Lalleya: les ailes de la création
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Chapitre 3 Chapitre II

Neuf ans après...

Tous le monde pleure, excepté moi. Tous le monde arbore une mine triste, comme on se pare d'un bijou , excepté moi. Tout le monde fait semblant, moi excepté. Tous le monde est en blanc, même moi. Car aujourd'hui le royaume est en deuil.

Le roi est mort, et personne ne peut scander vive le roi. Son héritier, son garçon, enfant chéri de la couronne, mon demi frère, a succombé à la fievre pourpre deux jours à peine avant lui.

Le même délai qu'il avait attendu pour son remariage avec Irma zoncoski, après la mort de mère. Je n'ais plus peur de dire mort. J'ai 15 ans dorénavant. Les formulations détournées ne sont plus de mon âge.

La mort de Charles il y'a deux jours, m'a tout de suite propulsée en première ligne de l'accession au trône. Père est venu me voir. Pendant un instant, un court instant, j'ai cru qu'il venait pour moi. Pour partager sa douleur avec sa fille aînée; ou tout simplement s'assurer que j'allais bien.

En réalité il venait me demander de renoncer au trône. Et ce au profit de ma demi soeur Florana, qui vient de fêter sa sixième année. Cela aurait dû me surprendre. Pourtant une partie de moi le savait.

Néanmoins lorsque j'appris la mort de Charles, je ne pensais pas l'affronter avant les funérailles. Quelle ne fut pas ma surprise quand il vint me voir dans ma chambre. Alors que j'étais en train de terminer une toile représentant mon frère. Toile que j'avais commencée une semaine avant sa maladie. Père détestait la peinture. Il a toujours désapprouvé cette activité de mère.

Alors mon premier réflexe fut de recouvrir l'image du petit garçon roux, jouant et riant avec un chiot. Il l'avait recueilli aux portes du palais. Alors même que le protocole exigeait de lui que ses animaux de compagnies soit de race pure. Et si possible aussi rares et nobles que lui.

Mais Charles était un garçon au coeur sincère et sans prétention. Il ne prêtait aucune attention aux jugements de valeurs de la cour ou de qui que soit d'ailleurs, même pas à ceux de sa mère. Contrairement à ce que les murmures racontent je l'aimais, beaucoup. Il était aussi beau à l'extérieur qu'à l'intérieur et aurait fait le meilleur des rois pour Vactée.

Contre toute attente père me demanda de découvrir ma toile inachevée. Il la contempla avec un air si triste et las que sur le moment, j'eus pitié de lui. Il ne détourna le regard de la toile, que pour planter ses prunelles d'un noir de jaie dans les miennes tout aussi sombre.

Il avait un air paternel. Qu'il n'avait jamais encore arboré, avec moi tout du moins. Un instant je fus déconcertée par la bienveillance dans son regard. Mais celle-ci fut bien vite remplacée par sa dureté habituelle. Et je pus aisément retrouver mes marques.

- J'ai besoin de vous parler Cattleya, annonça-t-il froidement en s'éloignant de moi.

Pour lui je n'étais rien d'autre qu'un sujet de plus. Du moins les jours où je n'étais pas une gêne considérable.

- Bien, père, je vous écoute, répondis-je tout aussi froidement.

Habituellement je lui aurais proposé du thé, ou l'aurais invité à s'asseoir. Mais à ce moment-là, je n'étais plus tout à fait moi-même. Alors je m'assis sur mon sofa préférée, un de ceux de mère qu'on m'avait permis de garder. Après que la nouvelle épouse de père se soit appropriée ses appartements.

Père lui, s'échinait à arpenter la pièce. Allant et venant tel un fauve en cage. Cela commençait à me donner le tourni. A son énième aller-retour il s'arrêta au pied d'un fauteuil en face du mien et s'y assis.

- Je dois te parler Cattleya, répéta-t-il.

Cela me fit tout drôle de l'entendre me tutoyer. Mais comme lui et même mieux que lui, j'arborais un visage impassible comme on revêt un masque, mon masque.

- Je sais, vous l'avez déjà dit, lançai-je.

Il y avait tant d'impertinence dans ma voix, que même le pire des sots n'aurais pu se méprendre sur mes sentiments à son égard, du mépris.

Je le meprisais au plus haut point. Après la haine, l'indifférence, le dégoût. Voilà que je le meprisais, mon propre père. Cet homme faible et sans résistance, une loque voilà tout. Une pauvre loque indigne de son titre de souverain et de son statut de père.

--Tu es son portrait craché. Tu as tout d'elle. Sa bouche, son nez, ses oreilles et ses cheveux frisés si noir qu'ils n'ont rien à envier à la nuit.

Là il fit une courte pause comme pour retrouver son souffle et enchaîna. Il avait l'air épuisée. Son regard hagard et ses cernes marqués n'étaient guère digne d'un roi. Pourtant malgré son apparente fatigue, une lueur étrange courait dans son regard.

...et...Et ces yeux ! si marron et grand qu'on dirait deux châtaignes. Cette peau mat couleur caramel, oui décidément on dirait elle.

Ces mots, pour moi étaient tout autant dénués de sens que son comportement. Je ne l'écoutais même plus à vrai dire. Je ne pouvais plus qu'observer, ce qui me semblait être la crise d'un dément. Observée cet homme à la carrure de géant se rabaissait plus bas que terre. Observée ce roi, jadis admirable, s'accroupir sous le poids de ses regrets.

Et ce que je pouvais en voir ne me rassurer guère sur l'avenir de Vactée.

- Dans tes yeux, reprit-il, il y a quelque chose de tellement féroce, sauvage et sombre qu'on ne peut s'empecher de douter de votre lien. Comme si ce n'était qu'une illusion. Comme si tu n'étais qu'une illusion.

Une illusion ? Oui sûrement, c'est sans doute l'image que je renvoyait à ceux qui savaient ce qui se cache derrière mon apparence idyllique. Pourtant, je travaille d'arrache-pied à maintenir l'illusion; l'apparence d'une parfaite petite princesse.

- La manière dont tu réfléchi rappelle tout de suite d'où tu viens réellement. Même tes oeuvres sont habitées par l'instinct des Delacus, rajouta-t-il en désignant ma toile. Il n'y a pas de doute tu es bien une Delacus ma fille. Oui! et je l'ai toujours regretté. J'ai toujours regretté que notre sang maudit coule dans tes veines, si pure. Il emporte tout, tout ce qu'il y a de beau et d'innocent en nous. Il consume tout par la haine et ne nous laisse plus que désespoir et regret.

Il prit son visage entre ses mains. Et pendant un instant je crus voir des larmes sur son visage éreinté. Cet vision de lui avait quelque chose d'insolite.

Et surtout il avait tort ce n'était pas le sang le problème. Le problème c'était ce palais. C'était le pouvoir et les enjeux qui y sont mêlés. Ce n'était pas notre sang qui nous rongés, ni même notre nature sauvage, c'était la quête du pouvoir. Le pouvoir détruit tout sur son passage. Et si après tant d'années il ne l'avait pas encore compris c'est qu'il était vraiment devenu fou.

- J'ai aimé ta mère, lança-t-il soudain. C'est le seul être que j'ai jamais aimé. Mais toi je t'ai haïe, profondément détestée ! Je t'en ai voulue de tant être elle sans l'être vraiment.

Il fit une longue pause. Me laissant digérer ce qu'il considérait comme des révélations, avant de reprendre.

- Aujourd'hui je sais qu'il ne me reste plus beaucoup de temps à vivre. Ma haine envers toi c'est estompée. Et pour le reste du monde je ne ressens plus qu'indifference et...

D'une seul traite il avait débité tant de paroles incohérentes, que je n'étais même plus sûre de savoir où il voulait en venir. C'était presque comme si il avait eu peur que quelque chose l'empêche de parler. Tout cela était trop soudain pour être normal.

- Que voulez-vous père? l'interrompis-je.

Je n'en pouvais plus de ses jérémiades. Et j'étais déçue. Déçue de ne même pas être surprise. Toutes ces confessions je me les était déjà faite à moi même. Je savait déjà qu'il me haïssait. Je savais aussi que pour une raison qui m'échappe il n'avait jamais voulu de moi. Mais j'ignorais pourquoi il me l'a confessé car ses actions valent tous les discours qui soit.

- Laisse moi finir tu comprendra, repris- t-il avec un fin sourire ironique.

Comme pour me dire "je sais bien que tu n'est pas de marbre ".

- Tu as toujours était impatiente.Mais tu n'as pas tord. Le temps n'est plus aux explications.

A ce moment j'ai senti que mon intuition était juste. Il y avait bel et bien quelques choses qui lui faisait peur. Qu'est-ce qui pouvait bien faire peur au plus puissant roi de Galatée?

- Le destin nous presse d'enclencher les manoeuvres. Aujourd'hui tu me prend pour un fou mais bientôt... beaucoup trop tôt tu découvrira toute la vérité, dit-il.

Son regard n'avait plus rien de celui d'un homme sain d'esprit. Il avait raison sur un point. Je le prenais pour un fou. Un sinistre et cynique fou qui n'avait rien à me dire de vraiment important.

- Que sont ces divagations? quel vérité dois-je connaître ?

- Laisse moi finir mon enfant, m'interrompit-il à son tour. Je te l'ai dis. C'est quelque chose que tu dois découvrir seul. Si je suis venu te voir c'est pour te demander de renoncer au trône.

Face à mon regard stoïque Il crut bon de continuer son argumentation.

- Comme tu le sais, nos lois veulent qu'en l'absence d'héritier mâle ce soit toi l'aînée de mes filles qui hérite du trône. Pour cette raison je te demande pour ton bien, et celui du royaume de renoncer à ton titre de princesse héritière.

Il interrompit son monologue, trop essoufflé pour continuer. Et me dévisagea. Sûrement dans l'attente d'une réponse. A la place je partie dans un fou rire incontrôlable. Il n'était pas fou en réalité, il était juste le pire roi qu'ait jamais connu Vactée. Et son cynisme n'avait d'égal que ma naïveté. Comment avais-je pu croire qu'il venait pour moi?

- Ne ris pas. Ce n'est pas un jeu Cattleya.

Il avait haussé la voix. Il osait hausser la voix contre moi. Lui, père indigne et roi incapable osait hausser le ton devant moi, Cattleya Rose-Anne Delacus. À cet instant je savais qu'il me le paierait cher. J'ignorais juste à quel point.

- Oh mais je ne plaisante pas. Vous en revanche j'ai l'impression que si. Du moins je l'espère, sifflais-je, haineuse.

Inconsciemment je m'étais redressée pour être à sa hauteur.

- J'espère que tout ceci n'est qu'une bouffonnerie de votre part. Car je ne veux pas croire, que mon propre père souverain de Vactée m'exhorte à renoncer à un trône qui de droit m'a toujours échu. Regardez, lui ordonais-je en indiquant le portrait de mon frère.

Le plus important pour moi était de conserver mon sang froid. Néanmoins il m'était difficile de garder mon calme face à la bêtise de mon père.

-Lui, oui pour lui je me suis évincé. A lui j'aurais laissé l'univers et toute les célestes de Vactée s'il l'avait fallu. Car bien que née des entrailles du pire des êtres qui sois il avait le coeur pur. Exempt de toute méchanceté de tous pêchés. Et le royaume ne pourra jamais avoir d'aussi bon roi que lui. Mais cette espèce de petite fille censé être innocente et qui est l'antre même de la perversité et de la déliquescence...

- Ne dis pas cela de ta soeur, tonna-t-il.

J'aurais pu lui répondre que seul lui ignorait encore que cette chose qu'il se plaisait à appeler fille était tout sauf ma sœur. Mais je me retins. Pour lui ou pour moi, je ne saurais le dire. Le fait est que je perdis mon calme, et que chaque mots que je prononceais après se fit plus rude, plus claquant et plus fort.

- Croyez-vous réellement que moi Cattleya Rose-anne Delacus pourrait abandonner mon royaume ? Oui car c'est bien, mon royaume. Même si vous avez tout tenter pour me le prendre. Il me revient de droit de par vous,mais surtout de par ma destinée, je suis l'élue des célestes. Tout cela vous l'avez jetter aux oubliettes en épousant cette parvenue. Qui toute son existence n'a rêvé que d'une chose au combien irréalisable, remplacée mère. Celle contre qui même Lanaluna n'a pu rivaliser. Alors ouvrez bien grand vos oreilles père. Dites à cette sorcière qui vous envoie, cette engeance du pire des démons, qu'à la minute même de votre dernier souffle je l'a pourchasserait où qu'elle se trouve dans l'univers. Je lui ferais amèrement regretté d'avoir fait expirer le seul être qui m'ait jamais aimer. Car si vous,vous avez oublié qui nous sommes et ce que nous devons à ce peuple et à cet univers moi je n'oublie rien. Je n'oublie ni mon devoir,ni la mort de mère.

- Que voulez-vous dire enfant, que racontez-vous ? me demanda-t-il avec un air si piteux et lamentable, que j'eus un haut le coeur à l'idée que ce pantin desarticulé fut mon père.

- Ce que tout le monde sait excepté vous père. Crachais-je avec toute ma haine. Cette chose que vous vous êtes empressé d'appeler épouse n'est autre que l'assassin de mère. Votre femme, celle qui méritait ce titre. Celle que vous prétendez avoir aimé. Celle dont vous salissez la mémoire tous les jours depuis neuf ans.

- co... comment est-ce possible? pourquoi, qui, c'est impossible, baffouilla-t-il avec force difficulté.

- Ce qui est impossible c'est d'être aussi pathétique. Vous ne pouvez pas être aussi sot père. Une partie de vous l'a toujours su.

Ce que je lus dans son regard ne fit que confirmer mes doutes et attiser ma haine. Il s'en doutait. Il s'en était toujours douté. Et moi comme une sotte, je me raccrochais à l'idée que lui, soit assez idiot pour ne jamais avoir rien soupçonner. En réalité ce qui l'avait choqué n'était pas ma révélation, mais plutôt le fait que moi je puisse être au courant. Il était encore plus cynique que je l'avais cru. Il voulait donc à jamais se voiler la face. Et faire comme si rien ne c'était passé ?

-Vous dites m'avoir haï, détesté!

Mes points étaient tellement serrés que mes ongles pénétrèrent ma chair. Mais je ne ressentais pas la douleur. Il n'y avait que la haine, sombre et dévorante comme la lave. Néanmoins je devais rester calme. C'était vital, surtout pour lui.

- Sachez, père, que quel que soit l'ampleur de votre haine à mon égard, la mienne pour vous surpasse tout ce qu'il y a sur cette planète. Mais aujourd'hui j'aurais presque pitié. Vous le monarque le plus puissant de Galagtée, n'avez jamais appris que votre bien aimée a été assassinée. Par celle qui partage votre couche de plus.

Pour la première fois depuis le début de notre conversation, je me décidais à être parfaitement franche avec lui.

-Aucun de vos félons de conseillés, n'a cru bon de vous tenir au courant de ce détail avant de vous jeter dans les bras de cette chose père ?

Mon ton était plus amer et ironique que je ne l'aurais voulu. Et mon père plus sinistre que je ne l'aurais cru. Il ne trouva rien à me répondre, absolument rien. Et à vrai dire je ne le l'aurais pas écouté. C'était à mon tour de parler.

- Je n'étais qu'une enfant, votre enfant. Et pourtant c'est moi qui ai été mise au courant de tout. Vous m'avez laissé évoluer dans cette fausse aux lions. Et maintenant que j'en suis le maître, vous aimeriez que je renonce à mon due, père.

Ma voix se fit faussement caressante sur ce dernier mot. Seule la haine me rapprochait de ce père, que je ne connaîtrai jamais.

- J'ai essayé de t'en préserver.

- Non! hurlais-je furieuse, vous avez essayé de me fuir. C'est ce que vous avez toujours fait.

Il n'essaya même pas de me contredire. Cela aurait été inutile. Je n'avais eu besoin de sa protection. Toutes les manigances, les intrigues, comment les fomenter, comment les déjouer, et le plus important, leur pourquoi? Ces réalités du palais ont toujours fait partie de moi, même avant la mort de mère. Mon enfance a été ensevelie par elles. Alors personne ne me privera du fruit de mes efforts.

- Qu'as-tu fait? demanda-t-il.

Il venait enfin de réaliser la portée de mes révélations.

- Mon devoir, j'ai fait ce qui devait être fait. Mère a été vengé. Du moins en parti il me reste à éliminer la tête de la bête.

Pour toute réaction j'obtins le silence. Un silence lourd chargé de signification.

- Mère aimait les fleurs, dis-je. Elle aimait en prendre soin elles même. C'est cela qui a eu raison d'elle. Un peu de larmes de Kataleya sur les gants qu'elle utilisait pour éviter les épines, et tout était fini.

La reine de Vactée était pourtant censée être à l'abri de tout. A l'époque même moi je n'aurais pu penser à un piège aussi grossier. Pourtant mon jeu favori, était d'imaginer comment éliminé discrètement un grand monarque. Mon précepteur disait que c'était la meilleure manière d'éviter soi-même la mort. Seulement, la petite fille que j'étais alors, considérée la nature et les fleurs comme un fort imprenable. Aux dépens de mère j'ai appris, que rien n'était acquis.

Cette fois père s'effondra. Peut-être parce qu'il était à bout. Ou tout simplement à cause du poison qui a eu raison de mère. D'autant plus que ces gants c'est lui qui avait insisté pour qu'elle les utilise à chaque fois qu'elle jardinait.

- Ah! ça je dois dire, votre épouse a vraiment l'esprit poétique, repris-je après un court instant. Tué sa rivale avec un poison, portant le nom de sa propre fille. C'est du pur génie dramatique. Mais ne vous tourmentez pas père. Je lui rendrait la pareil au centuple même. Levez-vous et essayez donc d'être digne du trône, de mère et de moi. Je ne suis pas née pour avoir un père faible, indigne certes, mais faible, jamais.

Il avait le regard hagard d'un homme réellement effrayé et surpris. Mais ce n'était pas les détails de la mort de mère qui le surprenait, c'était moi. La colère et le danger qui émanait de moi en cet instant le faisait trembler. Il avait peur, peur de moi. Et je m'en délectais. Je voulais même lui raconter la manière dont ceux qui avaient trahi mère étaient morts. Mais il m'interrompus me suppliant de lui épargner les détails.

- Allons père n'allez pas me dire qu'un peu de sang vous effraie. Alors que tout le monde sait que vous avez plus d'une mort sur la conscience.

- Ce n'est pas pareil Cattleya. Tu ne sais pas. Non tu sais pas ce que cela représente pour toi, pour ce que tu es... baragouinna-t-il

- Pourquoi parce que je suis une femme ou parce que je suis votre fille? Non je sais. Parce que je suis hybride c'est bien cela?

- Non parce que tu es une enfant et que tu n'as aucun remord. Tu es si froide. A ton âge un monstre voilà ce que tu es. Tu es devenu comme lui. Oh si tu savais maintenant il est trop tard, cria-t-il les yeux exhorbité plus rien plus rien ne nous sauvera...

"Un monstre froid et sans remord c'est joliment résumé. Je suis devenu un monstre grâce à vous. Vous qui avez laissé mère se faire assassinée dans votre propre palais. Vous qui avez laissé votre fille aînée à la merci de tous les dangers. Je suis devenue un monstre froid certes. Mais pas sans remord croyez-vous que je n'étais pas effondré la première fois que j'ai tué? Croyez-vous que je ne sens pas tout ce qui est bon en moi s'effriter peu à peu?A la manière d'une toile de piètre qualité, au fur et à mesure que des vies expirent de mon fait. Croyez-vous que tout mon être ne menace pas de s'effondrer à la prochaine exécution? Qu'une fois la nuit venu et le sommeil acquis je ne rêve pas de corps enchêvetrés les uns sur les autres de têtes qui m'appellent et me prient de les rejoindre? Mais je dois le faire, puisque personnes d'autres et surtout pas vous ne s'en chargera à ma place. Vous qui n'êtes qu'un hypocrite. Combien de pauvres gens sont mort, pas de vos propre main mais plus lâche encore de votre bouche? Moi , j'ai eu le cran de les affronter face à face. De leur dire pourquoi ils sont mort. Mais vous, lui lançais-je meprisante. Vous n'imaginez pas le nombre de vos lâchetés dont je suis au courant. Tout, à vrai dire je sais tous ce qu'il y a à savoir sur vous. Et je sais qu'entre vous et moi le monstre c'est vous. Alors cessez de me jugez et levez- vous. "

C'est ce que j'eus envie de lui dire. Mais je finis par me contenter de lui lancer un rega emplit de pitié et de dégoût à la fois.

Comme revenu d'un lointain cauchemar, père se redressa et s'approcha de moi. Une fois à ma hauteur il me devisagea de nouveau comme un père regarde sa fille.

- Quel gachi tant de beauté contrôlé par tant de noirceur. Tu es elle sans l'être vraiment. Comme du venin notre sang t'empoisonne. Ta destinée est désormais scellée. J'étais venu dans l'espoir de te sauver. Mais il est trop tard il n'y a plus rien à sauver, lance-t-il d'un air dépité tout en secouant la tête de droite à gauche.

Lorrsqu'il posa sa main sur ma joue je ne pus m'empêcher de sursauter. Avant que je ne puisse me dégager il maintint mon visage en coupe si fermement que je ne pu me dégager de son étreinte. Quelque chose n'allait pas dans son regard une expression nouvelle qui m'était encore inconnue y planait. Comme un orage menaçant la quiétude d'un ciel d'été. Il était comme transportait me regardant sans réellement me voir.

J'avais déjà eu peur,mais celle que je ressenti à cet instant précis était encore plus tenaillante que la pire des faims. Je savais sans réellement savoir. Me doutant du pourquoi de ce regard sans accepter mes doutes. Mais quand il approcha son visage du mien je revint à mes esprit. Et comme folles le giflait si fort que tout le palais du entendre la claque. Comme happé par une puissance supérieur il s'éloigna de moi tombant à genoux et revenant à lui au fur et à mesure que sa joue gauche rougissait.

- Alors c'est ainsi la mère enfante la fille et la fille devient la mère. Crachais-je avec dégoût.

Mon corps se mouvant sans que je ne m'en rende réellement compte j'étais maintenant derrière lui.

-Vous dites m'avoir haï et c'est cette haine qui vous a poussé à m'éloigner. Mais en réalité tout chez vous n'est que lâcheté. Si pendant neuf ans vous avez pris soin de me tenir à l'écart, ce n'était pas pour la haine que vous ressentiez à mon égard. Mais plutôt pour l'amour que vous aviez peur de ressentir pour moi. Un amour qui outrepasse celui qu'un père doit avoir pour sa fille, lui chuchotai-je à l'oreille.

- Tais-toi,tais-toi tu ne sais pas de quoi tu parle tout ceci te dépasse, brailla-t-il en se tenant les oreilles comme si cela pouvait l'empêcher d'entendre ce je disais.

- Vous êtes pathétique, minable, lâche et par dessus tout un pervers qui convoite sa propre fille. Mais ce n'est pas étonnant, rajouté-je. Après tout vous êtes un Delacus. Vous prétendiez avoir voulu me sauver. Vous dites que ma destinée est scellée mais êtes trop lâche pour me dire pourquoi? Vous me dégoûtez, crachais-je en détachant chaque syllabe.

- Cela est plus complexe que tu ne le crois. Les nymphes astrales ont une aura magnétique à laquelle nul ne peut résister. Et toi d'autant plus car tu le sais. Tu n'es pas une nymphe ordinaire, clama-t-il entre deux lourdes inspirations.

- Là est donc votre excuse. Si vous me désirez. Si vous rêvez de moi la nuit car j'ai vu juste, n 'est-ce pas? Vous rêvez de moi. Si votre âme pervertie songe à moi autrement que comme une fille,c'est de ma faute? demandais-he n'ayant cure de la réponse.

- Non je n'ai jamais dit cela. Tu n'y es pour rien. C'est de ma faute, tu as raison. Tout est de ma faute pardonne moi ma fille, me supplia-t-il, alors qu'il était de nouveau à genoux devant moi.

- Levez-vous et disparaissez de ma vu. Vous n'avez pas besoin de mon amour, ou de mon pardon. Mais plutôt d'une dague en plein coeur, afin de vous conserver le peu de dignité qu'il vous reste. Ne réapparaissez plus devant moi. A moins de vouloir que je ne révèle à tout le royaume qui est véritablement son roi, dis-je en appuyant sur chaque syllabe.

Un instant je crue qu'il ne partirait pas. Mais il me tourna le dos, et avant que je ne puisse fermer les yeux il referma la porte derrière lui.

Il ne me fallu pas plus de l'assurance qu'il était bel et bien parti, pour m'effondrer au sol. Je n'avais jamais pleuré avant. Même à la mort de mère je suis restée forte. Mais là mon corps, mon âme, mon esprit n'en pouvais plus. Je me sentais blessée et souillée au plus profond de moi même. On ne sait rien de la douleur tant qu'elle ne nous tient pas aux tripes. A cet instant de tripes je n'en avait même plus. J'étais vidée, harrassée.

Tout mon monde venait de s'écrouler. J'aurais pu penser tout des raisons qui le poussait à me haïr. Imaginait tous les scénarios excepté celui-ci. Même de lui je ne m'attendait pas à cela. Pourtant je savais très bien l'histoire des Delacus. Leurs penchants incestueux, justifier par la préservation de la pureté du sang, n'était un secret pour personne. Cela n'avait rien d'extraordinaire. Et même si depuis deux siècles ces pratiques n'avaient plus cours au palais. Elles etaient inscrites dans les traditions de Vactée, et de Pallas comme une chose honorable. Mais pour moi ce n'était rien d'autre qu'une énième pratique abusive, dont je ne regrettait pas la désuétude.

père succomba à une étrange maladie, deux jours après notre confrontation. La honte sûrement ou du poison, je ne saurais le dire pour l'instant.

En mourant père a mis ma vie en danger. Car sa femme et ses alliés n'auront de cesse tant que je serais en vie. Néanmoins tout cela je m'y attendais. Pas aussi tôt, mais je m'y attendais. Et je sais exactement comment les contrer...

            
            

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