Chapitre 2 Un mirage

Des lumières semblables à une pluie de météores déchiraient le ciel. Quand un grand flash doré explosa devant moi, je vis apparaître ce que je prie pour un mirage. Un jeune garçon se tenait debout devant moi.

Sa beauté ne le rendait que plus irréel encore. Blond, presque blanc, les cheveux rasés sur le côté et plus long en dégradé sur le dessus. On aurait juré un mannequin sorti tout droit d'une couverture de magasine. Sa dégaine de mauvais garçon me fascinait en une délicieuse obsession. Un simple tee shirt blanc sous une chemise ouverte, un jean délavé déchiré ça et là. Il n'était pas le genre d'homme à m'attirer habituellement, mais là, je ne savais pas pourquoi, je devais l'avoir. Mon coeur battait la chamade à sa vue.

Chacune de ses respirations laissait imaginer les muscles de son torses finement dessinés. Je rougissais et me giflais inconsciemment à cette tentation. Il passa à mes côtés sans même m'adresser un regard. Son parfum mentholé m'enivrant, il se dirigea vers Peter qui se tenait fixement au bout de la route.

« Se connaissent ils ? » me questionnai je intérieurement.

Visiblement oui. Peter lui adressa un sourire courtois accompagné d'un respectueux signe de tête. J'aurai rigolé en temps normal devant cette petite soumission dissimulée. Mais je restais absorbée par cet inconnu. Croisant les bras derrière la tête, je fis mine de passer sans lui prêter attention. Seulement je n'avais pas prévu que cette fois ci, il me regarderait. Ses yeux se sont inscrits en moi comme pour me lire.

Incapable de me détourner, je restais plantée là. Je n'avais pas remarqué l'instant d'avant, qu'il avait les yeux vairons. L'un gris acier, tandis que l'autre était plus bleu qu'un ciel d'été. Un bleu glaciale. Un regard d'une froideur absolue. Il semblait ne contenir aucune émotion humaine, aucune empathie ou quelconque trace d'amour.

« Est ce possible de ne rien ressentir ? » cette réflexion me saisit rapidement. Car c'est exactement ce qu'on pouvait déchiffrer chez lui. Un vide infini. Il ne semblait dégager qu'une immense solitude. Et pourtant, on ne m'avait jamais regardé ainsi.

Je n'avais jamais eu le sentiment d'être vu comme je le ressentais en cet instant précis. Il me voyait. Pas seulement physiquement, je sentais qu'il me perçait à jour. Il lisait en moi, il déchiffrait exactement qui j'étais, je n'avais alors, plus aucun secret pour lui; tandis qu'il en avait tant pour moi. Ce moment me sembla être des heures. Pourtant, il ne s'était écoulé que quelques secondes visiblement.

Il mima un sourire et s'enfuit avec Peter. Me laissant une nouvelle fois seule sur le trottoir.

« Qu'est ce qu'il s'est passé ? » Le temps que je cligne des yeux tout avait disparu. Le ciel violacé, les lumières, Peter... et lui. Je devenais folle.

« Allez ma grande, c'est probablement le manque de sommeil ! Depuis le temps que Rachel me répète que cette fac va me tuer ! Elle n'a sans doute pas tort. » me rassurai je.

C'était la troisième fois que je tentais la PACES. Je voulais devenir médecin. Je désirais être utile aux autres, servir à quelque chose. Mais bon dieu que c'était dur ! L'année dernière j'avais échoué à deux places près ! Deux places. Je ne pouvais pas abandonner maintenant. Je ne pouvais pas alors que je savais que cette année serait la bonne. J'avais bossé tout l'été pour me préparer un mentale de gagnante. Car il s'agissait bien d'une compétition. Pour devenir médecin il faut être prêt à écraser les autres. Il faut les surpasser. Et cet état d'esprit, je l'avais désormais ! J'étais prête. Rien cette année ne me détournerait de mon but. Sauf peut-être la fatigue. Je devais rentrer dormir. Il fallait que mon cerveau se repose. Il fallait absolument que j'arrête de fantasmer des mirages comme ceux qui me poursuivaient.

                         

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