Les Tisseuses d'Âmes : Un Sang Corrompu
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Chapitre 1

Dans mon village provençal, on raconte l'histoire des "Tisseuses d'Âmes".

On dit qu'elles peuvent tisser des tapisseries avec les cheveux de ceux qui vont bientôt mourir.

Ces tapisseries capturent l'essence d'une vie, apaisent les esprits et apportent la paix.

Une légende. Une belle histoire pour endormir les enfants.

Pourtant, la vérité est bien plus simple et bien plus sombre.

Nous, les Tisseuses, nous ne prenons pas les cheveux des innocents.

Nous prenons ceux des âmes corrompues, des pourritures dont le monde se porterait mieux sans.

C'est un service. Un nettoyage.

Mon beau-père, Robert Scott, est le suivant sur ma liste.

Il a "acheté" une nouvelle femme.

Madame Dixon, la marieuse du village, la lui a amenée ce matin.

Elle est arrivée dans une vieille voiture qui sentait la poussière et le renfermé.

Robert l'a accueillie avec un grand sourire, ses yeux brillant de cupidité.

Il l'a à peine regardée, il ne voyait que ses cheveux.

Des cheveux d'un blond si pâle qu'ils semblaient presque blancs, tombant en cascade jusqu'à sa taille.

"Ce sont les cheveux de la chance, Robert. Tisse-les selon le rituel et ton vignoble renaîtra", lui avait promis Madame Dixon.

Madame Dixon est une femme pragmatique. Elle a eu une liaison avec Robert il y a des années, une histoire sordide qu'elle a terminée quand il a perdu son dernier sou.

Elle sait qu'il est avare et violent, mais l'argent n'a pas d'odeur.

Elle m'a jeté un regard en coin, un mélange de pitié et de mépris.

"Juliette, ma chérie, sois gentille avec la nouvelle venue."

Sa voix était mielleuse, fausse.

Je l'ai regardée sans rien dire, mon visage figé dans le masque de la fille soumise que je portais depuis des années.

Robert a payé Madame Dixon avec une liasse de billets froissés.

Puis, il s'est tourné vers la jeune femme.

"Tu t'appelles comment ?"

"Cara", a-t-elle murmuré, la tête baissée.

Je l'ai observée. Elle semblait fragile, un agneau mené à l'abattoir. C'était le plan. C'était ce que Robert devait voir.

Mais moi, j'ai vu autre chose.

Dans le folklore des Tisseuses, on dit que les cheveux des innocents sont doux comme de la soie.

Ceux des corrompus sont rêches, cassants.

Les cheveux de Cara brillaient d'une lumière étrange, presque surnaturelle.

Ce n'était pas la chevelure d'une victime.

C'était celle d'un prédateur.

            
            

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