Le Caviste Était le PDG
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Chapitre 1

Le téléphone a sonné, brisant le silence de ma petite boutique de vin. C'était l'école de mon fils, Léo.

Une voix froide et mécanique m'a informé : « Monsieur, votre fils Léo a été impliqué dans une bagarre. Veuillez venir immédiatement. »

J'ai senti mon cœur se serrer. J'ai attrapé ma veste et j'ai couru hors de la boutique, laissant un client surpris au milieu de sa phrase.

Pendant que je courais vers l'école, mon téléphone a de nouveau vibré. C'était Léo. Sa voix était brisée par les sanglots.

« Papa... »

« Léo, qu'est-ce qui s'est passé ? J'arrive tout de suite. »

« Maxime... il m'a frappé. Il a dit que tu étais un gigolo... et que j'étais un bâtard... »

Sa voix s'est étranglée.

« Il a dit que je volais sa mère... parce qu'il a vu une photo de nous trois ensemble... Maman, toi et moi. »

La photo. C'était lors d'un événement caritatif pour le groupe Beaumont Prestige il y a quelques mois. Camille avait insisté pour que je vienne, pour « l'image de la famille ». Je détestais ces événements, mais pour Léo, j'avais accepté.

Ma colère a commencé à monter, froide et dure. Un gigolo. Un bâtard. Ces mots résonnaient dans ma tête.

J'ai accéléré, le bruit de mes pas martelant le trottoir parisien.

J'ai déboulé dans le couloir de l'école. Au loin, j'ai entendu une voix de femme, aiguë et agaçée.

« Léo, regarde-moi quand je te parle ! C'est toi qui as commencé, n'est-ce pas ? »

J'ai vu la scène. Mon fils, le visage couvert de bleus, le nez en sang, se tenait la tête basse. En face de lui, un autre garçon, Maxime, le regardait avec un sourire suffisant, sans une égratignure.

À côté d'eux se tenait leur professeure, Mme Dubois.

J'ai poussé la porte du bureau avec une telle force qu'elle a heurté le mur dans un bruit sourd.

Tous les regards se sont tournés vers moi.

Mme Dubois m'a fusillé du regard. « Monsieur ! Un peu de tenue ! Vous voyez bien que nous sommes occupés. »

Elle a pointé un doigt accusateur vers Léo.

« Votre fils a un comportement inacceptable. Il a provoqué Maxime. Il faut vraiment revoir son éducation. »

Mon regard est resté fixé sur le visage de mon fils. Ses yeux étaient rouges, ses lèvres tremblaient. La colère m'a envahi.

« Mon fils a provoqué ? Regardez son visage. Regardez l'autre garçon. Qui a provoqué qui ? »

Mon regard s'est alors posé sur le poignet de Mme Dubois. Elle portait une montre en or rose, un modèle de luxe. Une montre de la dernière collection de Beaumont Prestige. Un cadeau réservé aux cadres supérieurs.

Mes soupçons ont commencé à naître.

Léo a finalement levé la tête, ses yeux pleins de larmes et de rage.

« C'est lui qui a commencé ! Il a montré la photo à tout le monde et a dit que mon père était un gigolo qui couchait avec sa mère ! »

J'ai regardé Mme Dubois. « Vous avez entendu ? C'est ça que vous appelez une provocation de la part de mon fils ? Vous êtes censée être une éducatrice. »

Elle a haussé les épaules avec mépris.

« Des mots d'enfants. Votre fils doit apprendre à ne pas réagir de manière aussi violente. D'ailleurs, je vais devoir vous demander de présenter des excuses. »

« Des excuses ? » ai-je répété, incrédule. « Je vais plutôt porter plainte. Contre ce garçon, et contre l'école pour négligence. »

Mme Dubois a ri. Un rire arrogant. « Porter plainte ? Contre qui ? Contre la famille de Maxime ? Vous n'avez aucune idée de qui ils sont. »

Au même moment, la porte s'est ouverte à nouveau. Un homme grand et corpulent est entré, un sourire suffisant aux lèvres. Il portait un costume cher et mal coupé.

« Ah, te voilà, papa ! » a crié Maxime en courant vers lui.

L'homme a posé une main protectrice sur l'épaule de son fils, puis m'a regardé de haut en bas.

« C'est vous le père ? » a-t-il demandé, son ton plein de dédain. « Je suis Frédéric. Le père de Maxime. »

Il s'est tourné vers Mme Dubois. « Alors, ce... gigolo a encore des choses à dire ? »

Mme Dubois a immédiatement changé d'attitude, devenant soumise et respectueuse. « Monsieur Frédéric, ne vous inquiétez pas. Je gère la situation. Ce père refuse de comprendre et menace de porter plainte. »

Frédéric a éclaté de rire. « Porter plainte ? Contre moi ? »

Il s'est approché de moi, son visage à quelques centimètres du mien.

« Écoutez-moi bien, petit vendeur de vin. Je suis un cadre supérieur du groupe Beaumont Prestige. Vous savez ce que ça veut dire ? Ça veut dire que j'ai le pouvoir de vous écraser. Si vous osez porter plainte, je ferai en sorte que votre fils soit renvoyé de toutes les bonnes écoles de Paris. Compris ? »

Il a ajouté, en regardant la directrice qui venait d'entrer : « D'ailleurs, 'mon' entreprise va faire un don très généreux à l'école. J'espère que vous saurez prendre la bonne décision. »

La directrice a hoché la tête avec empressement.

Cadre supérieur de Beaumont Prestige ? Cet homme ? J'ai failli rire. Je connaissais tous mes cadres. Cet homme n'était qu'un fournisseur. Un fournisseur de bouchons en liège.

Il m'a poussé l'épaule. « Alors ? Tu vas t'excuser, ou je dois te forcer ? »

J'ai regardé les bleus sur le visage de Léo. J'ai vu le sourire triomphant de Maxime. J'ai vu l'arrogance de cet homme.

Ma patience a atteint sa limite.

J'ai serré le poing et je l'ai frappé. Directement au visage.

Le bruit de l'impact a résonné dans la pièce. Frédéric s'est effondré sur le sol, le nez en sang, complètement sonné.

« Toi... » a-t-il balbutié, humilié. « Tu as osé me frapper ? »

Il a sorti son téléphone. « J'appelle Camille ! Elle va te détruire ! »

Camille. Mon ex-femme.

Pendant qu'il passait son appel, j'ai pris Léo par la main.

« On s'en va. »

Je l'ai emmené directement à l'hôpital pour faire constater ses blessures par un médecin légiste. Puis, j'ai appelé mon avocat personnel.

« Allô, Pierre ? J'ai un problème. »

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