Je tourne la tête en entendant la voix de Don mon frère. Il m'a dit tout à l'heure qu'il viendrait me chercher à l'aéroport. Bien qu'au départ, j'étais réticente, j'ai quand même fini par céder. C'est celui avec qui je m'entends plus ou moins bien.
Je me contente juste de marcher vers lui en tirant l'une de mes valises tandis qu'il vient aussi à ma rencontre. Quand j'arrive à sa hauteur, il me fait un câlin ému.
Don : Ça va sœurette ? Ça fait longtemps.
Moi : (sarcasme) Wouahh... Ce n'est pas si cher de prendre un billet d'avion si je te manquais tant que ça.
Don : (souffle) C'est vrai... Désolé.
Bon après, il est quand même venu me rendre visite quelques fois en France donc ça va.
Moi : Mouais...
Don : On y va ?
Moi : À la maison ?
Don : Ouais. Où voulais tu aller ?
Moi : Bah non. Je vais pas là bas.
Don : (perdu) Co... Comment ça t'y vas pas ?
Moi : Je vais poser mes affaires à l'hôtel. J'avais déjà réservé une chambre à laquelle j'ai faite envoyer le reste de mes valises.
Don : (confus) Okay mais... pourquoi pas à la maison ? Ça aurait été plus simple d'aller vivre là-bas, non ?
Moi : Je ne veux pas avoir ton père sur le dos à longueur de journée, j'aime bien ma liberté... Et en plus, je ne suis pas sûre d'être d'accord avec ce qu'il prévoit pour moi à moins qu'il n'accepte mes conditions. Ce dont je pense est improbable le connaissant. Ceci dit, pour le moment, je ne veux pas qu'il sache où je loge donc s'il te plaît... Ni maman et les autres parce que ça reviendrait au même.
Don : Ah, je vois.
Moi : Bon on y va ?
~Ellipse du passage à l'hôtel...
~Maison Denoire...
Nous venons d'arriver à la maison avec Don. Il a prévenu mes parents qu'on venait. Le fameux dîner avec la famille de son associé, c'est apparemment demain. Si je suis venue aujourd'hui c'est déjà pour entendre ce que mon père a à dire et négocier. S'il accepte mes conditions tant mieux, sans quoi il n'y aura pas de mariage. En arrivant au séjour, je peux déjà entendre les voix de mes sœurs et ma mère qui discutent joyeusement. Elles sont déjà mariées, mais avec des hommes de leur choix. Étonnamment les supposés gendres ont su trouver grâce aux yeux de sa Majesté Impériale David Denoire, monsieur mon père. Je n'avais pu assister à aucune des deux cérémonies parce qu'elles se déroulaient ici. Il n'y a que Don et moi qui ne le sommes pas encore. Voilà que maintenant, il veut me vendre. Ah...
En entrant, j'affiche un petit sourire.
Moi : Wow...! Eh bien... Quel honneur, vous me faites d'être là en ce jour pour m'accueillir. J'en ai presque la larme à l'œil.
Dis-je en faisant en même temps une révérence pour accompagner mes mots. Ces dernières se sont tues instantanément.
En entrant, j'ai vu que papa aussi était dans la pièce, mais j'ai fait genre.
Maman : Hé... Ma chérie, tu as fait bon voyage ? Tu m'as manqué.
Dit-elle en se levant de son siège pour venir me faire la bise quand j'arrive à leur hauteur. Je la laisse faire, mais au moment où elle recule, je lâche :
Moi : La France, ce n'est pas à l'autre bout de la galaxie que je sache. Tu aurais pu venir me voir quand tu le voulais. Ce n'est pas l'argent qui manque.
Roselyne : Vénus !
Moi : "Aroha" très chère. Je préfère nettement ce prénom-là à l'autre... Enfin, ça ne fait rien.
Dis-je en me laissant tomber sur le fauteuil en face de mon père qui me dévisage.
Moi : Bonsoir Sa Majesté Impériale D. Denoire... Si je suis venue, c'était pour entendre ce que vous aviez à me dire. Comme vous devez certainement le savoir, je suis une personne assez occupée. Et le temps, c'est de l'argent... Donc ?
Il fronce les sourcils puis soupire.
Papa : Pouvez-vous nous laisser seuls un instant ?
Oh... Une discussion en tête-à-tête.
Ma mère tout comme mes sœurs le regardent puis se lèvent s'apprêtant à partir.
Don : Papa...
Papa : Toi aussi vas-y. Je dois discuter seul avec ta sœur.
Don : Mais...
Il me regarde hésitant.
Moi : Vas-y Don. On va juste discuter... Par contre, demande à ce qu'on m'apporte un thé glacé. J'ai la gorge un peu sèche.
Il acquiesce puis finit par partir aussi. L'une des domestiques de la maison m'apporte le thé puis repart.
Je reporte donc mon attention sur papa et m'assieds convenablement.
Moi : Je vous écoute monsieur.
Papa : Papa.
Moi : Là pour l'instant, je ne vous vois pas comme ça, désolée. Vous essayez de me vendre sans mon accord alors bon...
Papa : Qui parle de te vendre au juste ? Ça n'a rien à voir !
Moi : Ah...
Je me penche légèrement en appuyant mon menton sur mes mains entrelacées mon regard posé sur lui.
Moi : Alors pourquoi vouloir me marier à un inconnu ? Qui plus est le fils d'un de tes associés...
Il se contente de me fixer.
Moi : J'ai mon travail.
Papa : Ce n'est pas un travail ça Vénus.
Moi : Aroha.
Papa : (soupire) Vénus, c'est aussi ton prénom que je sache.
Moi : Oui mais non. Je ne préfère pas l'entendre ici dans votre maison. Vous n'avez jamais cru en Vénus donc elle n'existe plus pour vous.
Papa : Pourquoi tu reparles de vieilles histoires maintenant ? C'était réglé, il me semble.
Vieilles histoires ? Ha !...
À cause du fait que personne n'ait jamais cru en mon innocence, j'ai dû vivre loin d'ici pendant longtemps comme une exilée et il parle de "vieilles histoires" ? Il ne sait même pas s'excuser d'avoir douté de sa fille à tort. C'est même à se demander s'il a fini par comprendre que je n'ai jamais rien fait de tout ce dont on m'accusait.
Papa : Vénus...
Moi : Aroha.
Papa : (soupire) Aroha, tu sais déjà pourquoi tu es ici n'est-ce pas ?
Moi : Je ne me marierai pas...
Il soupire une énième fois.
Papa : Ce n'est pas une union à vie. C'est juste pour cinq ans.
Moi : Quand bien même, je ne veux pas ! Après cinq ans liée à un homme dont je ne sais rien, qui sait si je pourrais reprendre ma vie
normalement après.
Papa : Mais Liam Miller est un garçon fiable Aroha... Tu me crois capable de te confier à un homme qui te ferait du mal ?
Je roule des yeux en croisant mes bras sur ma poitrine.
Moi : Ça reste quand même un inconnu. Tu n'as jamais vécu avec lui à ce que je sache.
Il n'ose rien me répondre.
Moi : Papa, j'aimerais continuer à vivre ma vie normalement. Continuer mon travail... Tu crois que cet homme me l'accordera ?
Papa : (soupire) Aroha ce n'est pas un travail convenable et tu le sais.
Bien-sûr... Il dit toujours ça.
Moi : Si je dois vraiment épouser cette personne et divorcer au bout de cinq ans, qu'est-ce que j'y gagne moi ?
Papa : Aroha...
Moi : Je veux être rémunérée annuellement !
Il me regarde, choqué.
Moi : Si je dois renoncer à ma vie, ma liberté pour un inconnu alors, je veux au moins une compensation pour ça ! Au moins comme ça après ces cinq années, je pourrais refaire ma vie comme je le souhaite.
Quitte à me vendre, autant que j'y gagne aussi, non ?
Papa : Mais... (soupire) Ahh... Combien ?
Il est vraiment prêt à tout pour me vendre. Franchement... Je ne pouvais pas être plus déçue que ça. D'accord... Dans ce cas, je n'aurais pas non plus de remords vis-à-vis de lui-même si c'est mon père.
À suivre...
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Bisous 💋