Capítulo 5 Retour à la maison

Deux semaines venaient de s'écouler, Meredith se trouvait toujours chez ses parents, à réfléchir sur elle-même. Quant à Adam, il remettait toujours au lendemain ce qu'il devait faire, ce qui contrariait de plus en plus Evy. En d'autres termes, ces deux dernières semaines furent électrique pour toute la colocation.

« Adam Peter Gautier ! Vous avez intérêt à vous montrer immédiatement ! cria Evy du fin fond de l'appartement. »

Adam sursauta car il savait qu'il allait en prendre pour son grade. Lorsqu'Evy se mettait à appeler une personne par son « arbre généalogique » et qu'en plus elle la vouvoyait, cela signifiait toujours qu'elle était particulièrement énervée et hors de contrôle. Il éteignit la télé le plus rapidement possible et se leva pour aller se cacher, quand tout à coup Evy apparut devant lui comme un ninja. En voyant son visage il commença à regretter d'avoir toujours remis au à plus tard l'affaire « Meredith ».

-Evy, prononça-t-il nerveusement, comment tu vas ?

-Comment je vais ? Comment je vais ? répéta-t-elle

-Tu vas avoir des problèmes frérot ! Intervint ironiquement Nathan qui se trouvait dans les parages

-Adam, est-ce que sur mon front il est écrit « IDIOTE » ?

-Comment ça ? dit-il interloqué

-Cela fait maintenant deux semaines, est-ce que tu vois à nouveau Meredith dans l'appartement ? Non ! Tu avais dit que tu allais arranger les choses en allant la voir, mais tu n'as toujours rien fait !

-Oui, c'est vrai, mais tu vois aujourd'hui...

-Ne me sors plus l'excuse de tes gardes, je sais que tu n'en as pas en ce moment et que tu as posé un jour de repos aujourd'hui ! Le coupa Evy

-Grillé ! ajouta le frère d'Adam

-Nathan ! Tu peux sortir et me laisser seul avec Evy ?

Nathan quitta précipitamment la pièce, pas besoin qu'on le lui demande plusieurs fois ! Une fois cet élément perturbateur parti, il ne restait plus qu'Evy et Adam dans le salon. L'atmosphère était si tendue qu'il était presque possible de la toucher !

-Tu vas y aller aujourd'hui ! Ce n'est pas un conseil mais un ordre ! Imposa Evy

-Ok, ok j'y vais, puisque je n'ai pas le choix!

-Tu as bien compris !

- Maintenant calme toi s'il te plait !

-Je me calmerai lorsque Meredith sera de retour avec nous et que tout rentrera dans l'ordre.

Evy ne quitta pas Adam du regard tant que ce dernier ne fut pas sorti de l'appartement. C'est d'ailleurs ce regard insistant et inquiétant qui finit de le persuader de décamper au plus vite. Il décida de prendre les transports en commun et non la voiture afin de prendre plus de temps pour essayer de trouver les mots qu'il allait dire à Meredith. Il ne souhaitait pas la froisser une seconde fois. Il était si maladroit lorsqu'il se trouvait avec elle, qu'il ne savait plus comment s'y prendre. Justement il repensait à la scène du café. Pourquoi lui avait-il parlé ainsi ? Pourquoi s'était-il mis instantanément en colère contre elle ? Etait-ce parce avait été sur le point de faire sa vie et qu'elle attendait un bébé avec l'homme qu'il avait toujours méprisé ? Il se mit tout à coup à regretter son comportement car tout ça était un peu de sa faute: si à l'époque il ne l'avait pas laissée partir, tout serait sûrement différent, pensât-il. Mais il n'avait plus le temps de s'apitoyer, il avait plus urgent à faire : « Demander pardon à Meredith »

Pour ce qui est de cette dernière, elle se sentait enfin mieux ! Elle avait repris des forces ainsi que des couleurs et avait pu faire le point sur sa vie et ce qui allait changer pour elle à tout jamais. Malgré les mots réconfortants de sa mère, la peur de devoir élever un enfant toute seule la prenait souvent. Elle se demandait si elle allait être capable d'être une bonne mère, et si Marc avait raison. Car si elle n'y arrivait pas, que ferait-elle ? A chaque fois qu'elle avait ce genre de pensées, l'angoisse la tiraillait et provoquait de nouvelles douleurs à la poitrine. Inquiets, ses parents avaient insisté pour qu'elle aille voir un médecin le plus rapidement possible. Et effectivement, cette douleur faisait son apparition dès qu'elle ressentait de vives émotions comme la peur, la joie, l'angoisse ou la colère. Parfois c'était même si intense que cela l'empêchait de dormir.

Malgré cela le royaume de son futur prince ou de sa future princesse avait pris place ! Ce qui la prit de court ! Sa mère avait dû lui prêter le peu d'affaires qu'elle avait gardé lorsqu'elle était elle-même enceinte. Les vêtements n'étaient pas loin d'être démodés mais cela suffirait pour la dépanner temporairement, pensai-t-elle.

Ce jour-là, se sentant mieux que jamais malgré la douleur au cœur persistante, elle ne voulait faire qu'une seule chose : retourner vivre à la colocation !

Sa grand-mère et sa mère l'aidaient donc à terminer ses valises...

-Tu as raison d'y retourner ma petite fille ! affirma sa grand-mère

- /Oui, cela te fera du bien et puis lorsque tu prendras tes marques et que tu gagneras un peu plus d'argent, tu pourras trouver ton propre nid ! ajouta sa mère

- Je le pense aussi, et puis comme tu me l'as dit la dernière fois, depuis que j'ai emménagé avec eux je revis, je redeviens la Meredith d'antan ! avoua-t-elle

Les valises bouclées, elle termina de se préparer tranquillement, puis elle alla embrasser ses parents et ses grands-parents :

-Bon, c'est l'heure pour moi d'y aller ! annonça Meredith à sa famille

-Fais attention à toi ma chérie, et n'oublie pas que maintenant tu dois penser pour deux ! dit sa mère un peu inquiète.

-Tu ne veux pas que je te raccompagne ? demanda rapidement son père. Tu risques de te fatiguer avec tes valises.

-Ne t'inquiète pas papa, j'irai doucement et prendrai mon temps, lui promit Meredith, et puis je n'ai que deux valises, cela devrait aller !

-Bon si tu nous le promets! lui répondit son père pas très convaincu.

-Et si tu as besoin de quoi que ce soit n'hésite pas à appeler ! Rajouta sa mère.

-Et n'oublie pas de nous envoyer l'adresse de la colocation

-Non mamie je n'oublierai pas !

Elle qui ne voulait pas qu'ils connaissent l'adresse de la colocation, sa grand-mère avait tout de même réussi à la piéger ! Puisqu'elle lui avait annoncé qu'elle allait offrir le berceau du bébé, Meredith n'avait pas eu le choix de lui promettre qu'elle allait la leur donner.

Elle quitta donc la maison familiale et se dirigea vivement vers la gare. Elle allait ainsi avoir une bonne heure pour réfléchir à ce qu'elle allait raconter à ses amis. Il fallait qu'elle trouve les bons mots afin de leur expliquer qu'elle ne savait plus contrôler quoi que ce soit.

Adam avait de son côté plus ou moins réussi à constituer sa défense. Il savait que son discours allait faire changer d'avis son amie. Après, il n'avait pas le choix, s'il revenait sans Meredith à la colocation, Evy risquait de le mettre dehors. Il quitta la gare, où venait justement d'entrer Meredith, et se dirigea vers la maison des parents de son amie.

Plus il s'en approchait, plus son rythme cardiaque s'accélérait. Il commençait sérieusement à angoisser, à perdre confiance en lui et en son discours mûrement réfléchi durant tout le trajet.

Arrivé devant la porte, il avait seulement envie d'une chose : fuir, partir loin d'ici, prendre ses jambes à son cou et se cacher à tout jamais ! Après s'être finalement un peu calmé, il prit son courage à deux mains et toqua à la porte. Il espérait de tout son cœur que tout le monde soit absent, ainsi il aurait une bonne excuse pour retourner chez lui. Malheureusement, la porte s'ouvrit sur la mère de Meredith.

-Nathan ! S'exclama-t-elle avec surprise.

-Bonjour Madame ! A vrai dire ce n'est pas Nathan mais Adam ! Rectifia ce dernier.

-Oh désolée, j'ai toujours eu du mal à vous reconnaître ! S'excusa-t-elle.

-Ce n'est pas grave, j'ai l'habitude, assura-t-il, je suis venu voir Meredith, elle est bien là ?

-Oh ! C'est dommage elle vient de partir il y a une demi-heure. Elle voulait retourner vivre avec vous !

-Vrai...vraiment ?! Dit-il surpris.

- Oui, depuis qu'elle vous a retrouvés, elle a vraiment l'air d'avoir repris goût à la vie.

-Oh merci, merci madame, dans ce cas je vais vite retourner à l'appartement ! Prit-il à peine le temps de dire. »

Adam repartit aussi vite qu'il était arrivé et se dépêcha de retrouver Meredith à l'appartement. Il espérait même pouvoir la rejoindre sur le quai du RER. Meredith retournait donc à la coloc' sans qu'il n'ait eu besoin de s'excuser ! pensa-t-il incrédule. Il fut tout de même déçu, il s'était tout de même préparé durant tout un trajet pour au final ne rien dire !

Du côté de Meredith, elle était de plus en plus impatiente de retrouver ses amis. Elle venait de tourner une nouvelle page de sa vie et savait que la suite de son histoire allait s'écrire avec eux et sans Marc !

Elle avait surtout hâte de les revoir, surtout Adam, car elle devait s'excuser auprès de lui pour son comportement irresponsable. Elle voulait aussi retrouver son petit train-train quotidien, qu'elle avait créé depuis qu'elle avait emménagé chez eux, tout en préparant l'arrivée du bébé.

Mais son impatience commençait à provoquer en elle de vives émotions, et une vive douleur à la poitrine la transperça soudainement. Elle s'arrêta un instant, afin de se calmer tant bien que mal, mais la douleur était bien installée. Dans ces cas-là, la douleur pouvait malheureusement durer de longues heures sans qu'elle ne puisse rien faire, ce qui la fatiguait particulièrement en plus de la grossesse, et avec ses deux valises en main, son allure devint de plus en plus lente. « J'aurais dû laisser papa me raccompagner ! » se fustigea-t-elle, mais ce qui était fait est fait. Après une marche difficile, la voilà qui arrivait enfin à l'appartement. Elle se dépêcha de sonner ! La seule chose qu'elle voulait était de s'asseoir et ne plus rien faire !

Meredith sonna et attendit plusieurs minutes mais sans aucune réponse. Elle se trouva maintenant bien bête, elle aurait dû appeler, mais elle était si excitée à l'idée de rentrer qu'elle n'y avait pas pensé ! Elle hésitait à faire demi-tour mais faire à nouveau une heure de route, très peu pour elle. Elle avait déjà eu tellement de mal à arriver jusqu'ici ! « Pourquoi ne pas aller au café en les attendant, ils vont bien finir par revenir ! » se dit-elle pour s'encourager. Malgré sa douleur persistante, elle prit son courage et ses valises à deux mains et commença à quitter les lieux. Soudain, elle fut prise de vertiges ! Sa vision se troubla, elle se sentit vaciller quand tout à coup des mains délicates et robustes la rattrapaient de justesse. Avant de sombrer entièrement dans l'inconscience, ses yeux eurent le temps de capter les traits du visage de l'homme qu'elle avait finalement toujours aimé : Adam.

Il était arrivé juste à temps. Lorsqu'il vit au loin Meredith chanceler, il s'était précipité vers elle avant qu'elle ne tombe violemment au sol ! Meredith perdit connaissance, il eut juste le temps de voir ses beaux yeux marrons se fermer doucement. Il cria son prénom plusieurs fois afin qu'elle reprenne connaissance mais en vain. De plus, la pluie avait décidé de s'inviter et ce n'était pas une pluie fine mais bien au contraire un « déluge », ce qui compliquait d'autant plus la situation ! Adam rassembla toutes ses forces pour la porter, puis il inséra les clés dans la serrure, ouvrit le porte et alla directement allonger délicatement Meredith sur le canapé, tant pis si elle était mouillée, il commençait à ne plus avoir de force ! A peine l'avait-il déposée sur le canapé comme une princesse endormie en train d'attendre son prince charmant, qu'Adam allait aussitôt chercher ses valises et refermer la porte pour retourner rapidement à ses côtés ...