- Hey chef, on a un problème ici, avait crié le policier qui contrôlait, à l'encontre de son supérieur qui était plus occupé à taper les commentaires avec ses collègues.
Jackson n'avait même pas eu le temps de négocier avec le policier. Le cri de ce dernier avait rameuté ses collègues. Avant que Jackson ne se rende compte de ce qui se passait, on lui avait déjà passé les menottes aux poignets, et fais asseoir sur un banc comme un vulgaire bandit.
- Écoute mon petit, tu pareil innocent. Alors on va faire court, dis-nous juste qui te fournit cette histoire, et évite-toi des ennuis, lui avait dit celui qui semblait vraisemblablement être le chef d'équipe.
- Chef, je ne sais même pas ce que c'est, pour ne pas dire savoir d'où ça vient, encore moins comment ça a fait pour arriver là, ni celui qui l'y a mis.
- Je vois que tu maîtrise bien ton français à la con. Voyons si ça va te sauver là où tu vas te retrouver très vite.
- Chef, je ne sais pas, je vous assure
Du haut de ses dix-neuf ans, Jackson était un menteur avéré. On pouvait le prendre la main dans le sac qu'il nierait ne pas être le propriétaire de cette main.
Malgré les menaces des policiers, il nia mordicus ne pas savoir à qui appartenait le paquet. Le chauffeur, aidé de quelques passagers, supplièrent les policiers, afin de qu'ils le laissent continuer le voyage, mais rien n'y fit. Finalement, on l'abandonna. Jackson fut conduit en cellule, et trois jours plus tard il passait devant un jury constitué à l'occasion, où il fut jugé et condamné pour six mois. Motif : possession de drogue.
- Jack, lui dit sa mère lorsque les policiers l'emmenaient. Jack, depuis tout petit je t'ai toujours dit que tes voies risquent te conduire à la perdition mais tu t'es entêté. Regarde où nous en sommes. Aujourd'hui c'est six mois, et après ? J'espère que ton séjour là-bas va te faire réfléchir et peut être changer.
Jackson baissa le regard, et c'est les larmes aux yeux que sa mère le suivit du regard pour le voir disparaitre dans le fourgon qui devait le conduire au centre correction de Crechville, où il devait séjourner pour une durée de six mois, car selon le juge il était encore mineur et l'envoyer en prison serait comme le livrer à l'abattoir. Six mois de correction et de travaux d'intérêt général étaient assez pour faire changer le plus rebelle des enfants...ou le rendre encore plus rebelle. En effet, Jackson est élève en classes de troisième au Lycée Classique de Crechville. À cause de ses mauvaises fréquentations et des jeux auxquels il aimait se livrer, il avait à plusieurs reprises repris ses classes. Cette année est d'ailleurs la deuxième qu'il fait en classe de troisième, et avec les six mois qu'il vient d'écoper, il était évident qu'il n'allait pas pouvoir finir son année scolaire. Il allait encore reprendre la classe de troisième, pour la troisième fois.
- J'espère que tu as retenu la leçon, lui dit sa mère qui venait d'entrer dans sa chambre. L'école t'a dépassé. À dix-neuf ans tu es encore en classe de troisième, alors que tes égaux sont déjà à l'université. Si c'est pour courir derrière les petites filles du quartier tu es champion. J'espère que les six mois que tu as passées en prison t'ont......
- Centre de correction, coupa-t-il
- Pardon ?
- Six mois au centre de correction, pas en prison
- Pff, comme si c'était différent. Quoi qu'il en soit, je ne voudrais plus être à nouveau interpelée pour des affaires pareilles.
- Dans ce cas, la prochaine fois qu'on t'appelle, ne viens plus lança-t-il en sortant de la chambre.
- Jack, Jackson ! cria sa mère
Mais Jack était déjà loin, et n'entendait plus sa mère. D'ailleurs, même s'il l'entendait il n'aurait pas prêté attention à ses dires. Elle s'assit sur le lit que Jack venait de quitter et pleura.
...........................
- El Jackson, le bao, c'est how noor grand?
- Gars je suis là, quoi de neuf ?
- On gère le kwat (quartier) noor. Je vois que les gars ont fini par te libérer ?
- Ils avaient le choix ?
- Toujours one tête. Mais bro, how que tu as maigri comme ça ? on ne vous nourrissait pas là-bas ?
- Ça veut dire quoi Derick ? Je n'aime pas les moqueries et tu le sais bien
- Doucement hein, c'était juste pour blaguer. D'ailleurs, voilà un way pour te changer les idées
Jackson se retourna et vit Sonia qui arrivait.
Sonia est la copine de Jackson depuis bientôt un an. Âgée de vingt ans, elle est en classe de seconde. Mais cette différence d'âge ne joue pas en sa faveur, car Jackson est plus grand qu'elle.
- Alors, comme ça mon chéri est sorti de prison, et il ne se soucie pas de me le faire savoir, ni à m'informer ? lança-t-elle lorsqu'elle fut à portée de voix
- Désolé bb, je devais le faire. Il fallait juste que je me repose un peu. Tu sais ce n'était pas évident là-bas. Ces gars nous utilisaient comme des esclaves. Je me suis même retrouvé en train de défricher
- Défricher ? Mais tu ne sais même pas arrêter une machette
- J'ai dû apprendre ma chère. Je n'avais pas vraiment le choix
- J'ai bien dit qu'on vous maltraitait là-bas, regarde comment tu as m...
Le regard que Jackson lui lança obligea Derick à avaler la suite de ses propos.
- Quoi qu'il en soit, ce n'est pas grave, lui dit Sonia. L'essentiel est que tu sois là. Tu m'as vraiment manqué tu sais
- Toi aussi, dit-il en l'embrassant
- Les tourtereaux là, vous allez continuer plus tard. Il y a du TAF, lança Derick.
- Ton TAF là va attendre, il faut se ressourcer. Au fait, chérie j'ai besoin d'un bon massage. Tu viens ? dit Jackson en rentrant dans ce qui leur servait de repère, une vielle maison abandonnée dont ils avaient pris possession
- Bien sûr chéri, je te suis
- C'est ça même, continuer de m'ignorer hein. Je suis là sur place, je ne bouge pas, j'attends hein, cria Derick resté dehors.
Mais les autres avaient déjà fermé la porte derrière eux.
............. ..........
- Ericka, qu'est-ce que tu as ce matin ? tu parais bien pâle et triste
- Nadège, tu imagines ça fait deux jours, je dis bien deux jours que je n'ai pas vu Jackson ?
- Deux jours ?
- Deux jours ma chère. Il est sorti du centre de correction ça fait une semaine. Il a fait une semaine à la maison, c'est à peine s'il sortait de sa chambre. L'autre jour il est sorti, et depuis il n'est pas revenu. Je ne sais même pas où il dort cet enfant
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Je lui ai juste dit que j'espérais que son séjour là-bas lui avait donné quelques leçons et que je ne voulais plus être interpelée pour des histoires de ce genre, il s'est fâché et il est sorti
- Ericka, je t'ai toujours dit que ce garçon a besoin d'une figure masculine. Il doit avoir un homme sur sa tête pour apprendre à marcher droit
- Pardon hein, ne commence pas avec les affaires de mariage là. Je ne veux pas me marier. Tu sais comment les hommes m'ont malmené ici dehors, et tu veux que j'aille vivre avec l'un d'eux ? Non, déjà que celui que j'ai ne me laisse pas, je vais encore ajouter un autre sur le dos, non merci.
- Ericka, je veux juste....
- Je dis non, sujet clos. D'ailleurs, tu ferais mieux de vendre les arachides là-bas, au lieu de me raconter des histoires. Tu ne te voies pas ? Celui que tu as à la maison là a déjà pu contenir tes enfants ? N'est-ce pas ils sont tous comme Jack ? Surtout que Jack est même mieux. Suzy a déjà deux enfants avec deux pères différents noor, à tout juste dix-neuf ans, et les autres ...
- Ok, ça va. J'ai compris. Merci de me rappeler tout celà, merci bien. C'est très gentil. Merci
- C'est toi qui as parlé de figure masculine, il fallait que je voie si la tienne a réussi là où tu veux m'envoyer, et...
- Et quoi ? J'ai dit que ça va noor
- Ok
Nadège était déjà passée à autre chose et ne répondait plus aux propos de Ericka.
- Et vous là-bas, qu'est-ce qui vous amuse ? regardez-les, lança-t-elle à l'égard des autres femmes qui avaient négligé leurs étalages pour écouter les deux femmes se disputer.