Chapitre 5 5

Chapitre 5

*****Souadou*****

Je sais pas ce qui s'est passé mais en tout cas j'aime pas du tout. Depuis que ma belle-mère m'a vu à l'aéroport, elle me regarde avec dédain mais bon rien de nouveau mais il y a Ismaïla qui depuis un moment je peux jurer que si ses yeux étaient des fusils, je serais morte et enterrée. Que se passe-t-il avec lui ?

Quoiqu'il en soit j'essaie de jouer à l'épouse modèle en traitant mon mari et mes beaux-parents avec égard. Une chose qui doit continuer jusqu'à la fin de leur séjour.

Mon fils ayant fait dans sa couche je quitte le salon pour aller le changer.

Dans la chambre alors que je changeais les vêtements de mon fils, j'entends une voix me dire « Il faut qu'on parle » et mon cœur fait un raté.

-Quoi ? De quoi ?

-Pas ici, je ne veux pas que les parents nous entendent.

-C'est grave ?

-A toi de me le dire.

Ses yeux trahissent le calme qu'on pouvait ressentir sur sa voix. Ismaïla est en rogne et je n'ai aucune idée du pourquoi du comment.

-D'accord. Laisse-moi le mettre sur mon dos après on ira au jardin de l'immeuble.

-Ok et fais vite...Dit-il avant de sortir de la chambre.

Que se passe-t-il ? Qu'ai-je fait de travers ? Que lui a dit sa mère ?

Du bing au bang, je pense à ma grossesse. Non c'est pas possible. Je me suis retenue autant que j'ai pu et je pense pas avoir un gros ventre. Ça doit être autre chose mais quoi ?

Prenant mon courage à deux mains, je mets mon bébé sur mon dos avant d'aller rejoindre Ismaïla. Nous avons dit aux parents que nous descendons prendre l'air.

Une fois dans le jardin de l'immeuble, j'écoute Ismaïla pour savoir ce qu'il veut.

-Tu n'as rien à me dire ???Commence-t-il.

-Quoi ?

-Tu m'as bien entendu. Tu ne caches rien.

-Je ne comprends pas.

-Tu ne comprends pas. Peut-être que ta grossesse t'a rendue sourde.

Il finit sa phrase et mon sang n'a fait qu'un tour. Quoi comment il a su ?

-Je peux tout t'expliquer.

-Effectivement j'attends une explication. Quand ma mère m'a dit que tu étais enceinte, je me suis dit que cette femme voyait la grossesse dans n'importe quoi. Alors elle a raison tu es bien enceinte ?

Je ne réponds pas. A quoi bon ? Il connait la réponse. Mais sa mère n'est pas humaine, comment a-t-elle fait pour savoir ?

-Quand m'as-tu mis les cornes et avec qui ?

Je ne réponds toujours. Si je lui dis avec Djily c'est sûr qu'il me tue.

-Souadou réponds-moi...Crie un Ismaïla énervé.

Je fais un soupir avant de commencer.

-Je te jure, je te promets, crois-moi ou non, depuis notre mariage même depuis mon divorce avec Djily et que j'ai exigé de toi que tu m'épouses, je n'ai eu qu'un seul écart de conduite. Une seule fois et malheureusement ça s'est soldé par une grossesse.

-C'était quand ?

-Ismaïla, je ne voulais plus être ta femme. J'en avais marre de tes mensonges, que tu me trompais à tout bout de champ. Durant ton dernier voyage avant ton accident j'étais décidé à te quitter et c'est ce que j'avais fait.

-Tu étais partie ?

-Oui j'étais partie. Je m'étais trouvé un appartement avec Lamine. Sauf que quand j'étais bien installé, l'hôpital m'a appelé pour m'aviser de ton accident. Je suis allée te voir j'ai compris que je ne pouvais pas te laisser ainsi. Alors je suis retournée à cet appartement et j'ai refait mes bagages. Tu peux pas dire que je t'ai trompé, j'étais partie.

-Qui est le père ?

J'hésite pendant un moment avant de lâcher que c'est Momar. Le soulagement pouvait se lire sur le visage d'Ismaïla.

-Mais attends, il est en prison lui.

Putain j'ai oublié ce détail. Un mensonge, vite !!!!

-Il a été gracié et il est sorti.

-Tu m'as trompé avec un ex tolard...D'accord.

-Avec Momar on avait décidé de repartir à 0.

-Ok.

-Je dois aller faire mes bagages ?

-Pour aller où ?

-Je sais pas. Tu as appris que j'étais enceinte d'un autre alors...

-Autant crier sur tous les toits que je suis impuissant.

-Quoi ?

-Si je laisse partir mon épouse enceinte, tu ne penses pas que ça va jaser ?

-Je sais pas.

-Souadou, Souadou, Souadou, Souadou... T'es sans doute une garce mais tu n'en es pas moins mon épouse. Mon mariage avec toi était plus choix qu'autre chose. J'élèverai cet enfant comme le mien mais n'oublie jamais une chose qu'on est quitte.

-Comment ça ?

-Ça fait plusieurs mois que je culpabilise de t'imposer un mari invalide et impuissant mais maintenant en acceptant cette paternité, je pense que je ne te dois plus rien.

-Donc c'est bon... Dis-je parce que jusqu'à présent j'ai du mal à croire qu'Ismaïla ait accepté aussi facilement.

-Oui. Retournons à l'appartement. On ne doit pas les laisser seul trop longtemps.

Nous retournons à l'appartement comme si de rien était. Je suis encore sous le choc face à la réaction d'Ismaïla. Si je savais qu'il allait réagir comme ça, je n'aurai jamais autant stressé à cause de la grossesse.

*****Sarah****

Depuis une semaine me voilà marier à un type qui ne considère même pas comme faisant partie des meubles de cette maison. C'est un euphémisme de dire que Mass m'ignore. L'argent est encore là où je l'ai laissé. Je ne suis même pas sûre que Mass l'ai vu. Il pose pas les pieds au salon et quand j'essaie de parler et il me stoppe me disant qu'il ne veut rien entendre. L'autre jour il a découché. Il est parti mardi matin pour ne revenir que mercredi tard dans la nuit. Je n'ai même pas osé lui demander où avait-il dormi. En ce moment je le regarde et je le laisse faire ce qu'il veut me disant que peut-être d'ici peu, il daignera me parler et écouter mes excuses.

Le mariage est pour aujourd'hui et comme j'avais dit je vais pas y aller. Je n'ai même pas pu le dire à Mass. Il est parti ce matin comme hier et avant-hier et je pense qu'il ne reviendra qu'à minuit.

Diatou ne vient pas samedi et dimanche donc je suis toute seule. Je regarde la télé, l'esprit en train de divaguer.

J'entends sonner...

Qui ça peut être ?

-C'est qui ??? Demandé-je d'une façon assez désagréable.

-C'est moi...Dit une personne qui n'a pas besoin de dire son nom pour que je sache que c'est elle et je regrette automatiquement la manière dont j'ai parlé. Franchement en ce moment je n'ai pas besoin d'être en froid avec ma belle-mère.

J'ouvre la porte avec un grand sourire.

-Bonjour Maman Amy. Comment tu vas ??? Salué-je avant de lui donner la main.

-Je vais bien... Dit-elle assez froidement.

Je la comprends mon « c'est qui » était pas approprié.

Elle s'installe au salon mais moi je vais directement dans la cuisine. Il est 13h passé et tchine takoul (J'ai pas commencé à préparer). A vrai dire j'avais pas prévu.

-Sarah, apporte moi à boire.

Oh oui c'est vrai. J'ai oublié. Purée, quelle tête en l'air.

Je sors deux bouteilles, une d'eau et une de jus avec un verre que je pose sur la table.

-Mais vous, je ne vous savez pas aussi riche.

-Hen !!!

-Autant de billets posés sur la table.

-Mass faisait ses comptes hier mais il a oublié de les ranger.

-C'est pas sûr. Range-les pour lui.

Je n'avais aucune envie de le faire mais face à Maman Amy j'osais pas refuser.

Je retourne à la cuisine en pensant que je vais préparer un riz à la viande très vite fait parce que là j'ai même pas 2h donc le temps le temps me fait défaut quand ma belle-mère m'appelle à nouveau.

-Oui...Dis-je une fois au salon.

-Où est Mass ?

J'hésite à la réponse que je vais donner avant d'opter pour l'honnêteté.

-Je ne sais pas.

-Comment ça, tu ne sais pas ?

-Il est parti ce matin et il m'a rien dit.

-Appelle-le.

Je vais prendre mon portable avant de tenter de joindre Mass en sachant déjà que je vais tomber sur sa boite vocale.

-Boite vocale.

-Où peut bien être mon fils ?

-Tu peux l'appeler.

-A quoi bon ? Tu es bien tombée sur sa boite vocale, non ?

-Si mais peut-être que c'est mon portable qui a des problèmes.

-Ok je vais voir.

Elle prend son portable pour appeler son fils. Je suis encore debout devant l'entrée.

-Allo wa.

...

-Tu es où ?

...

-Je suis chez toi.

...

-Peu importe. Si tu traines jusqu'à samedi, au moins reste chez toi.

...

-Ok je t'attends.

Elle raccroche mais elle ne me dit rien.

-Mass va venir ?

-Oui.

-Je vais aller préparer.

Elle répond pas et je retourne à ma cuisine. Peut-être que c'est ma chance pour que Mass m'écoute enfin. Il va pas me snober devant sa mère.

******

Je lave le riz quand j'entends un bruit de serrure me montrant que c'est Mass. Je me précipite de finir et faire cuire le riz à la vapeur.

Je le rejoins au salon avec sa mère. Avant d'entrer, je l'entends lui dire.

-Maman, combien de fois t'ai-je dit de ne pas venir chez moi à l'improviste ?

-Qu'il est effronté nak ? Je suis ta mère et je viens chez toi quand je veux.

-Sarah doit aller à un mariage, elle a pas de temps à te consacrer.

J'entre automatiquement. Si ça parle de moi, je dois participer.

-Sarah va à un mariage et c'est une raison alors pour que moi je viens pas vous voir si j'en ai envie ?

-Je vais plus au mariage et c'est même si j'y allais je l'aurais fait quand elle serait partie elle reste prioritaire.

Mass lève les yeux au Ciel.

-Où est le problème maintenant ???Dit sa mère.

-Pourquoi tu pars plus à ce mariage ?

-J'ai plus envie.

-En plus toi Massamba, t'es sur le point de mourir ou quoi ?

-Quoi encore ?

-Est-ce judicieux de laisser une grosse somme d'argent sur la table ?

-J'ai rien laissé sur la table.

-Si Sarah m'a dit que tu avais fait des comptes mais que tu as oublié de ranger.

-Si tu as trouvé de l'argent sur cette table, elle était pas à moi.

-Ah...Rit ma belle-mère. Sarah, l'argent que j'avais vu tout à l'heure c'était à qui ?

Sa mère me regarde et Mass fait de même. Je peux pas compter sur lui pour m'en sortir.

-Mass me l'a donné mais c'était trop alors je le lui ai rendu.

-Wa yow, comment peux-tu construire une maison, tu n'as même pas fini et prendre autant d'argent et le donner à ton épouse ?

J'en écoute pas davantage, je retourne à la cuisine continue ce que j'avais commencé.

******

Jusqu'à ce que le repas se termine je ne suis pas retourné au salon mais je savais que les deux se disputaient. Sa mère continuait de lui reprocher l'argent qu'il m'avait donné et lui se défendait d'une manière assez arrogante que c'était son argent et qu'il en faisait ce qu'il veut. Ces mots étaient pour sa mère mais je les ai quand même pris pour moi.

Je sers à manger et entre deux bouchers Mass me reparle du mariage.

-Donc tu ne vas pas au mariage ?

-Ah et tu lui as donné cet argent à cause de ce mariage ?

-C'est ce qu'elle voulait.

-Autant d'argent juste pour un mariage et d'ailleurs même qui se marie ?

-Une camarade de classe...Dis-je en essayant de continuer de manger.

-N'oublie pas de lui préciser que je t'avais déjà donné une somme que t'avais jugé insuffisante.

-Somme, combien ?

-A elle de te répondre.

-Combien ?

Je disais rien.

-Sarah, réponds-moi...Gronde ma belle-mère.

-150.000...Répondis-je rouge de honte.

-Bienvenue à Dakar. 150000 est insuffisant pour juste un mariage. Ça se voit que tu es loin de ton village.

J'ai eu ma dose alors je me lève et je vais dans ma chambre.

Je vais pas pleurer. J'ai fait ma bêtise, je dois assumer dignement.

******

-Sarah, viens débarrasser...Crie mon époux.

Je vais débarrasser et laver les ustensiles de cuisine.

Je comprends que là c'est l'heure de préparer le thé donc je ne pourrai pas me défiler du salon.

Je suis de retour au salon avec le matériel.

-Amène je vais le faire...Me surprend Mass.

-Je peux m'en charger, je fais rien.

-Ah si tu fais quelque chose, tu dois te préparer pour aller au mariage de Fatim.

-J'y vais plus.

-T'as pas créé tout ce boucan pour après dire que tu vas pas y aller.

Avec Mass on s'est lancé dans un bras de fer de « tu y vas/j'y vais ». Ma belle-mère nous regarde comme si elle était au théâtre. Quand elle en a eu marre, elle s'est interposée.

-Massamba Diakhaté gnak gua fayda (tu es immature), laisse la petite. Si elle a pas envie d'y aller, tu vas pas la forcer.

-Tu la défends parce que tu n'as aucune idée de ce qu'elle a été prête à faire juste pour ce mariage.

-Peu importe. Si elle ne veut pas y aller, tu ne vas pas l'attacher à une corde non plus. Laisse-la.

-Merci maman Amy...Dis-je avant de m'installer sous le regard noir de Mass.

-Après tu lui rends l'argent qu'il t avait donné.

-Pas besoin d'attendre après je peux le faire maintenant.

Je me lève automatiquement pour aller chercher l'argent et le ramener pour Mass.

Je lui tends les billets.

-C'est pour quoi ça ?

-Je te les rends.

-Tu ne me les rends pas. C'est pour toi.

-Mais j'en veux pas. J'ai également mis les 150.000 que tu m'avais donnés.

-Ça m'intéresse pas ce que tu y as mis ou pas. C'est ton argent, tu en fais ce que tu veux mais tu me le donnes pas.

-Mais vous deux qu'est-ce qui se passe ???Grogne maman Amy.

-Maman quand tu paies pour un service à qui est cet argent ?

-Qu'est-ce qu'elle a fait pour que tu lui paies ?

Mass me regarde avant de sourire et moi je commence à avoir mal au bras que j'ai tendu trop longtemps.

-C'est ton argent, brûle-le si tu veux, mais moi je ne le prends pas.

-Ay Mass...

-Quelqu'un peut m'expliquer ce qui se passe ??? Intervient ma belle-mère.

-Absolument rien maman.

Je savais que je suis mariée à un têtu mais je n'imaginais pas à quel point. Une idée me vient en tête.

Je vais jusqu'à maman Amy pour lui donner l'argent.

-Qu'est-ce que tu fais ??? Demande Mass.

-Dans la mesure où mon mari refuse de prendre cet argent et que moi jamais je n'oserai le dépenser, je pense que le mieux est de vous le remettre. C'est de l'argent que ton fils a durement gagné s'il en veut plus c'est plus que normal que ça revienne à sa mère.

-Mane dé kouma diokh ma dieul (Quand on me donne je prends)... Dit-elle avant de faire ce que j'espérais...Vous n'allez pas me dire le problème lié à cet argent ?

Mass doit bouillir de colère en ce moment, il ne répond même pas à sa mère et moi, je vais m'assoir et faire le thé.

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Le reste de la visite s'est passé avec un Mass en rogne contre moi et contre sa mère qui n'hésitait pas à nous le faire remarquer. Il m'en voulait d'avoir donné l'argent à sa mère et à sa mère de l'avoir accepté. S'il tient à ce fric, il n'a qu'à aller le récupérer. C'est sa mère, non ?

J'hésite à préparer le diner. Je doute que Mass rentre de sitôt. Il est allé raccompagner sa mère chez elle. Le diner sera juste pour moi et il y a assez à manger dans le frigo.

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A ma grande surprise Mass est rentré plus tôt que prévu. J'ai pas attendu avant de me rendre dans la cuisine et de lui préparer son diner. Je préfère passer des heures à la cuisine plutôt que de passer des heures à me demander où se trouve mon mari.

J'étais dans la cuisine mais mes oreilles étaient rivées dans le salon, rien que pour entendre le bruit de la télé. J'agissais avec la crainte que Mass change d'avis et décide de passer ailleurs son samedi soir en me laissant toute seule ici.

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Le diner étant presque fini, je vais prendre une douche pour me séparer de l'odeur et faire belle.

Je mets l'assiette sur la table mais je n'avais pas droit à un regard. Soit il était trop concentré sur la télé ou soit il n'avait aucune envie de s'attarder sur moi.

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Après avoir fini de diner, je décide de lancer la conversation. Ça fait une semaine que nous avons pas entretenu une relation de couple normale. Je ne sais pas ce qu'il va faire, comment il va réagir mais je sais juste que je peux pas continuer comme ça. J'ai merdé mais lui aussi n'a-t-il pas merdé ? Sa réaction n'a-t-elle pas été excessive.

Peut-être que je mets mes pieds dans le plat mais je vais le faire.

-Mass, pouvons-nous parler comme deux adultes responsables ?