La Fille que Personne n'Attendait
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Chapitre 1

Le goût métallique du sang emplissait ma bouche, et la douleur aiguë dans ma tête me ramenait à la réalité.

L'odeur de la poudre à canon flottait dans l'air, mélangée à celle, plus douce, du champagne renversé.

Je suffoquais.

Une écharpe en soie, celle que j'avais offerte à ma mère pour son anniversaire, se serrait autour de mon cou.

La main qui la tenait appartenait à mon frère, Robert.

Ses yeux, habituellement ternes, brillaient d'une haine folle.

« Cet honneur... il appartenait à Darlene. Toi, tu ne mérites rien. »

Sa voix était un murmure rauque, plein de satisfaction.

L'honneur dont il parlait était le prix du « Meilleur Champagne de l'Année » que je venais de remporter pour notre domaine familial, Fowler.

Et Darlene, sa précieuse Darlene, notre demi-sœur illégitime, avait disparu après avoir orchestré l'invasion de notre domaine par des gangsters.

Mon crime ? Avoir survécu et sauvé notre réputation.

Ma vision se brouillait, et la dernière image que j'ai vue était le sourire suffisant de Robert alors qu'il sortait une fausse lettre de suicide de sa poche.

Une lettre où je « confessais » mes crimes.

Puis, tout est devenu noir.

Un coup de feu assourdissant a déchiré le silence.

J'ai ouvert les yeux brusquement.

La panique, la douleur, la suffocation... tout avait disparu.

J'étais dans le grand hall du domaine Fowler. L'air était encore chargé de l'odeur de la fête, du champagne et des fleurs.

Mais le son des tirs et les cris au loin étaient bien réels.

Je n'étais pas morte.

J'étais revenue.

Revenue au moment exact où les gangsters avaient fait irruption dans le domaine.

C'était le soir du 21ème anniversaire de Darlene.

Pour lui plaire, mon frère Robert avait déplacé tous les gardes de sécurité vers notre château en banlieue pour un stupide feu d'artifice privé, laissant le domaine sans défense.

Dans ma vie précédente, j'avais perdu un temps précieux à essayer de l'appeler, à espérer qu'il revienne nous sauver.

Cette fois, je ne ferais pas la même erreur.

« Maman ! »

J'ai crié, mon cœur battant à tout rompre. Je me suis précipitée vers sa chambre.

Trop tard.

Comme dans mon souvenir, j'ai trouvé ma mère, Carole Fowler, effondrée sur le sol, une tache de sang s'étendant sur sa robe de soirée.

La même blessure. Le même cauchemar.

« Madame ! Mademoiselle Juliette ! »

Marie, notre vieille servante, se tenait près d'elle, tremblante mais essayant de la protéger.

« Marie, aide-moi ! On l'emmène à la cave ! Vite ! »

J'ai ignoré la douleur dans mon cœur et j'ai agi. Nous avons soulevé ma mère, dont le corps était affreusement lourd et inerte.

La cave à vin souterraine était notre seule forteresse. Les murs étaient épais, la porte en acier massif.

Nous avons réussi à nous y réfugier avec quelques employés loyaux. J'ai tourné la lourde clé dans la serrure, le cliquetis métallique sonnant comme une petite victoire.

Ma mère respirait à peine. Son visage était pâle.

Je ne pouvais pas attendre ici. Je ne pouvais pas compter sur Robert.

Je savais ce que je devais faire. C'était le dernier recours que mon père m'avait confié avant sa mort.

« Marie, écoute-moi attentivement. »

Je l'ai regardée droit dans les yeux.

« Prends ce briquet. Va à l'ancien entrepôt, celui où nous stockons les vieux fûts et les caisses. Mets-y le feu. »

Marie a écarquillé les yeux, choquée.

« Mais, Mademoiselle... »

« Fais-le ! Il nous faut une diversion. Un grand incendie. Assez grand pour que tout Paris le voie. Pendant ce temps, je sors la voiture. Je dois emmener ma mère au quartier général du GIGN. »

Le GIGN. Le Groupe d'Intervention de la Gendarmerie Nationale. Notre dernière carte.

Marie a compris l'urgence. Elle a hoché la tête, le visage crispé par la détermination.

« Je le fais, Mademoiselle. Faites attention. »

Pendant qu'elle partait, j'ai pris une profonde inspiration. Cette fois, je ne serais pas la victime. Je sauverais ma mère.

Et je ferais payer tous ceux qui nous ont trahies.

            
            

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