Notre histoire avait commencé il y a trois ans, dans des circonstances bien différentes. Gabriel, le PDG charismatique de Cottin Héritage, un empire du luxe, s'était retrouvé dans une situation désespérée. Son entreprise, la fierté de sa famille, était au bord de la faillite.
Un jour, une bataille féroce avait éclaté entre son entreprise et un concurrent. Gabriel avait été grièvement blessé.
Ma famille, les Marceau, avait toujours été une puissance discrète dans le monde des affaires. Nous avions des ressources, des connexions. Nous l'avons trouvé, blessé, presque mourant, et nous l'avons ramené chez nous. Nous l'avons soigné, jour et nuit.
C'est moi qui me suis occupée de lui. J'ai veillé sur lui, lui ai donné ses médicaments, ai écouté ses murmures fiévreux. Lentement, insidieusement, je suis tombée amoureuse de lui. Sa force, même dans la faiblesse, son regard intense, son charisme indéniable. Je savais que c'était mal, qu'il y avait une autre femme dans sa vie, mais mon cœur n'écoutait pas la raison.
Quand il a été sur le point de partir, ma famille a organisé un dîner d'adieu. L'ambiance était douce, presque féerique. Je me souviens de l'alcool qui coulait à flots, des rires.
Et puis, il y a eu ce moment. Nos regards se sont croisés. L'alcool, l'émotion. Nous nous sommes retrouvés dans la chambre d'amis. Mes mains tremblaient quand il m'a touchée.
Au plus fort de notre étreinte, il a murmuré un nom.
Léa.
Mon cœur s'est brisé en mille morceaux. J'ai su alors. Il portait quelqu'un d'autre dans son cœur.
J'aurais dû m'arrêter. J'aurais dû le repousser. Mais j'étais jeune, naïve, désespérément amoureuse. J'ai continué.
Je n'avais jamais eu l'intention de briser quoi que ce soit. Je voulais juste un instant, un seul, pour sentir que j'étais aimée par lui.
Le lendemain matin, Léa est apparue. Comme un fantôme du passé. Elle a dit qu'elle était l'amour de Gabriel, qu'elle était sa fiancée. J'ai eu si honte.
Puis, elle a fait une proposition à ma famille. Une somme d'argent exorbitante pour qu'elle disparaisse pour de bon. Qu'elle le laisse reconstruire sa vie.
Ma famille, soucieuse de mon bonheur et de l'avenir de Cottin Héritage, a accepté. Ils ont payé Léa. Ils ont ensuite utilisé leur influence pour forcer Gabriel à m'épouser, en échange de leur aide pour sauver son entreprise.
Et moi, aveuglée par mon amour, j'ai accepté ce mariage arrangé. Je l'ai épousé. J'ai cru qu'avec le temps, il apprendrait à m'aimer.
Mais ce n'était pas le cas.
Gabriel a toujours cru que je l'avais utilisé. Que j'avais profité de son ivresse cette nuit-là. Que j'avais orchestré le départ de Léa. Que ma famille l'avait menacé de ruiner son entreprise s'il ne m'épousait pas.
Le soir de nos noces, son regard était rempli de haine.
« Tu vas regretter ça, Éline. Je te ferai payer chaque jour de ma vie. »
Et il a tenu parole.
Pendant trois ans, j'ai vécu dans une prison dorée, un mariage sans amour. Il n'y avait que du mépris dans ses yeux pour moi. J'ai essayé de lui expliquer, mais il ne m'a jamais écoutée. Ses yeux se sont toujours refermés dès que j'ouvrais la bouche.
Alors j'ai abandonné. J'ai mis toute mon énergie dans la fondation philanthropique de Cottin Héritage. J'ai travaillé sans relâche, aidant les communautés, construisant des écoles, des hôpitaux. Je me suis attachée à ces personnes, à cette mission.
Axel, le jeune frère de Gabriel, était mon plus grand soutien. Il a vu ma passion, mon dévouement. Il a travaillé à mes côtés, partageant ma vision. Il est devenu mon confident, mon ami.
« Tu es incroyable, Éline, » me disait-il souvent. « Les gens devraient voir ce que tu fais. »
Il savait comment Gabriel me traitait. Il se sentait si coupable, si en colère contre son frère.
« Un jour, il ouvrira les yeux, » me promettait-il. « Il verra la femme merveilleuse que tu es. »
J'ai toujours répondu avec un sourire triste. « Peut-être, Axel. Mais je ne suis pas sûre d'être encore là pour le voir. »
Le médecin est entré, interrompant mes pensées.
« Nous avons contacté des laboratoires du monde entier, Madame Marceau. Nous cherchons un antidote, une solution. Ne perdez pas espoir. »
J'ai hoché la tête, reconnaissante pour sa gentillesse.
« Mangez bien, Madame Marceau. C'est important. »
Axel, qui avait tout écouté, s'est tourné vers moi.
« Je vais te chercher à manger. Qu'est-ce que tu veux ? »
« N'importe quoi, Axel. Merci. »
Il m'a serré la main. « Tout va bien se passer, Éline. Je suis là. »
Quelques minutes plus tard, il est revenu avec un plateau repas. J'ai mangé un peu, juste pour lui faire plaisir.
Mon téléphone a sonné. Gabriel.
Axel m'a regardée. « Mets le haut-parleur. »
J'ai obtempéré.
« Éline, je veux que tu quittes la villa aujourd'hui. Léa emménage. »
Sa voix était sèche, sans la moindre trace d'émotion.
Mon cœur, déjà brisé, a saigné un peu plus.