Chapitre 9 Chapitre 9 La Rupture

"Ethan, tromper te donne-t-il vraiment ce genre de frisson ?"

Le sourire d'Ethan se figea. En quelques secondes, il passa du rouge au pâle. Anna le regardait comme s'il n'était qu'un étranger, et non l'homme avec qui elle sortait depuis plus d'un an. Le voir se tortiller ainsi était étrangement satisfaisant.

Ce genre de type valait-il vraiment la peine d'être gardé ?

"Anna, de quoi tu parles ? Je ne comprends vraiment pas."

La sueur commençait à perler sur le front d'Ethan, mais il continuait à faire semblant, comme si de rien n'était.

Anna ne se donna même plus la peine de prétendre. Elle sortit son téléphone, trouva rapidement la photo et la mit juste sous son nez.

On y voyait clair comme de l'eau de roche. Deux corps emmêlés sur un immense lit à eau. Pas besoin d'être détective - ses traits étaient parfaitement reconnaissables.

Un lourd silence s'installa entre eux, presque suffocant.

Anna releva légèrement le menton, sa voix était calme et limpide : "Ethan, je ne vais pas pleurer, je ne vais pas faire de scène, et je ne demande pas de compensation. Finissons-en simplement ici, on se quitte."

Une fois les mots prononcés, elle poussa un léger soupir. Plus d'un an ensemble, et ça se terminait ainsi. Ça faisait mal, c'est sûr.

Mais à voir la réaction d'Anna, Ethan sembla paniquer davantage. Son visage s'assombrit. Profitant d'un moment d'inattention d'Anna, il lui arracha brusquement son téléphone des mains pour le fracasser au sol.

"Boum !"

Son élégant téléphone blanc vola en éclats, réduits en morceaux si minuscules qu'on n'aurait jamais deviné ce que c'était avant.

"Mon téléphone !" cria Anna, le cœur lourd. Elle se précipita, se baissa et examina les morceaux brisés. Impossible de le réparer.

Bouillonnante de colère, elle se retourna brusquement et fixa Ethan.

"Ethan, t'es complètement cinglé ? Pourquoi diable as-tu éclaté mon téléphone ?!"

"Je te le rembourserai, pas de souci. Mais rompre ? Pas question," rétorqua Ethan sans même ciller.

Anna poussa un rire méprisant et se releva. "Très bien. Ce téléphone ? Je l'ai acheté il y a des années pour un peu plus de quatre cents euros. On a traversé beaucoup ensemble, lui et moi. Et en plus, avec l'inflation. on va être généreux - prix d'ami. Disons quatre mille euros."

Puisqu'il était si désireux de payer, elle n'était pas du genre à faire des histoires - autant lui en donner l'occasion.

Ethan ne prit visiblement pas au sérieux son tarif exorbitant et se contenta de rire comme si de rien n'était.

Avec un sourire presque attendri, il répondit : "Content que tu aies compris. Ne fais pas une scène et ne parle plus de rupture. Tout ce que tu veux, je l'achète pour toi."

Compris quoi ? Avait-elle jamais dit qu'elle ne rompait pas ?

Anna le regarda comme s'il parlait une autre langue. Sérieusement ? Elle lui avait bien montré la photo. Comment être plus explicite ?

"Ethan, je parle sérieusement de rompre aujourd'hui. Si tu as un tant soit peu de dignité, fais ça vite. Ne me force pas à te mépriser."

"Oh, et fais-moi un virement. Pas besoin de continuer à te regarder en face," conclut-elle en murmurant, dévisageant son expression déformée comme une chose répugnante.

"Tu romps avec moi juste parce que j'ai couché avec quelqu'un d'autre ?" demanda-t-il, s'approchant d'elle. Son visage exaspérément séduisant affichait un semblant de frustration feinte.

"Anna, allez, je suis un mec. Ça fait tout ce temps qu'on sort ensemble et tu ne m'as jamais laissé faire plus que te tenir la main. Il fallait bien que je me défoule quelque part. Si tu n'étais pas si coincée, est-ce que je serais allé voir ailleurs ?"

"Argh !"

Le dernier mot à peine prononcé se transforma en un hurlement de douleur qui résonna sur tout le campus. Anna déplaça nonchalamment son pied, soulevant son petit soulier en cuir de sur les chaussures fraîchement cirées d'Ethan, tout en affichant un sourire sucré et faux. "Oups, désolée ! Ça a glissé."

"...!"

Le visage séduisant d'Ethan se déforma comme s'il avait mordu dans un citron. Il serra les dents pour sauver les apparences, inspirant profondément malgré la douleur.

"Qu'est-ce que t'as à la bouche ?" demanda-t-il soudainement.

Anna, encore un peu incrédule de s'être un jour intéressée à un tel goujat, savourait néanmoins ce petit triomphe. Mais sa remarque inattendue la ramena à la réalité.

"Hein ?"

Sa bouche ? Y avait-il quelque chose qui clochait ?

Elle toucha ses lèvres, sans rien détecter d'anormal. Probablement une tentative d'Ethan pour détourner le sujet.

Et ainsi, son dégoût pour lui s'intensifia - il ne valait pas la peine de gaspiller une seconde de plus avec lui.