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Rosa
Épisode 3
******* Rosa******
J'ai supplié en vain ma tante de nous laisser vivre chez elle, mais c'était en vain. Elle est restée catégorique dans sa décision. Cette nuit, je n'ai pas pu fermer l'œil. Je redoute ce qui nous attend demain lorsque ma tante nous ramènera à la maison. Je crains de vivre le pire moment de ma vie. Seigneur, je te demande ta grâce. Pourquoi sembles-tu nous avoir abandonnés ? J'ai besoin de toi mon Dieu. Viens à mon aide. J'ai passé toute la nuit à prier. Je n'arrive pas à dormir, je veille sur ma sœur qui dort paisiblement. Je suis inquite pour elle, mais je garde confiance. Le Dieu des orphelins, le Dieu unique, le Dieu vivant veillera sur nous et ne nous abandonnera pas.
Je n'ai pas pu dormir avant le petit matin. Je me lève tôt pour accomplir les tâches ménagères. Ma tante nous prépare à manger avant notre départ. Mon père est en train de partir quand nous arrivons. Il n'est pas surpris de nous voir en compagnie de notre tante.
__ Je le savais, je savais que vous étiez sûrement chez Viviane. Toi Rosa, tu joues avec ma patience. Tu quittes la maison sans prévenir. Qu'est-ce qui te prend même?
Je baisse la tête pour ne pas croiser le regard de mon père qui me gronde. Je savais déjà ce qui m'attendait. Ma tante s'approche de mon père.
__ Calme-toi Victor, elles sont juste venues me rendre visite.
__ Te rendre visite dans une nuit profonde sans même demander la permission?
__ Désolée, tu as raison, mais toi et moi, il faut qu'on parle. J'ai beaucoup de choses à te dire.
Ma tante prend la main de mon père et les deux s'en vont. Ils ont parlé pendant au moins 30 minutes loin de nous avant de revenir.
__ Viens Rosa, dit ma tante avant de me prendre mon sac. Je l'ai suivie jusqu'au seuil de la porte. Elle dépose mon sac à la porte.
__ Écoute-moi, j'ai déjà parlé avec ton père. Il ne va plus vous fouetter, je passerai de temps en temps pour voir comment vous allez. Tu dois aussi obéir à ta mère. Ne l'insulte plus.
__ Ma tante, je n'ai jamais insulté cette femme. Elle ment.
__ Rosa, elle est ta mère, c'est la femme de ton père donc elle est également ta mère et elle a le droit de te commander. Il faut obéir afin que la paix règne dans ce foyer.
__ J'ai compris, ma tante, merci beaucoup pour les conseils.
__ De rien, ma fille, prends soin de ta sœur.
__ Je le ferai, ma tante.
Avant de partir, elle m'a remis un billet de 1000f.
__ Tiens ça, et partage avec ta sœur.
__ Merci ma tante. Je vous accompagne au portail.
__ Non, ne te dérange pas, rentre à la maison. Moi je vais partir.
__ D'accord ma tante.
Après le départ de ma tante, nous sommes rentrés à l'intérieur. En saluant ma mère, je l'ai vue me regarder de la tête aux pieds avant de me tourner le dos. J'ai déposé mon sac et je me suis mis au travail. J'ai nettoyé et cuisiné pour la famille comme d'habitude.
Le soir, à l'arrivée de mon père, je me suis rendue dans sa chambre pour lui parler. Je veux comprendre pourquoi il ne nous aime pas. J'ai de nombreuses questions à lui poser. Frappant à la porte, il m'a donné la permission d'entrer.
__ Entre .
__ Bonsoir papa
__ Parle.
Il m'est difficile de me rappeler ce que je voulais lui dire, tant sa réponse m'a perturbé. Je me retrouve à chercher mes mots, à me gratter la tête, alors que mes idées s'échappent progressivement.
__ Rosa, parle ou tu sors de ma chambre.
__ Désolé papa.
__ Dégage, j'ai dit.
Je sors de sa chambre et je croise ma mère dans le couloir.
__ Qu'est-ce que tu es allé chercher dans ma chambre, Rosa?
__ Rien du tout maman, je suis juste allé parler avec mon père.
__ Yinyinyin, et de quoi vous avez parlé?
__ Rien d'important.
__ J'espère vraiment que tu ne me mens pas.
__ Non maman.
__ Maintenant dégage.
Je continue mon chemin et j'arrive au salon. Je surprends Safilia qui fouille dans mes affaires. Dès qu'elle a constaté ma présence, elle sursaute.
__ Qu'est-ce que tu cherches en fouillant dans mes affaires?
__ Ferme ta gueule, toi tu as quoi qu'on peut fouiller? Je cherche juste une chemise que j'ai perdue. J'espère vraiment que ce n'est pas toi qui me l'a volée.
__ Je ne suis pas une voleuse.
__ Tant mieux pour toi.
Elle me dépasse. Alors que je range mes affaires, une idée me pousse à vérifier si l'argent que notre tante nous a donné a disparu. Je fais cette vérification et malheureusement, ce que je redoutais s'est produit : je ne trouve plus les 1000 francs que nous a donnés tante Viviane. Je me précipite vers Vanessa car je suis convaincu qu'elle me les a volés. J'ai découvert qu'il fouillait dans mes affaires et que mon argent a disparu. Tout est déjà clair pour moi. Je vais dans sa chambre et elle est en train de parler au téléphone. J'attends qu'elle ait terminé son appel.
__ Rosa, laisse-moi un peu de tranquillité, s'il te plaît. Dis-moi, pourquoi es-tu venu dans ma chambre ?
__ Désolé, mais je ne retrouve plus les 1000 F que tante Viviane nous a donnés à ma sœur et à moi.
__ Et c'est à moi que tu demandes ? Attends, tu oses me traiter de voleuse ?
__ Désolé, mais ce n'est pas ce que j'ai dit. Je demande juste si c'est toi qui ...
Paff, paff !
Elle m'a giflé sans que je ne termine ma phrase. Ensuite, elle m'a traîné hors de sa chambre.
__ La prochaine fois que tu m'accuses de quelque chose comme ça, je te tue, espèce de villageoise. Je retourne au salon, ma sœur joue seule dehors. Je la rejoins pour jouer ensemble.
__ Rosa, tu vas bien ?
__ Oui, ma chérie, je vais bien. Je veux jouer un peu avec toi avant d'aller se coucher.
__ D'accord, viens, je vais t'expliquer les règles du jeu.
__ Très bien.
Nous commençons à jouer quand mon père apparaît.
__ Rosa, que faites-vous là à cette heure de la nuit ?
__ Nous jouons, papa.
__ Vous jouez à cette heure-ci ? Allez-vous coucher avant que je m'énerve.
__ Désolé.
Nous nous dépêchons pour rejoindre au lits. À 5 heures du matin, je suis réveillé brusquement par un seau d'eau renversé sur moi et je sursaute. En ouvrant les yeux, je me retrouve face à ma marâtre.
__ Rosa, as-tu vu l'heure ? Il est 5 heures et tu dors toujours ? Qui va cuisiner pour mes enfants si tu es toujours au lit ?
__ Désolée maman.
__ Tu vas te lever de ce lit ?
__ Oui maman.
Je me lève malgré le sommeil. Je m'en vais dans la cuisine et je me mets au travail. Ma sœur me rejoint plus tard.
__ Kelly, mais qu'est-ce que tu fais là ? Tu dois être au lit à cette heure.
__ Je veux juste te donner un coup de main.
__ Pas question, retourne au lit.
__ Non, de toute façon, je n'ai plus sommeil. Laisse-moi t'aider s'il te plaît.
__ C'est non.
__ S'il te plaît, s'il te plaît.
__ D'accord, tu as gagné, mais je te laisse travailler cette fois-ci seulement.
__ C'est bien noté.
Elle m'a aidée à faire le ménage, la cuisine et tout. Mon père, après avoir pris son petit déjeuner, me demande de prendre notre argent de poche chez notre mère. Je suis allée lui parler de ça et elle m'a refoulée.
__ Vous n'aurez rien comme argent de poche à partir d'aujourd'hui et tu as intérêt à ne rien dire à ton père sinon je te tue sur le champ. Maintenant, dégagez de ma vue.
Depuis lors, nous ne recevons plus d'argent de poche. Je n'ai pas osé me plaindre à mon père de peur que la situation ne s'aggrave. Je suis contraint de garder le silence et de faire semblant que tout va bien. Je suis obligé de demander de l'aide à l'école pour que ma sœur puisse avoir quelque chose à manger. Nous continuons de souffrir en silence. Un jour, une idée m'est apparue subitement : je décide de quitter la maison avec ma sœur pour vivre dans la rue, malgré les dangers évidents qui nous attendent dehors. Une fois de plus, nous nous évadons de la maison. Je ne sais pas vraiment ce qui s'est passé, mais c'est la police qui se met à notre poursuite. Il semblerait que mon père ait lancé un avis de recherche à notre encontre, ce qui a permis à la police de nous retrouver. Nous avons passé deux jours au commissariat. Mon père a ordonné qu'on nous fouette bien, pour que nous ne quittions plus la maison sans demander la permission.
Quelques années plus tard, mon père a eu un accident et est resté dans le coma pendant des mois. Nous avons dû arrêter l'école car il n'y avait personne pour payer nos frais de scolarité. Je continue à être maltraité par ma mère, d'autant plus que mon père ne peut plus rien lui offrir depuis son opération coûteuse à l'hôpital, qui l'empêche de retourner travailler. Il se déplace maintenant en utilisant une chaise roulante, ce qui rend tout plus compliqué pour nous. Alors que je suis perdu dans mes pensées, je suis soudainement frappé violemment dans le dos. En me retournant, je découvre que c'est ma marâtre qui tient un bâton à la main.
__ Qu'est-ce que tu fous là alors que mes enfants n'ont rien mangé depuis ce matin ? Il faut que je te le demande toujours avant que tu ne prépares pour mes enfants ?
__ Maman, de quels enfants parles-tu ? Safilia et Noëlle ? Elles sont maintenant grandes et peuvent se préparer elles-mêmes. Je suis fatiguée de tout ceci. Plus jamais tu ne me toucheras dans cette maison. Je t'ai laissé faire toutes ces années mais maintenant, c'est terminé. J'ai tenté à plusieurs reprises de quitter cette maison pour sauver ma peau, mais tout a échoué. Je ne vais plus forcer les choses. Je laisse les choses telles qu'elles sont. Mais laissez-moi vous dire une chose, je suis ici chez moi. Cette maison appartient aussi à ma mère, donc je ne vais nulle part. Je resterai dans cette maison, mais je ne laisserai plus personne me faire du mal, encore moins à ma sœur.
__ Rosa, je rêve ou quoi ? C'est toi qui me parles comme ça ?
__ Oui, c'est moi, maman, c'est bien moi.
__ Je vais te tuer aujourd'hui.
Elle lève la main sur moi, mais je l'ai retenue.
__ Maman, je suis très sérieuse. Je ne me laisserai plus faire.
__ Alors, tu quittes ma maison.
__ On dirait que vous n'avez encore rien compris. Je suis ici chez moi. Je n'irai nulle part.
__ D'accord, c'est ça qu'on verra. Tu ne toucheras plus rien dans cette maison. Compte sur moi.
Elle part. Je quitte la maison en compagnie de ma sœur. J'ai 500 francs en ma possession que j'utilise pour acheter un sachet de Pure Water que je commence à vendre dans la rue.
__ L'eau glacée, l'eau glacée, venez acheter de l'eau glacée.
C'est ainsi que j'ai lancé mon business priant Dieu pour sa bénédiction afin que nous puissions avoir de quoi nous nourrir grâce à cette activité.
À suivre ....