Je regarde tout ce qui se passe sous mes yeux avant d'entendre un raclement de gorge profond derrière moi. Je sursaute avant de me retourner pour faire une nouvelle fois face à ses yeux gris.
Lui : on dirait que les portraits t'intéresse.
Il parle avec dédain et arpente l'espace dans la chambre comme si c'était sa tanière. Il ne me quitte pas du regard jusqu'à ce que je me rende compte que le tissu avec lequel on m'a couvert le corps est assez transparent.
Je me cache derrière le grand miroir
Moi : qu'est-ce que vous faites ici ?
Un rire sonore quitte ses lèvres avant de le voir jeter son costume sur le canapé.
Lui : n'est-ce pas une question idiote ?
Moi : pas du tout, j'aimerais savoir pourquoi ces femmes m'ont prise en otage et pourquoi vous êtes ici.
Lui : vous ne devinez pas ?
Est-ce que je lui aurais posé la question si je savais ?
Moi : je ne sais pas pourquoi vous faites ça ou si vous vous n'êtes pas trompé de personne.
Parce que moi j'étais ici ce matin juste pour voir le roi.
Lui : intéressant, et qu'aviez vous à lui dire si ce n'est pas trop indiscret bien sûr ?
Moi : amenez-moi le voir et je lui dirai moi-même.
Lui : je pense que ce n'est pas le moment adéquat pour faire cela madame.
Moi : ah bon pourquoi ? On m'a bien dit que même s'il était terrifiant et intimidant le roi était à l'écoute de ses sujets.
Lui : terrifiant et intimidant ? Waouh il devrait entendre cela de votre bouche, ça sonne comme une i...
Moi (me justifiant) : ce n'est pas moi qui le dis, mais c'est ce qui se raconte partout.
Lui : je pense que ça lui plairait bien de savoir ce qu'on pense de lui en dehors de ses murs.
Moi : vous pouvez m'aider s'il vous plaît à le rencontrer ? c'est pour une cause perdue.
Lui : je ne sais pas si ce sera possible, mais je crois pouvoir faire quelque chose.
Moi : merci beaucoup, on y va maintenant ?
Lui : il se fait tard, couchons nous et demain vous allez le voir.
Je suis tellement choquée par sa suggestion que je recule de deux pas avant de m'arrêter.
Moi (avec horreur) : quoi ? Dormir ici avec vous ? Vous êtes fou ? Jamais je ne ferai cela.
Lui (arquant un sourcil) : et pourquoi pas ?
Moi : parce que je ne vous connais pas mais même si je vous connaissais je ne dormirai pas dans le même lit que vous.
Il avait baissé ses cils noirs et épais, masquant ainsi son intense regard gris.
Lui : vous apprendrez à me connaître au fil du temps.
Moi : vous êtes qui ?
Lui : votre mari.
Mon mari ? Mon mari ? Je n'ai jamais été mariée de la vie.
Moi (éclatant de rire) : vous semblez tous avoir perdu la tête ici ou c'est quoi ?
Il élimine la distance qui nous sépare et s'arrête tout juste devant moi.
Lui : c'est vrai ce que m'a raconté Ma Kamila, tu es trop bavarde.
Moi : wah... vous... vous !
Lui : taisez-vous !
Le ton qu'il a employé était si dur queje faillis me pisser dessus. Il est si intimidant.
Lui : allez dormir, je m'en vais.
LE LENDEMAIN
Je ne me souviens pas de l'heure à laquelle je me suis endormie, mais je fus réveillée par des voix de femmes. Encore celles qui m'avaient kidnappée hier.
Moi : que me voulez-vous encore ?
La femme d'hier : vous devez vous préparer, la cérémonie va bientôt débuter.
Moi : quelle cérémonie ?
Elle : celle de votre mariage bien évidemment.
Elle s'accapare une fois de moi, me conduise vers un autre espace. Là on trouvait déjà du tout. Les gens autour s'activaient comme si, c'était leur dernier jour sur terre.
Au fond du couloir, elles me font entrer une nouvelle fois dans une chambre d'où les bassines sont déjà posées.
Moi : je peux prendre ma douche seule?
La vieille femme : on ne peut pas faire ça, [à l'une d'entre elles] aide la.
On dénoue encore le pagne blanc que j'avais sur le corps avant, puis reproduit le même rituel hier. Après que la toilette est terminée, on me passe un autre tissu blanc cette fois plus blanc que celui d'hier.
Puis on me fait asseoir dans un tapis avant que des femmes voilées ne se rapprochent, et commencent à me passer du henné sur les mains et les pieds. Pendant tout cela, je n'arrête de me tortiller et de me débattre mais rien y fait, elles sont bien décidées à me faire tout ce qu'elles veulent.
Elle : allons-y.
On me conduit jusqu'à une sorte d'autel avant de me demander de m'asseoir. Je ne vois personne d'autre que l'imam en face de moi.
J'allais poser des questions lorsque j'entends des pas derrière, j'allais me retourner lorsqu'une voix profonde s'élève.
Imam : on peut commencer, sa majesté ?
Sa majesté ? Comment c'est lui, le roi. Le roi Rachid Al Amir ?
Il tourne le regard un laps de temps sur moi avant de se reconcentrer sur l'imam.
L'imam : euh qui est le tuteur légal de la mariée ?
Une autre voix profonde s'élève derrière nous.
L'arrivant : moi.
Je me retourne sous le choc, j'allais me lever pour me jeter dans ses bras lorsqu'une main ferme m'en empêche.
Rachid : après la cérémonie.
Moi : mais...
Rachid : vous pouvez commencer
Imam : voulez vous prendre sa majesté, le roi Rachid Al Amir pour époux ?
Je tourne le regard vers mon frère qui hoche la tête, même si je ne comprends rien, je lui fais confiance et de répondre par l'affirmative.
À la fin de la cérémonie, je n'ai pas eu le temps de parler à mon frère qu'un garde vient le chercher. Je criais après lui, j'allais même l'attaquer jusqu'à ce que le roi m'arrête en me tenant le poignet.
Moi : c'était quoi cette menace ?
Rachid : ce n'était nullement une menace, mais juste un moyen de vous prévenir.
Moi : quoi ? Me dire que si je refuse ce mariage vous allez renvoyer mon frère à ses bourreaux est un moyen de prévention pour vous ?
Rachid : viens te coucher.
Moi : je ne dormirais...
Il m'avait déjà soulevée et posée sur le lit. Il tire la couverture sur moi avant de l'épingler
Moi (me tortillant) : arrêtez je ne veux...
Rachid : je n'ai pas envie de vous forcer à consommer le mariage cette nuit mais si vous continuez, je risque de changer d'avis.
Moi : vous ne...
Rachid : je fais ce que je veux Myriam alors tais toi et dors.
J'ai envie de lui balancer mon poing sur la figure mais je n'ose pas, il a plus de force que moi. Une seule gifle de sa part et je risque de rejoindre mes ancêtres.
*LE LENDEMAIN
Je me réveille dans ce lit gigantesque seule et livrée à moi-même. À peine je pose les pieds au sol qu'on toque sur la porte. Je grogne pour demander à la personne d'entrer. C'est une jeune femme qui passe la porte avec le voile sur la tête.
Moi : où est le roi ?
Elle : il est parti faire une randonnée depuis ce matin ma reine.
Moi : ok, euh je peux avoir mon petit déjeuner ?
Elle : vous n'attendez pas le roi ?
Quoi ? Je dois attendre celui-là pour manger alors que j'ai terriblement faim.
Moi : euh oui ok.
Je me lève et me dirige vers la porte. A peine je l'ouvre voilà plusieurs gardes postés devant. Je pense que l'idée de fugue devra attendre, je referme la porte avant de demander à cette femme de sortir.
*DEUX HEURES APRÈS
C'est passé ce temps que la porte s'ouvre sur un roi bien essoufflé déglutinant de sueur. Elle disait donc vra.i
Moi : c'est à cette heure que vous rentrez, je vous attends depuis tout à l'heure et vous...
Rachid : quoi ?
Moi : j'ai faim.
Il sonne une cloche et fait signe à l'un des gardes et la porte s'ouvre. Les domestiques entrent avec des plateaux tous bien garnis. Je vois tellement du tout que l'eau me manque à la bouche. Dès qu'elles sont toutes posées, je tire une chaise et voilà la servante qui commence à me servir du tout, je m'attaque au premier plateau avec du poulet braisé.
Rachid : tu dois te préparer, on doit faire un voyage la semaine prochaine
Moi : et pour où ?
Rachid : pour Fardouth.
Je faillis recracher ce que j'avais dans la bouche.
Moi : aussi loin, pourquoi ?
Rachid : ne pose pas de question.
Moi : bien sûr que je vais le faire, déjà je ne suis pas d'accord pour ce mariage et maintenant, tu penses que je vais te suivre...
Il tape si fort sur la table que je sursaute, à travers ses yeux, je peux lire l'indifférence et le mépris. Mais même s'il est roi, je ne vais pas me soumettre. Je vais me rebeller jusqu'à ce qu'il m'accorde le divorce. Il se lève, me toise avant de tourner les talons.
****
Je suis si épuisée que j'ai l'impression qu'un éléphant vient de passer sur moi. Le voyage a duré plus longtemps que prévu. On devait faire une journée et demie pour atteindre notre destination, mais on a fini par faire deux jours complets. Heureusement qu'il attendait déjà notre arrivée. La seule chose dont j'ai envie, c'est me reposer.
Moi : je suis fatiguée
Rachid : ok, mais il faut d'abord allez saluer le chef du village avant.
Moi : mais tu es là n'est-ce pas ?
Rachid : Myriam !
Je n'ai pas besoin d'en entendre plus, Rachid est un homme égoïste et intraitable. Depuis le mariage, j'essaie de trouver un moyen de m'enfuir. Je ne désire pas rester sa femme. J'admets qu'il est beau trop beau en plus d'être grand, il a un regard si hypnotisant et des lèvres charnues. Il est typique mon type d'homme, mais je ne sais il y'a quelque chose qui ne colle pas entre nous. J'ai essayé mais je n'y arrive pas, j'attends juste de trouver une faille pour m'en aller une bonne fois pour toutes, mais les gardes qu'il m'a assigné ne me laisse aucun repos, ils suivent le moindre de mes pas.
On attend encore avant de voir un assez vieux monsieur passer la porte avec d'autres hommes, le sourire aux lèvres.
Rachid se lève immédiatement et je soupire en faisant de même.
Le vieux monsieur : bienvenu mon roi.
Rachid : merci Aziz.
Aziz : bienvenue à vous aussi la reine.
Moi : merci.
Nous nous asseyons de nouveau et ils commencent à parler du temps et du voyage, puis de la pluie et du beau temps. Et alors que je pensais qu'enfin c'était fini, ils se mettent à parler des troubles qu'il y'a eu dernièrement au sud du pays. Je me tortille, baille mais rien y fait. Rachid me jette juste quelques coups d'œil réprobateur avant de continuer sa discussion.
J'ai envie de pleurer tellement je n'en peux plus d'être assise. Pour une dernière tentative, je donne un petit coup de pied à Rachid mais me trompe de jambes et c'est Aziz qui écarquille les yeux.
Aziz : ma reine, vous vous sentez bien ?
Moi : j'ai. ..
Rachid : elle n'a pas l'habitude de faire d'aussi long voyage.
Aziz : ah oui c'est vrai, veuillez m'excuser mon roi. Vous devez être très fatigués. Je vous conduis vers vos appartements et je reviendrai plus tard pour vous faire une revue de l'état d'ici.
Rachid : bien Aziz.
Je n'ai pas besoin de lui jeter un coup d'œil pour savoir que Rachid est furieux. Pour lui peut-être c'est normal de rester encore à bavarder longtemps, mais moi je ne peux pas.