Chapitre 4 Chapitre 4

Chapitre 4

L'esprit flottait entre le néant et une vague de sensations désordonnées. Une odeur étrangère, douce et entêtante. La texture soyeuse des draps contre sa peau. Luna ouvrit les yeux brusquement, son souffle déjà court. Elle mit quelques secondes à rassembler les morceaux  : ce n'était pas son lit, pas son appartement. Pas sa vie normale.

Son cœur accéléra, martelant ses tempes. Elle balaya la pièce du regard. Les meubles imposants, les détails trop parfaits... Elle n'était pas ici par choix. Une panique viscérale monta en elle. Elle se leva d'un bond, pieds nus sur le tapis.

Sa robe de chambre glissa légèrement de ses épaules, révélant qu'elle ne portait rien d'autre. Une chaleur mêlée de honte monta à ses joues. Ses affaires avaient disparu. Elle fouilla les tiroirs frénétiquement, cherchant quoi que ce soit qui lui appartienne. Rien.

Elle repéra la porte, s'y précipita et l'ouvrit d'un geste nerveux. Une silhouette massive se dressait devant elle.

Damian, dos appuyé contre le mur, les bras croisés. Un air calme, presque satisfait, se lisait sur son visage.

« Tu es enfin réveillée, » dit-il d'un ton neutre.

Elle recula instinctivement, son souffle toujours coupé.

« Qu'est-ce que... où suis-je  ? »

Il ne bougea pas, comme un mur.

« Dans un endroit sûr, » répondit-il simplement.

Ses mâchoires se crispèrent, la peur cédant la place à une colère brute.

« Un endroit sûr  ? Vous plaisantez  ? Vous m'avez traînée ici sans mon consentement  ! »

Il arqua un sourcil, presque amusé par sa réaction.

« Je t'ai sauvée d'un danger imminent. Tu devrais me remercier. »

« Me remercier  ? » Sa voix monta d'un cran. « Vous êtes complètement malade  ! C'est un enlèvement  ! Vous n'aviez aucun droit de faire ça  ! »

Il s'avança, lentement, comme un prédateur approchant sa proie.

« Tu ne comprends pas, Luna. Tu étais une cible. Tu es une cible. Adrian aurait pu aller beaucoup plus loin si je n'étais pas intervenu. Je ne pouvais pas te laisser dans cet état. »

Elle secoua la tête, refusant de céder.

« Vous auriez pu appeler la police  ! Vous n'êtes pas un héros, Damian. Vous ne décidez pas de ma vie. »

Il eut un sourire froid, dénué de toute joie.

« La police  ? Vraiment  ? Tu crois que ces types-là s'arrêtent parce qu'un agent leur demande gentiment  ? »

Elle serra les poings, tremblant de frustration et de confusion.

« Ça n'a pas d'importance  ! Vous n'aviez pas le droit de m'amener ici  ! »

Son regard se durcit. Il était calme, mais une intensité sourde brûlait dans ses yeux.

« Je fais ce que je dois faire pour assurer ta sécurité. Que tu le veuilles ou non. »

« Et si je veux partir  ? » lança-t-elle, défiant son autorité.

Il haussa légèrement les épaules.

« Alors tu seras libre de partir. Mais pas avant que je sois sûr que tu ne risques rien. »

Elle éclata de rire, un rire nerveux, presque hystérique.

« Ah, c'est gentil. Donc je suis une prisonnière, mais avec des options. Magnifique. »

Il ne répondit pas tout de suite, la laissant digérer ses propres mots.

« Tu peux appeler ça comme tu veux, » dit-il finalement. « Mais tant qu'Adrian est dehors, tu restes ici. »

« Et vous allez me surveiller tout le temps  ? »

Il ne cilla pas.

« Oui. »

Elle le fixa, cherchant une faille, une ouverture dans cette carapace insupportable. Mais Damian était une forteresse. Elle sentait son regard peser sur elle, comme une ombre qui ne la quitterait jamais.

« Je déteste ça. »

« Je sais. »

Elle fit volte-face, claqua la porte derrière elle. Dans la pièce, elle se laissa tomber sur le lit, les larmes roulant silencieusement sur ses joues. Elle était épuisée, physiquement et mentalement. Mais elle refusait d'abandonner.

Quelques minutes passèrent avant qu'un coup discret à la porte ne vienne briser le silence. Elle ne répondit pas.

« Luna, » appela sa voix, basse et implacable. « Je vais te laisser tranquille pour l'instant. Mais sache que cette suite est sécurisée. Tu ne risques rien ici. »

Elle ne bougea pas, le silence servant de réponse.

« Repose-toi. On parlera quand tu seras prête. »

Elle attendit d'entendre ses pas s'éloigner avant de se lever à nouveau. Son instinct lui criait de trouver un moyen de s'échapper. Mais une autre partie d'elle, celle qui avait vu la violence froide dans ses yeux la veille, savait qu'il était peut-être la seule chose entre elle et le chaos.

Dans cette suite luxueuse qui ressemblait plus à une cage dorée qu'à un refuge, Luna se sentit plus vulnérable que jamais. Et Damian... Damian n'était pas un protecteur. Il était une tempête, et elle n'avait aucune idée de comment l'affronter sans se perdre dans ses bourrasques.