« Je suis Maître Lefèvre, notaire. J'aimerais vous rencontrer au sujet d'une affaire importante concernant un héritage. Pouvez-vous vous rendre à mon cabinet demain à 10h ? »
Antoine fronça les sourcils. Un notaire ? Un héritage ? Il n'avait aucune connaissance de proches suffisamment riches pour laisser une telle chose. Méfiant, mais intrigué, il accepta le rendez-vous.
« Très bien, je serai là. Où se trouve votre cabinet ? »
Maître Lefèvre lui donna l'adresse, un élégant immeuble du centre-ville, puis raccrocha. Antoine resta un moment immobile, le téléphone encore à la main. L'idée d'un héritage semblait sortie d'un roman, une opportunité improbable qui venait frapper à sa porte au moment où il en avait le plus besoin.
Le lendemain matin, il se leva plus tôt que d'habitude, l'estomac noué par un mélange d'excitation et d'anxiété. Il choisit sa meilleure tenue – une chemise propre et un pantalon repassé – et prit soin de se raser de près. Le reflet dans le miroir semblait presque confiant, malgré les doutes qui le rongeaient intérieurement.
Le trajet jusqu'au cabinet de Maître Lefèvre se fit sous un ciel gris, mais Antoine se sentait étrangement optimiste. Arrivé devant l'immeuble chic, il inspira profondément avant de pousser la porte en verre.
L'intérieur était sobre et élégant, avec des murs ornés de tableaux et des meubles en bois sombre. La secrétaire l'accueillit avec un sourire professionnel et l'invita à patienter. Quelques minutes plus tard, un homme d'une soixantaine d'années, en costume impeccable, vint le chercher.
« Monsieur Dubois ? Suivez-moi, s'il vous plaît. »
Antoine le suivit dans un bureau spacieux, où de grandes fenêtres laissaient entrer une lumière diffuse. Maître Lefèvre l'invita à s'asseoir en face de son bureau encombré de dossiers.
« Merci d'être venu, Monsieur Dubois. » Maître Lefèvre s'assit et ouvrit un épais dossier devant lui. « J'ai contacté plusieurs membres de votre famille, mais il semble que vous soyez l'unique héritier. »
Antoine haussa un sourcil, intrigué. « L'unique héritier de qui ? Je ne comprends pas. »
Le notaire ajusta ses lunettes et parcourut les pages du dossier. « Votre oncle, Jacques Dubois, est décédé récemment. Il vous a désigné comme héritier principal de sa fortune. »
Antoine cligna des yeux, abasourdi. « Jacques Dubois ? Je ne savais même pas que j'avais un oncle nommé Jacques. »
Maître Lefèvre hocha la tête. « Votre oncle était une personne discrète. Il a fait fortune dans les affaires et a préféré rester à l'écart de la famille pour des raisons qui lui sont propres. Cependant, ses dernières volontés étaient claires : il souhaitait que vous héritiez de ses biens. »
Antoine secoua la tête, incrédule. « Cela semble trop beau pour être vrai. Comment puis-je être sûr que ce n'est pas une arnaque ? »
Le notaire lui tendit un document. « Voici le testament de votre oncle, dûment signé et enregistré. Vous pouvez le lire par vous-même. »
Antoine prit le document et le parcourut, son cœur battant de plus en plus fort. Tout semblait en ordre. Les détails de l'héritage étaient clairement énoncés, avec son nom mentionné comme bénéficiaire principal.
« Mais pourquoi moi ? » murmura-t-il. « Je ne le connaissais même pas. »
« D'après ce que j'ai compris, votre oncle a suivi votre parcours de loin. Il a été impressionné par votre persévérance et votre détermination à réussir malgré les obstacles. »
Antoine resta silencieux un moment, absorbant l'information. Cette nouvelle était une bouffée d'oxygène inattendue dans une période de sa vie où tout semblait s'effondrer.
« Que dois-je faire maintenant ? » demanda-t-il enfin, levant les yeux vers Maître Lefèvre.
« Nous devons formaliser l'acceptation de l'héritage et organiser une visite des biens. Votre oncle possédait plusieurs propriétés et des actifs financiers considérables. Nous commencerons par la villa principale. »
Antoine acquiesça, encore sous le choc. « Très bien. Merci, Maître Lefèvre. »
En quittant le bureau, une lueur d'espoir s'était allumée en lui. Il savait que cette opportunité pouvait changer sa vie, mais il restait prudent. Après tout, il y avait souvent un prix à payer pour de telles bénédictions.
Le lendemain, il se rendit à l'adresse de la villa, accompagnée de Maître Lefèvre. Située dans un quartier huppé de Paris, la propriété était impressionnante. Une grande porte en fer forgé s'ouvrait sur une allée bordée d'arbres menant à une demeure majestueuse.
« Votre oncle avait bon goût, » commenta le notaire en ouvrant la porte avec une clé qu'il avait apportée.
Antoine entra prudemment, les yeux écarquillés devant le luxe de l'intérieur. Chaque pièce était décorée avec soin, des meubles anciens aux œuvres d'art sur les murs. C'était un monde totalement différent de son petit appartement modeste.
« Voici le bureau de votre oncle, » dit Maître Lefèvre en ouvrant une porte à double battant. « Vous trouverez ici des documents importants et des informations sur ses affaires. Prenez le temps de les examiner. »
Antoine hocha la tête, reconnaissant. « Merci. Je vais avoir besoin de temps pour tout assimiler. »
Le notaire sourit légèrement. « Prenez tout le temps qu'il vous faut, Monsieur Dubois. Votre oncle vous a laissé un héritage considérable, mais aussi une grande responsabilité. »
Antoine resta dans le bureau, parcourant les dossiers et les papiers, tentant de comprendre l'étendue de ce qui lui avait été légué. Chaque document révélait un peu plus sur la vie de cet oncle mystérieux. Des investissements, des actions, des propriétés... Il réalisa rapidement que Jacques Dubois avait bâti un empire financier.
Alors qu'il se plongeait dans les dossiers, une pensée persistante lui trottait dans la tête. Était-ce vraiment aussi simple ? Une part de lui craignait que tout cela ne soit qu'un rêve, une illusion qui s'effondrerait à la moindre erreur.
Le soir venu, il quitta la villa avec un sentiment mitigé. L'excitation de découvrir un nouveau monde se mêlait à l'inquiétude face à l'ampleur de la tâche qui l'attendait.
De retour chez lui, il s'assit à son bureau, les documents étalés devant lui. Il se demandait comment un homme pouvait accumuler autant de richesses tout en restant inconnu de sa propre famille. Les secrets de Jacques Dubois semblaient aussi vastes que sa fortune.
Antoine réfléchit longuement, pesant les pour et les contre. Devait-il accepter cet héritage et les responsabilités qui l'accompagnaient, ou rester fidèle à sa vie modeste et à ses projets personnels ? La tentation était grande, mais il savait qu'une telle décision changerait radicalement son existence.
Le téléphone sonna, interrompant ses pensées. C'était Maître Lefèvre.
« Monsieur Dubois, j'ai une information supplémentaire à vous communiquer. Il semble que votre oncle avait des associés dans ses affaires. Certains d'entre eux pourraient ne pas voir d'un bon œil votre arrivée soudaine. »
Antoine sentit une pointe d'appréhension. « Que voulez-vous dire par là ? »
« Votre oncle avait des ennemis, des personnes qui pourraient essayer de contester l'héritage ou de vous nuire. Soyez prudent. »
Antoine remercia le notaire et raccrocha, l'esprit en ébullition. Les doutes et les craintes qu'il avait tentés de réprimer remontèrent à la surface. Il était clair que cette situation était bien plus complexe qu'il ne l'avait imaginé.
Il passa une grande partie de la nuit à réfléchir, les yeux fixés sur les documents devant lui. Le visage de Sophie lui revenait en mémoire, ses paroles de regret et de déception résonnant encore dans son esprit. Il se demandait ce qu'elle penserait de tout cela, si elle croirait en cette opportunité ou s'en méfierait comme lui.
Finalement, il prit une décision. Il devait en savoir plus sur Jacques Dubois et ses affaires avant de faire un choix définitif. Il ne pouvait pas laisser cette chance lui échapper sans explorer toutes les possibilités, mais il devait aussi être prêt à affronter les défis qui l'attendaient.
« Demain est un autre jour, » murmura-t-il en fermant les dossiers. « Je découvrirai la vérité sur cet héritage,
quoi qu'il en coûte. »
Avec cette résolution en tête, Antoine se coucha, prêt à affronter les incertitudes et les mystères de l'avenir.