Fiona n'a jamais gardé son côté enfantin que pour Alan.
Elle m'a toisée avec mépris : « Tu veux tout contrôler, on dirait sa mère. »
Puis elle m'a poussée dehors, ainsi que les cadeaux que je lui avais offerts.
Ses sanglots hystériques traversaient la porte.
Elle pleurnichait au téléphone, en train de se plaindre et de faire sa coquette avec Alan.
Philip m'a confié plus tard que Fiona était le point faible d'Alan.
Petite, elle refusait de suivre sa famille à l'étranger, alors Alan l'avait alors emmenée fuguer.
Au bout de trois jours, ses proches étaient venus la récupérer alors qu'elle pleurait.
Je l'ai questionné à ce sujet plus tard, il a souri, l'air coupable.
« Je ne faisais que jouer le jeu. Je n'allais tout de même pas vraiment disparaître. »
Il ne disait pas la vérité, mais je n'ai pas insisté sur le moment.
Alan venait d'une famille aisée et n'avait jamais eu à se battre pour réussir.
Ses parents lui avaient tracé un chemin tout fait ; il lui suffisait de ne pas en dévier.
Philip trouvait cela franchement agaçant.
« Il avait trop peur des reproches de sa mère. Il l'a tenue au courant pendant ces trois jours. Seule Fiona croyait vraiment à une fugue. »
Alan n'a jamais été particulièrement courageux.
Ce que j'aimais justement chez lui, c'était son respect des règles, son sens des convenances.
Pendant qu'il me courtisait, il a toujours fait preuve de patience et d'attention.
Puis il a demandé ma main, nous nous sommes fiancés, puis mariés. Tout était conforme au plan.
Sans Fiona, il serait peut-être resté ainsi.
Mais Fiona a fini par réveiller son audace.
La première année, pour mon anniversaire, il était en déplacement.
J'ai attendu son message en vain. En fin de journée, je lui ai finalement demandé, le cœur serré : « Tu as oublié ? »
Il s'est excusé à plusieurs reprises au téléphone, visiblement embarrassé et il avait bel et bien oublié.
Mais la deuxième, la troisième, la quatrième année... Qui part systématiquement en voyage d'affaires un jour d'anniversaire ?
En suivant son profil en ligne, je suis rapidement tombée sur celui de Fiona.
En remontant chacune de ses publications, je me suis sentie le cœur se fendre, petit à petit.
Parc d'attractions, restaurant tournant, feux d'artifice sur la rive sud...
Tous les souhaits que j'avais formés, toutes les idées que j'avais glanées, avaient servi à offrir à sa chère Fiona des surprises d'anniversaire, encore et encore.
Quelle bassesse !