se demande même s'ils vont pouvoir surmonter cette épreuve.

-Je t'en supplie, laisse-moi me rattraper et être là pour toi, lui dit-il en essayant encore de la prendre dans ses bras.

Elle sanglote et des grosses larmes coulent sur son visage. Elle voudrait s'abandonner et le laisser la serrer contre lui mais ses sentiments sont tellement confus qu'elle ne réussit même pas à le regarder.

-Sam, ma chérie, je suis sincèrement désolé de t'avoir fait autant de mal mais j'étais si malheureux aussi.

-C'est ton excuse ?! Non mais c'est une blague !!!

Elle hurle encore plus et se lève du transat.

-Je ne veux pas minimiser ta peine plus que la mienne mais ce que je veux dire c'est que j'étais dévasté et de te voir si triste alors que je ne pouvais rien faire pour te rendre ce que tu venais de perdre...Je n'ai pas assuré je le sais et je m'en voudrais toute ma vie, crois-moi.

-C'est trop tard pour moi. Je pensais que j'allais pouvoir te pardonner mais c'est trop difficile et tes paroles résonnent encore dans ma tête. Je pense que j'ai besoin d'un peu plus de temps. Je suis désolée...Il vaut mieux que tu partes.

-Non je ne partirai pas en te laissant dans cet état.

-Je te signale que c'est ce que tu as fait il y a plus de deux mois. Tu m'as laissée partir. Alors va-t-en !

Elle le prend par le bras et le pousse vers l'avant de la maison.

-Sam, arrête. S'il te plaît arrête. Ne fais pas ça. Je sais bien que je t'ai blessé mais laisse-moi être là. J'ai pris du recul, je suis même allé voir un psychologue et je me sens capable de te venir en aide, de nous venir en aide.

-Pour quoi faire ? Je ne pourrais jamais te donner d'enfant. C'est fini Alexandre, j'ai tout perdu. C'était mon rêve de fonder une famille avec toi et tout s'est écroulé. Dès l'instant où nous nous sommes rencontrés, je me suis imaginée porter nos enfants et maintenant ?

Elle s'effondre en larmes et se rend compte qu'elle l'aime trop pour le priver d'avoir une famille. Elle préfère lui redonner sa liberté.