Meurtres sous haute couture
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Chapitre 2 Chapitre 2

A trois blocs de Greene Street, elle saisit sa chance et se glissa dans une place de stationnement. Elle finit par trouver au fond de la poche de son jean les quelques crédits qu'un parcmètre d'un autre âge exigeait d'une voix débile. Elle en mit pour deux heures.

Si ça durait plus que cela, elle serait bonne pour la tranq-chambre et une contravention serait le dernier de ses soucis.

Respirant un bon coup, elle détailla les environs. Elle ne venait pas souvent dans ce quartier. Les meurtres arrivaient partout mais, à Soho, les jeunes et les artistes réglaient en général leurs différends autour d'un verre de mauvais vin ou d'une tasse de café.

Elle dut se délester de quelques pièces supplémentaires au bénéfice d'un membre de la Secte Pure qui la contemplait avec une adoration consternante tout en agitant sa tête rasée et sa robe d'un blanc malheureusement souillé par la crasse de la rue.

– Pur amour, chanta-t-il. Pure joie.

– C'est ça, murmura Eve en s'esquivant.

L'atelier de Marco , le futur créateur à la mode, se trouvait au troisième étage, mais la vitrine qui exposait ses œuvres à la vue des passants la fi déglutir nerveusement. Elle n'avait jamais vu autant de couleurs et de formes différentes réunies dans un si petit espace. Eve aimait les vêtements simples ternes, disait Nora.

Du coin de l'œil, elle aperçut une combinaison en latex, plumes et perles qu'elle n'osa pas regarder franchement. Même si Adrien , en la voyant là- dedans, risquait fort d'avoir une attaque, elle refusait de se marier dans du latex phosphorescent.

Et ce n'était pas le pire, loin de là ! Marco , visiblement, n'était pas un adepte de la discrétion. Au centre de la vitrine, un mannequin sans visage et plus pâle qu'un linceul était drapé dans une multitude d'écharpes transparentes qui frissonnaient de telle façon que le tissu semblait vivant.

Fascinée, Eve eut l'impression de le sentir onduler sur sa peau. Oh ! Oh ! Pas question. Ni maintenant ni jamais.

Elle tourna les talons, prête à fuir, et se cogna à Nora. – Il est démoniaque.

Nora glissa un bras amical et implacable autour de la taille d'Eve tout en s'extasiant devant les modèles.

– Écoute, Nora...

– Il est incroyablement créatif. Je l'ai vu trouver des trucs sur son écran.

C'est fou.

– Oui, fou, c'est le mot. Justement, je...

– Il comprend véritablement les gens de l'intérieur, poursuivit Nora qui connaissait bien son amie.

Elle savait qu'Eve était prête à détaler à toutes jambes. Nora Freestone, mince comme un trait de lumière dans sa combinaison blanc et or et ses plates-formes à air de douze centimètres, rejeta en arrière quelques mèches blanches et noires de sa chevelure bouclée et jaugea son amie. Elle gloussa.

– Il va faire de toi la mariée la plus branchée de New York. Eve plissa les paupières.

– Nora, je veux simplement un truc dans lequel je n'aie pas l'air d'une gourde.

Nora rayonnait. Le tout nouveau cœur ailé tatoué sur son bras nu frémit quand elle porta la main à son sein gauche.

– Veyron, fais-moi confiance.

– Non. Je vais commander sur mon ordinateur.

– Faudra me tuer d'abord, marmonna Nora en la traînant vers la porte de l'immeuble. Tu peux au moins jeter un coup d'œil, lui parler. Lui donner une chance. (Elle avança la lèvre inférieure, une arme formidable quand elle était peinte en magenta.) Ne sois pas aussi coincée, Veyron.

– Ben, maintenant que je suis là...

– Grisée par sa victoire, Nora bondit jusqu'à l'antique caméra de sécurité.

– Nora Delcourtet Eve Veyron, pour Marco .

La porte extérieure s'ouvrit dans un grincement de château hanté. Nora se dirigea vers l'ascenseur, un engin antédiluvien qui fonctionnait encore

avec un câble.

– C'est vraiment rétro ! s'émerveilla-t-elle. Marco voudra certainement rester ici une fois célèbre. Tu comprends, c'est un artiste, il est un peu excentrique.

– Mmouais, marmonna Eve en fermant les yeux pour réciter ses prières tandis que l'ascenseur s'ébranlait péniblement.

Elle se jura de prendre l'escalier pour redescendre.

– Garde l'esprit ouvert, ordonna Nora, et laisse Marco s'occuper de toi. Chéri !

Elle se coula d'un mouvement fluide hors de la cabine exiguë forçant l'admiration d'Eve.

– Nora, ma colombe !

La stupeur cloua Eve sur place. L'artiste mesurait près de deux mètres et était bâti comme un maxibus. D'énormes biceps ondoyants émergeaient d'une robe sans manches dont le coloris aveuglait aussi sûrement qu'un coucher de soleil martien. Il avait une face de lune. Sa peau cuivrée, sur ses pommettes anguleuses, était aussi tendue que celle d'un tambour. Une petite pierre étincelait au coin de ses lèvres souriantes et ses yeux brillaient comme des pièces d'or.

Soulevant Nora de terre, il lui fit décrire un tour complet dans les airs d'un mouvement étonnamment gracieux. Puis il lui donna un long baiser fougueux qui fit comprendre à Eve que ces deux-là ne partageaient pas seulement un même intérêt pour les arts et la mode.

– Marco ...

Avec un air complètement idiot, Nora enfonça ses ongles dorés dans les longues boucles de son amant.

– Ma poupée d'amour.

Eve leva les yeux au ciel. C'était reparti, et pour de bon : Nora était de nouveau amoureuse.

– Cette coiffure, quelle merveille !

Les doigts de Marco , chacun de la taille d'une saucisse, couraient amoureusement dans la tignasse bicolore de Nora.

– J'espérais que tu aimerais. Voici... (Elle marqua une pause théâtrale, comme si elle allait présenter la lauréate des oscars)... Veyron.

– Ah oui, la mariée ! Ravi de vous rencontrer, lieutenant Veyron. (Il lui tendit la main.) Nora m'a beaucoup parlé de vous.

Eve fusilla son amie du regard.

– Ah oui ? Elle s'est en revanche montrée très discrète à votre sujet.

Il éclata d'un rire tonitruant, auquel elle répondit par un sourire crispé.

– Ma colombe d'amour sait parfois tenir sa langue. Des rafraîchissements ? demanda-t-il avant de pivoter dans un nuage de couleurs avec une légèreté inattendue.

– Il est sensationnel, n'est-ce pas ? Chuchota Nora en battant des paupières.

– Tu couches avec lui.

– Tu n'as pas idée à quel point il est... créatif. A quel point il... (Nora poussa un profond soupir, se tapota la poitrine.) Au lit, ce type est un artiste.

– Stop ! Plus un mot. Je ne veux rien savoir.

Sourcils froncés, Eve examina la pièce. Une débauche d'étoffes : des arcs-en-ciel fuchsia, des cascades ébène, des lacs de moire jaune-vert coulaient du plafond, sur les murs, les tables, les accoudoirs des fauteuils.

– Doux Jésus ! fut son premier commentaire.

Des boîtes de rubans et de ganses, de boutons s'empilaient dans tous les coins. Des larges ceintures à nœuds, des chapeaux et des voilettes voisinaient avec des tenues en tissu chatoyant et des corselets piqués de clous décoratifs.

Quant à l'odeur, elle évoquait à la fois une serre de fleurs exotiques et une manufacture d'encens.

Eve se retourna, la mine défaite.

– Nora, je t'aime. Je ne te l'ai peut-être jamais dit, mais c'est vrai. Au revoir.

Nora la saisit par le bras. Pour une femme aussi petite, elle avait une force surprenante.

– Détends-toi, Veyron. Respire. Je te garantis que Marco va s'occuper de toi.

– C'est bien ce qui me fait peur.

– Thé au citron glacé, annonça Marco en franchissant un rideau de rayonne avec un plateau et des verres. Je vous en prie, asseyez-vous. D'abord, nous allons nous détendre, apprendre à mieux nous connaître.

Les yeux sur la porte, Eve posa un quart de fesse sur une chaise.

            
            

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