Aujourd'hui j'ai pris mes 21 ans alhamdulillah. Je remercie mon créateur de m'avoir ajouté encore une année de plus dans ma vie. Je reste assise sur mon tapis de prière et je pense à ma vie si mes parents étaient encore vivants. Eux au moins m'auraient donné tout l'amour et le réconfort qu'il faut pour m'aider à supporter ma laideur. Comme quoi tout ce que Dieu fait est bon. Je fais des invocations pour mes parents décédés et pour mon oncle et sa famille.
Je remercie Allah de m'avoir donné au moins un toît où vivre car certains orphelins se trouvent dans les rues entrain de vagabonder voire même commettre le haram contre leur gré. Je prie et je demande à mon Seigneur de m'accorder un bon époux pieux et qui m'aimera malgré ma laideur.
Une fois ma prière finie je retourne à la cuisine cuisiner le repas pour Ibrahim et Adama qui vont bientôt rentrer des cours ainsi que mon oncle. Ma tante est allée à un baptême et elle ne rentrera que le soir. Je leur prépare du thiebou djeune ( riz au poisson ). Ils arrivent tous les trois quelques minutes après.
Je vais au salon leur passer le Salam mais ya que Ibrahim qui me réponds. Adama et son père ne m'accorde tout pas un seul regard. Je retourne à la cuisine surveiller la marmite au feu c'est alors que mon oncle débarque.
- On a faim nous et toi tu n'as pas encore fini de préparer le repas. Tu faisais quoi pendant tout ce temps ? me dit-il l'air menaçant.
- Mais kaw ( oncle ) je lingeais tes vêtements sales que tu m'as remis ce matin c'est pour ça que....
- Hey nopil ( tais toi )! Qui t'as donné la parole ici? Tu veux pleurer? dit il en s'approchant dangereusement de moi.
Je recule sachant ce qui m'attends en faisant non de la tête les larmes me montant aux yeux. Mais il ne fait rien. Il se contente de me toiser et s'en aller en me lançant un juron.
Je soupire d'aise en remerciant le ciel. Une heure plus tard tout est prêt. Je leur sers à manger avant d'aller à mon tour dans la cuisine ou je mange seule. Je n'ai pas le droit de déjeuner avec eux et ils me l'ont formellement interdit. Dès qu'ils finissent je débarrasse, lave les assiettes sales et je vais chercher de l'eau à la pompe publique.
Il ya pleins de jeunes filles ici à cette heure. Certaines sont entrain de remplir leurs sceaux d'eau et d'autres entrain de se raconter les derniers ragots du quartier.
Quand j'arrive certaines d'entre elles me regardent avec dégoût et se chuchotent des paroles entre elles. Je n'y prête pas attention car je suis habituée à tout ça. Ma laideur ne laisse personne indifférent. Il faut toujours que les gens disent des choses sur moi. Les gens ont tendance à comparer cette dernière avec le fait que je serais un djinn ( esprit ) incarné en humain. Parfois ça me fait rire leurs propos. Mon tour arrive alors je rempli ma cuvette d'eau et la pose avec difficulté sur ma tête avant de m'en aller comme je suis arrivée.
Alors que je marche tranquillement un groupe de garçons passent à côté de moi. Je reconnais là des garçons du quartier y compris Malick.
Ce dernier me lance un regard charmeur qui me fait baisser les yeux en les remarques blessantes des autres garçons.
Contrairement à eux, Malick ne me regarde pas comme un objet de dégoût. A chaque fois que nos chemins se croisent il me sourit et continue son chemin. Jamais il ne m'a adressé la parole une seule fois. Il a l'air si bon et gentil en plus il est très beau chose qui ne laisse pas indifférentes les filles du quartier y compris moi malheureusement. Mais dommage qu'il traîne avec des garçons de mauvaises vies et qui ne passent leur temps qu'à fumer, commettre le haram avec les filles et se dire des insultes à longueur de journée.
Malick est le type même de jeune homme avec qui je rêve de me marier. Il est grand, beau et en plus sa famille est très riche. Mais je doute que ce rêve se réalise un jour car voyez vous les moches comme moi ne méritent rien du tout. C'est ce que m'ont toujours appris mon oncle et sa femme.
Je rentre à la maison pour terminer le reste de mes travaux avant d'aller vendre mes sachets d'eau sur la route.