Chapitre 5

Je l'ai regardé dans les yeux.

« Laisse-moi voir mon père. Juste cinq minutes. C'est mon vœu. »

Son visage est resté de marbre.

« Non. »

Le mot était sec, final.

« La promesse ? C'était un mensonge aussi ? »

« Oui. Tout était un mensonge, Amélie. Chaque baiser, chaque mot doux. C'était pour m'approcher de ton père. Tu n'étais qu'un moyen. »

Il l'a dit sans ciller. Sans une once d'émotion.

« Je ne t'ai jamais aimée. »

La cruauté de ses mots m'a laissée sans voix. J'ai senti les larmes monter.

« Tu sais ce qui me fait le plus mal, Léo ? C'est que je t'aurais aidé. Si tu m'avais dit la vérité sur mon père, si tu m'avais demandé mon aide, je l'aurais fait. Tu n'avais pas besoin de me briser le cœur pour ça. »

Ma voix était un murmure brisé.

Pour la première fois, une lueur a traversé son regard. Pas de la pitié. Quelque chose de plus sombre.

« Tu ne sais rien de ce monde, Amélie. Le réseau de ton père n'est pas un jeu. Ils torturent. Ils tuent. Il y a des années, une de nos agentes a infiltré son cercle. Elle a disparu. On n'a jamais retrouvé son corps. On suppose qu'ils l'ont dissoute dans l'acide. C'est ça, la réalité. Alors tes petits sentiments... »

Il n'a pas fini sa phrase. La porte s'est ouverte.

Une femme est entrée. Elle était belle, brune, avec un regard assuré. Elle a posé une main sur l'épaule de Léo.

« Léo, on y va ? »

Elle l'a regardé avec une tendresse évidente. Léo a hoché la tête.

Dehors, il pleuvait à verse. Elle a ouvert un parapluie et l'a tenu au-dessus de sa tête, se blottissant contre lui.

Ils sont partis ensemble, me laissant seule dans le couloir froid, le cœur en miettes.