Chapitre 3 3

Cela fait maintenant 2 ans que j'ai appris être l'âme sœur d'Alex. J'ai murie depuis et je me déteste de plus en plus d'avoir été aussi lâche et de continuer à l'être. J'ai des responsabilités à assumer mais j'en suis toujours incapable surtout quand je vois tout ce que ma famille a fait comme sacrifice pour moi, je ne peux pas simplement débarquer dans la cuisine et annoncer que tout était inutile.

Néanmoins, j'ai cette petite voix au fond de moi qui me rappelle sans cesse qu'il souffre atrocement depuis que je me suis enfuie loin de lui, des âme-sœurs ne sont pas faites pour être séparées une fois qu'elles se sont trouvées. Et que cette douleur, en plus d'être horrible, le fatigue énormément et que cela nuit à ses devoirs, devoirs que je devrais accomplir à ses côtés. La plupart de mes nuits finissent en insomnies à cause de ça.

J'ai suivi son actualité grâce à Internet depuis, maintenant pour le coup, je serais incapable de ne pas le reconnaitre dans une rue. Je dois bien être capable de l'identifier à 50 mètres dans une foule ! Et si je viens seulement d'atteindre ma majorité, il a, lui, atteins la vingtaine d'années. On a deux ans d'écart en somme ce qui n'est pas énorme.

En plus de cela, il y a quelques mois, ses deux parents et leurs bêtas sont morts dans un attentat suicide alors qu'ils prenaient l'avion pour rentrer d'un voyage diplomatique. Le pilote était un kamikaze qui appartient à un groupe nommé « Les Exilés ». Apparemment des loups bannis de leurs meutes et qui cherchent à renverser le système par vengeance. Quand j'ai appris la nouvelle je me suis d'autant plus sentie mal pour lui. Si j'avais pris ma part de responsabilités, il ne se serait pas retrouvé seul dans cette épreuve, il aurait eu son âme-sœur pour le soutenir. Dorénavant, je suis donc l'âme-sœur en fuite de la personne la plus puissante de la planète.

Cass m'en a beaucoup voulu de l'avoir forcée à abandonner sa vie et en plus de trahir la famille Alpha mais elle a finie par me pardonner en prenant conscience d'à quel point la situation me torturait.

Je me suis plus ou moins coupé du monde concernant les gens de mon nouveau lycée. Je n'ai pas cherché à me faire de nouveaux amis ou à trouver un petit copain. Et si pour les premiers la raison est simplement que j'avais peur qu'ils découvrent qui je suis réellement, pour les relations amoureuses, la vision d'Alex me hante encore. Je ne me suis plus sentie attirée par qui que ce soit de toute façon. C'est la part négative d'avoir voulu suivre les actualités d'Alex, n'importe qui parait pâle à côté de lui.

Je retourne tranquillement chez moi après avoir récupéré des papiers au lycée, les épreuves du bac sont finies et on attend tous les résultats avec impatience. Je dois avouer que j'ai dû travailler pour cette fois. Ma sœur qui trainait dans le salon en mangeant m'adresse un bref signe de tête et mes parents ne sont pas encore rentrés du travail. Je traverse ma chambre pour me placer à ma fenêtre où j'admire le paysage, complètement perdue dans mes pensées.

C'est pour ça que je crois rêver quand je sens des bras s'enrouler autour de moi pour m'attirer dans une étreinte. Je hoquette de surprise en voyant le visage d'Alex dans le reflet de la vitre.

-C'est pas possible...

Son contact reste léger, je peux donc me retourner dans ses bras et c'est bel et bien l'Alpha Suprême qui me fait face, qui me dépasse d'une tête donc c'est plus à son torse que je fais face. Il me regarde, on dirait qu'il attend ma réaction qui ne se fait pas attendre. Je me détache de ses bras et je me dirige vers ma porte pour m'enfuir. Toutes mes belles paroles sur les responsabilités s'envolent quand je me retrouve face à lui, même sans déployer son aura, son charisme est tellement impressionnant que j'ai l'impression de me liquéfier sur place.

Le bruit du verrou derrière moi se fait entendre, je suis prise au piège ! Je recule alors qu'il avance vers moi, le visage déçu de ma nouvelle tentative de fuite. Je recule jusqu'à taper le rebord de mon lit avec le dos de mes genoux. Je ne parviens pas à détacher mon regard de son visage, pas plus que lui du mien. Quand il s'approche un peu trop, je trébuche en arrière mais au moins je peux continuer à reculer sur le lit. Enfin, jusqu'à ce que mon dos cogne contre le mur...

Alex grimpe sur le lit jusqu'à arriver à côté de moi, il a l'expression la plus douce que je n'ai jamais vue alors que la mienne ne doit exprimer que la crainte. Il lève lentement une main à mon visage qui est très, trop, proche du sien et vient la poser sur ma joue en murmurant.

-Laura, je ne te ferais jamais aucun mal, tu n'as pas à avoir peur. Je te le promets.

Sa voix me fait fondre et j'aimerais tellement pouvoir lui expliquer que ce n'est pas de lui dont j'ai peur mais de ne pas me montrer digne de ce qu'on attend de moi. Ma gorge est trop sèche pour que je dise quoique ce soit.

Je baisse la tête, j'aurais presque préférer qu'il m'engueule d'être partie, là, je n'arrive même pas à supporter son regard. Il me déstabilise au plus au point, il est trop expressif et voir toute cette affection pour moi ne fait que me rappeler que je suis incapable de lui retourner.

Avec une extrême délicatesse, il attrape mon menton entre son pouce et son index pour que je relève la tête vers lui. J'entrouvre les lèvres pour tenter de dire quelque chose mais je n'en ai pas le temps.

Ma porte claque d'un coup contre le mur et mon père rentre dans la chambre en furie.

- Ecarte-toi de ma fille. Alex se lève et se met face à mon père avec toute la prestance de quelqu'un qui se sait puissant. Dans les faits, il peut faire plier mon père rien qu'avec son aura mais il n'essaye pas.

-C'est mon âme sœur. Il est sur la défensive mais il reste calme face à mon père.

-Je n'en ai rien à foutre, c'est de ma fille dont il s'agit. Sortez. Mon père a beau être humain, sa voix sort plus comme un grognement qu'autre chose. Je sens tout comme mon père, que l'aura d'Alex commence à se déployer dans la pièce comme un avertissement silencieux et je préfère m'interposer avant que cela ne dégénère.

-Ça va aller papa, il veut juste que l'on discute. Il le foudroie toujours du regard mais ne dit pas un mot. Je rajoute pour Alex. Il y a un fauteuil si tu veux t'asseoir. Je lui désigne celui à l'autre bout de la pièce, de cette façon, il y a une distance respectable entre nous deux, même si avec sa vitesse de loup garou il peut la combler en un instant.

Mon père lance un dernier regard menaçant à l'Alpha puis sort de la pièce. Celui-ci va s'asseoir sur le siège pendant que je m'assois en tailleur sur mon lit, assez mal à l'aise mais je ne suis plus à deux doigts de la crise de panique. J'ai réussi à reprendre mes esprits mais j'attends tout de même qu'il parle le premier.

-Il faut que tu viennes avec moi Laura.