Elle jeta la serviette qui lui servait d'essuie-arme et le regarda sans le voir. Pourtant elle commença à parler comme si elle se demandait si elle avait fait le bon choix.
Scène: L'image change de Tcharly adulte à une Tcharly plus jeune qui courait pieds nus sous une pluie ensoleillée.
-Quand j'étais plus jeunes je me souciais de rien. Mes parents n'étaient pas riches, on vivait chez un oncle qui ne l'était pas non plus mais qui se débrouillait bien. Un soir un homme est venu à la maison, il voulait que j'aille avec lui mais mes parents n'étaient pas d'accord. Mon oncle l'a raccompagné à la porte sur l'insistance de mère à le voir loin de moi mais arrivé à la porte, il dit à mon oncle quelque chose à l'oreille et lui glissa un paquet entre les mains. Mon oncle parût embarrassé mais il le prit et le cacha derrière son manteau.
Scène: L'image se défile sur Tcharly observant la scène avec l'innocence juvénile. Et change à chaque fois qu'elle raconte quelque chose d'autre.
-Le soir même j'ai écouté toutes les portes se fermer avant de me glisser dans le placard qui contenait le porte-manteau mobile. J'ai trouvé le paquet et j'ai vu ce qui y était. J'étais perplexe mais aussi contente. Si mon oncle avait autant, notre vie à tous changerait de pôle. Je le pensais, j'en ai même rêvé une vie meilleure avec des vacances sur la plage et un nouvel uniforme jusqu'à ce que l'incident du dîner, du dernier dîner...
Elle prit une pause. Eden sentit que cette partie était la plus douloureuse de ses souvenirs et ne dit mot afin de la laisser continuer sa route sur le chemin du retour de son passé. Elle se leva et lui tourna le dos. Eden saisit l'occasion pour tenter de se démarrer ou saisir l'un des outils non loin. Il n'y arriva pas. Soit elle fit semblant de ne rien remarquer soit elle n'a rien remarqué.
-Le soir venu, j'étais tellement excitée par cette image forgée dans mon esprit que j'ai merdé.
Scène: Tcharly, toujours plus jeune, assise sur une table avec trois autres personnes. Elle regardait l'un deux et souriait comme si elle était complice d'un secret gardé trop longtemps. Ce dernier lui rendait son regard mais plutôt perplexe et coupable.
-Qu'y a-t-il donc princesse à te faire autant baver de joie?
-Devrais-je le dire mon oncle!?-Dit-elle ignorant l'autre homme et parlant à celui qu'elle souriait.
-De quoi tu parles ma p'tite Lylú?
Se tournant vers la femme et le monsieur, elle pris l'air de quelqu'un qui avait une grande et bonne nouvelle à annoncer et déclara:
-"Oncle est hyper riche! On va avoir une nouvelle maison rien qu'à nous et des vacances sur la plage. Une jolie robe pour toi maman et un costume neuf pour oncle et toi papa."
-Et pour toi princesse ??
-Un nouvel uniforme et un nouveau pull.
Scène : Retour vers le présent. Tcharly avait toujours la face au mur et semblait revivre cette scène tant son visage se déformait peu à peu de douleur dont le temps n'a pu apaiser. Elle rit, un rire qui n'avait rien de joyeux, un rire froid. Presque ironique.
-Mon père était du genre à avoir de l'humour à revendre et ma mère trop féminine, son instinct maternel trop élevé je pensais pourtant j'ignorais pourquoi elle était ainsi avec moi. Je savais qu'elle et père se discutait assez souvent mais je n'ai jamais assisté à une scène pareille. J'avais hérité du don de ma mère en surplus en plus mais à cette époque je l'ignorais. Eden ne pût attendre plus longtemps.
-Que s'est-il passé ?
-Il y a eu une dispute et la maison a pris feu. Je suis la seule à avoir survécu. J'ignore comment c'est arrivé mais j'ai atterri directement chez le même monsieur qui voulait que je parte avec lui. J'ai rencontré d'autres gamins plus âgés ou moins, il y avait même un bébé. C'est là que ça devient marrant.
Scène: Tcharly adolescente apprenant le karaté et le judoka. Elle se batait contre d'autres jeunes et était parfois fouettée quand elle faisait une bêtise. Le soir elle lisait un livre emprunter en secret ou racontait à la petite qui grandissait le monde comme elle l'a connue avant l'incident.
Les rares fois qu'ils sortaient c'était pour chasser dans la forêt, leur "vieux père" comme ils appelaient leur maître leur enseignait que tuer un être pour sauver un autre être révélait d'une bonne action. Et quand Tcharly plus futée que les autres lui demanda pourquoi devraient-ils tuer, il lui répondit tout simplement en lui relevant le menton:
"Mange ou tu seras mangée; tue ou tu seras tuée ; oser jamais hésiter sinon par un faux ton cœur sera remplacé ".
-Cette phrase je ne l'ai pas oubliée et je ne pourrai jamais; c'était notre maxime, notre loi. On commençait par tuer des petits animaux sans défense puis il nous incita à défier des plus grands en nous disant d'utiliser nos dons. Un jour il nous envoya chasser un léopard que je me demande s'il n'avait pas relâché lui-même. Vingt sont partis et quinze sont rentrés les pieds fermes. On a dû chercher les cinq autres. On les a retrouvés près des falaises fantôme, ainsi nommée car on ne voyait pas le fond, deux d'entre eux étaient morts mais les trois autres souffraient le martyre.
Scène : Les ados courent et tombent sur les deux morts en premier lieu, ensuite l'un d'eux trouvent les blessés et appelle les autres. Ces derniers arrivent suivit du maître.
-Vieux père, il leur faut un médecin. Dit celui qui les a trouvés.
-Qui a tué l'animal??
-On l'a fait en équipe maître. Répondirent les gosses.
-Je veux savoir qui a donné le coup de grâce ! Vocifera-t-il.
Tcharly s'avança d'un pas mal assuré.
-Ce fût moi maître.
Il la regarda, elle était trempée du sang de l'animal et avait ses crocs entre ses doigts.
-Bien mon enfant. Maintenant tuez-les.
-Mais maître...
-Execution!
Elle ferma les yeux et acheva les trois autres restants. Elle tremblait, elle venait de tuer son premier être humain ou plutôt trois êtres humains. Le maître se tourna alors vers les autres qui étaient aussi fatigués que tristes.
-Que vous ai-je appris? Quelle est la loi qui gouverne votre vie??
Ils dirent à l'unisson:
-"Mange ou tu seras mangé; tue ou tu seras tué ; oser jamais hésiter sinon par un faux ton cœur sera remplacé ".
-Je n'entends rien ! Voulez-vous vous finir comme eux?
-Non maître-dirent-ils plus forts.
-Alors quelle est votre loi?
Ce fût le cri des âmes déchirées, de la peur et du courage qui lui répondit cette fois.
--"Mange ou tu seras mangé; tue ou tu seras tué ; oser jamais hésiter sinon par un faux ton cœur sera remplacé ".