Chapitre 5 Deuxième épouse

Basima se leva rapidement de sa place en voyant que son fils revenait en compagnie de Lyna.

Il chercha le regard de sa mère, qu'elle évita de manière évidente. Elle était contrariée, elle ne pouvait pas croire qu'il ne remettait pas Lyna à sa place.

Il était plus qu'évident qu'elle faisait de son mieux pour contrarier Aisha. Basima s'éloigna d'eux sans même regarder Lyna, son fils était têtu. S'il continuait ainsi, il allait perdre Aisha.

Basima regrettait ses actions passées. Elle avait fait souffrir son fils en n'acceptant pas la femme qu'il aimait. Ce pensée se référait à Aisha. Pour la manière dont elle avait traité Lyna des années auparavant, elle ne regretterait jamais.

- Nous devons être très intelligentes, ma fille, dit-elle en s'asseyant à côté d'Aisha. Cette femme est très astucieuse, elle l'a toujours été. Si nous ne mettons pas un terme à cela maintenant, elle finira par éloigner Ahmed de nous. Ahmed t'aime, mais il est tourmenté par la culpabilité.

- Je ne veux pas le presser, je sais que c'est difficile pour lui. Il a beaucoup souffert en pensant que tu étais morte avec tes enfants.

- C'étaient trop d'années d'absence, crois-moi, j'ai souvent des pressentiments, et là, j'en ai des milliers à son sujet.

Lyna observait discrètement les deux femmes, souriant malicieusement. Ensuite, elle posa sa tête sur les jambes d'Ahmed, prit ses mains et les plaça sur elle, feignant de s'endormir.

Ahmed se sentait mal à l'aise, il savait qu'Aisha souffrait, mais il n'était pas capable de s'éloigner de Lyna.

Le Cheikh Ahmed Khan Assad, pour une fois dans sa vie, n'avait aucune idée de comment sortir de ce désordre. S'il n'aimait pas Aisha intensément, il se ficherait de ce que Lyna pensait en la renvoyant à sa place.

Mais il ressentait une terrible pression dans sa poitrine, la peur de la perdre grandissait à chaque minute passée aux côtés de Lyna.

Lyna ressentait sa froideur envers elle. Pendant toutes ces années, elle pensait que lorsqu'elle reviendrait, Ahmed courrait dans ses bras, mettant de côté Aisha. Alors qu'elle gardait les yeux fermés, elle élaborait dans sa tête tout ce qu'elle ferait.

Aisha se leva pour se diriger vers la zone de télévision, où se trouvaient les enfants de Lyna.

- Salut, quelle est le film que vous regardez ? Puis-je me joindre à vous ?

Elle reçut le silence comme réponse, mais elle s'assit tout de même près d'eux pour regarder le film. Elle savait qu'Ahmed aimerait qu'elle entretienne une bonne relation avec ses enfants.

- Va-t'en d'ici, ta présence nous dérange.

Aisha tourna immédiatement son regard vers Abdel. Elle put voir une haine profonde reflétée sur son visage.

- Frère, les grands-parents nous ont dit que nous ne devrions pas être impolis envers les personnes plus âgées.

- Cette femme ne mérite pas notre respect. Cette femme est responsable du fait que notre père n'était pas avec nous pendant les années où nous étions loin. Elle ne viendra pas me demander du respect.

Abdel serrait les poings en parlant. Aisha comprit à ce moment-là que Lyna les avait empoisonnés contre elle. Comment osait-elle mentir ? Elle n'était pas coupable de ce que le garçon disait.

- Abdel, je ne...

- Abdel ? Apparemment, tu ne connais pas les règles de base de la politesse. Tu dois te référer à moi en tant que Sa Majesté. Un jour, je serai l'héritier de mon père.

Les autres personnes dans l'avion s'en rendirent compte immédiatement. Abdel avait élevé la voix, et Lyna se leva pour se diriger immédiatement vers eux.

Ahmed la suivit, et Basima fit de même.

- Qu'est-ce qui se passe, fils ? demanda Lyna.

- Cette femme ose nous déranger.

Cette fois, Lyna ne put pas feindre son apparente sérénité habituelle. Elle s'approcha d'Aisha, et sans qu'Ahmed puisse l'en empêcher, elle leva la main et frappa violemment la joue d'Aisha.

- Ne t'aventure pas avec mes enfants. Je vais t'apprendre quelle est ta place, idiote.

Aisha, toujours assise, posa sa main sur sa joue. Elle se sentait furieuse, mais en voyant le visage déconcerté d'Ahmed, elle s'arrêta. Dans son esprit, elle avait déjà saisi les cheveux de Lyna et parcouru tout l'intérieur de l'avion avec elle.

- Lyna, que fais-tu ? Je ne te permettrai pas de faire du mal à Aisha.

Ahmed, après la confusion initiale, ressentit une profonde colère, qu'il ne put éviter.

- Tu vas la défendre, après qu'elle a dérangé nos enfants ? Mon Dieu, Ahmed, tu es aveuglé par elle.

Basima, qui arrivait juste, se sentit également furieuse en voyant cette femme frapper sa belle-fille, et sans réfléchir, elle asséna non pas un seul coup, mais deux sur la joue de Lyna.

- C'est pour que tu apprennes à respecter ma belle-fille. Ne t'avise plus de la toucher, car je te couperai les mains. Pour chaque coup que tu oses lui donner, je te donnerai le double. Tu es prévenue.

- Mère, s'il vous plaît, arrêtez cela.

Ahmed s'assit immédiatement pour prendre Aisha dans ses bras. Lyna le regarda avec des yeux rougis par la colère, mais elle réalisa soudain que cela ne fonctionnerait pas. Elle couvrit son visage de ses mains et se mit à pleurer désespérément.

- Je ne peux pas croire qu'après avoir souffert pendant des années à cause de toi, tu laisses ces femmes me traiter comme si je ne valais rien. Ne t'en fais pas, Ahmed, dès que nous arriverons, je prendrai un avion pour la Suisse.

Ahmed pâlit en l'entendant. Tout le passé lui revint à l'esprit. Il ne voulait pas perdre à nouveau ses enfants.

Lyna remarqua la perturbation d'Ahmed, se retourna et s'éloigna d'eux avec ses enfants.

- Lyna, attends, Ahmed se leva immédiatement pour la suivre, laissant Aisha seule.

- Cette femme va nous causer des problèmes, ma fille, mais si elle te touche à nouveau, elle va rencontrer une version de moi qu'elle n'a pas encore connue, et elle m'a bien connu dans le passé.

Le cœur d'Aisha était oppressé. Ahmed l'avait laissée là pour aller retrouver Lyna, et cela la blessait. Elle se leva pour retourner dans la chambre avec ses petits enfants qui dormaient encore.

La nounou s'assit aux côtés de Basima, qui observait tristement sa belle-fille s'éloigner.

- Lyna doit avoir du temps, ma fille. Elle n'est pas méchante, elle est simplement blessée de voir que dès son retour, monsieur Ahmed est déjà marié. Et la pauvre dame Aisha n'y est pour rien, elle est juste coincée au milieu de tout cela, et il est clair qu'elle souffre.

- Eh bien, femme, à en juger par ce que je vois, ma belle-fille n'est plus la tienne, c'est Lyna qui l'est à nouveau, même si elle te traite comme si tu ne valais rien pour elle. Tu dois voir où sont tes priorités. Cette femme est notre ennemie, et si tu penses être de son côté, tu ne pourras pas rester avec Aisha.

La pauvre nourrice baissa les yeux, ne voulant pas être impliquée, et encore moins prendre parti.

Pendant ce temps, Ahmed s'assit aux côtés de Lyna. Dès son arrivée, leurs enfants se levèrent. Il était clair qu'ils le blâmaient pour ce qui s'était passé. Ils n'avaient pas grandi dans sa culture, et peut-être qu'avoir une autre épouse était quelque chose d'inconcevable pour eux.

L'Arabe se rendit compte qu'il serait très difficile de gagner leur affection. Il ne croyait pas que Lyna aurait semé la haine chez ses enfants. Ils étaient peut-être confus par ce qu'ils avaient vu depuis son arrivée.

Des heures plus tard, l'avion atterrit dans le hangar privé à Dubaï. Ahmed, qui avait voyagé tout ce temps en silence avec Lyna, poussa un profond soupir.

Il s'excusa auprès de Lyna et se dirigea vers la chambre pour aider Aisha avec les enfants. La jeune femme était sur le point de sortir quand il ouvrit la porte.

- Eh bien, je pensais qu'ils ne te permettraient pas de t'approcher de tes enfants.

- Aisha, s'il te plaît.

- Je devrai te dire que je m'en irai loin avec mes enfants, peut-être que cela te convaincra de rester à nos côtés, ou peut-être devrais-je me retirer pour que tu puisses retrouver avec elle ce que vous aviez.

- Tu sais que tu es ma vie, et je ne permettrai jamais que tu t'éloignes. Écoute bien, jamais, Aisha, tu sais que tu es à moi.

Ahmed se tendit dès qu'il l'entendit dire cela. Il savait qu'elle ne le disait pas sérieusement, mais il voulait lui mettre les choses au clair au cas où elle envisagerait de le faire.

Aisha ne voulait pas se disputer avec lui, c'était précisément ce que la rousse voulait, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Les jalousies qu'elle ressentait la rendaient confuse.

Zafir, qui voyageait dans le même avion mais dans une autre section complètement séparée, s'approcha de Lyna et de ses enfants pour les aider à descendre. La femme passa à côté de lui en l'ignorant complètement. Il se souvint qu'elle avait toujours été arrogante par le passé lorsque Ahmed ne la voyait pas.

Le garde du corps avait informé Dubaï de leur arrivée prématurée, ils les attendaient déjà à leur arrivée. Caroline et Amira étaient également venues les accueillir. Elles ne comprenaient pas pourquoi ils avaient avancé leur retour. Quelque chose de délicat devait s'être produit.

Les deux femmes furent surprises de voir la rousse et ses enfants descendre de l'avion en compagnie de Zafir. Elles connaissaient sa femme, et cette femme ne lui ressemblait pas du tout. Amira reconnut parfaitement Lyna quand elle passa devant elles en les ignorant.

- Amira, Amira, réagis, bon sang. - Caroline la soutint dans ses bras alors qu'elle était sur le point de s'évanouir à cause du choc.

- Par Allah ! Cette femme, cette femme. - Répétait Amira encore et encore en regardant Lyna.