Chapitre 2 Présentation

Je m'appelle Daisy, j'ai 30 ans, toutes mes dents, un mari formidable, deux enfants aussi terribles qu'adorables, un travail alimentaire mais des collègues en or, une famille éclatée mais présente autant que faire se peut. Bref, je ne manque de rien (à part de sommeil, d'argent et de reconnaissance). Et pourtant...

J'ai cette furieuse envie de me sentir femme, désirée, séduite et comblée.

J'ai rencontré mon mari au lycée, assez banal comme rencontre, nous étions jeunes et beaux. Lui grand, blond, cheveux longs, yeux bleus, sportif, plutôt discret. Moi, petite, brune, cheveux courts, yeux verts, bien proportionnée, très extravertie.

Je l'avais déjà croisé plein de fois au lycée mais il avait essayé de sortir avec une de mes copines de l'époque. Il était présent à une soirée chez un copain que nous avions en commun. J'ai saisi l'occasion, l'ai dragué, il m'a embrassé et nous ne nous sommes plus jamais quittés. À la base on voulait juste se pécho qu'on se le dise.

Mais il s'est passé un truc. Ce truc qui te fait dire que oui effectivement, l'amour avec un grand A existe peut-être. Que ce n'est pas si bête de penser rester jusqu'à la fin de sa vie avec la même personne.

Il m'a montré ce que c'était d'aimer sans condition, à la vie à la mort.

Nous avons deux caractères totalement opposés mais c'est ce qui fait notre force, on se complète. Et puis comme je suis une femme de caractère, il faut quelqu'un qui sache me remettre à ma place quand il le faut. Bon parfois, il abuse quand même, je ne suis pas un démon non plus mais faut pas trop me titiller...

On avait beaucoup de rêves mais pas un sou. On rêvait de grands espaces, on rêvait de cocktails à volonté et de cocotiers, on rêvait d'architecture démentielle et de gratte-ciel, on rêvait du bout du Monde et on a appris à voyager grâce aux cartes postales, aux séries Netflix, et à la mappemonde.

Le seul voyage que nous avons eu l'occasion de faire était notre voyage de noces, la Sardaigne. Magnifiquement sauvage, indomptable, avide d'aventure et ayant soif de liberté... ça nous correspondait plutôt bien.

Et puis, on a voulu acheter une maison, avoir quelque chose qui nous appartient.

Enfin pendant les 25 premières années ça appartient surtout à la banque, mais bon on voulait se lancer. Un investissement sur du long terme comme une promesse que l'on se fait de rester mariés au minimum le temps de la durée du crédit... On a mis plusieurs années à trouver LA maison, celle qui aurait la lourde tâche d'accueillir notre famille au grand complet, de supporter les crises de rire, de larmes et de colère. Qui serait notre lieu de fête pour les bonnes nouvelles mais aussi notre lieu de réconfort pour les moins bonnes. Les murs qui verront grandir nos enfants, à l'époque inexistants, qui connaîtront les premiers mots, les premiers pas, les premières bêtises, les premières chutes... Bref, un membre à part entière de notre modeste famille.

On avait un mini-budget mais de grandes exigences, il fallait être à la hauteur de la tâche !

Au bout de trois longues années de recherches et de péripéties en tout genre, nous avons trouvé notre petite perle.

Et nous avons décidé d'essayer de faire un bébé, à nous les séances de sexe intensif et enthousiasmant ! Ah en fait non, je suis tombée enceinte tout de suite... même pas un retour de règles après l'arrêt de la pilule.

Fini la baise, bonjour la nausée ! Regain de libido au deuxième trimestre ! Yesssss ! Mais franchement avec le gros bidon, la rétention d'eau et le dos douloureux il faut vraiment en avoir envie... (je parle pour Monsieur là !).

Puis notre fils est né, un petit blondinet aux yeux bleus, le portrait craché de son père, aussi têtu que lui et aussi caractériel que sa mère...

Les premiers mois ont été sport, nous avons découvert les nuits sans sommeil, les coliques, les vomis en jets, les cacas jusqu'aux omoplates... Mais aussi sentir son petit cœur battre contre notre peau, aimer ce petit être qui était le prolongement de notre amour, de notre histoire.

Du coup, 9 mois après, je tombe enceinte de la petite sœur. Le premier étant tellement réussi que cela aurait été criminel de le laisser seul. Une petite chauve aux yeux verts en amande, et qui refusa de faire ses nuits jusqu'à ses 3 ans... Petit ange !

Inutile de vous dire que la vie de couple dans ces cas-là, n'est plus vraiment une priorité.

La priorité c'est la survie : dormir et manger ! Éventuellement garder un semblant de vie sociale quand c'est possible, avec tes potes parents car les autres, pour la plupart, ne comprennent pas que tu passes le peu de ton temps libre à dormir pour essayer de récupérer. Il y a ceux qui pensent que les enfants c'est contagieux aussi. Et ceux qui t'invitent à des soirées ou en after alors que la seule chose que tu es capable de faire c'est d'avoir les cheveux propres une fois toutes les deux semaines pour aller acheter des plats préparés chez Picard...

Maintenant les enfants sont plus grands et les problèmes ne sont plus les mêmes...

J'arrive à avoir les cheveux propres au minimum une fois dans la semaine, mais je suis à la fois maître d'hôtel, gouvernante, institutrice, assistante, infirmière, taxi... Bref le nombre de casquettes est relativement important. Et du coup le temps (pour moi toute seule) est quasiment inexistant et le temps pour nous, Gauthier et moi, très très rare.

On profite de l'occasion quand une tata ou une mamie veut bien les prendre mais malheureusement on trouve toujours le temps trop court. On ne peut pas faire tout ce qu'on aimerait rien qu'à deux...

Parfois je laisse mon esprit vagabonder dans le passé, quand nous n'étions que lui et moi envers et contre tout (et tous).

Quand la seule préoccupation que nous avions était de savoir ce qu'on ferait à manger ou la prochaine sortie qu'on aimerait faire. Et le sexe alors... mon Dieu ! C'était quand même autre chose !

On était jeune, du coup à part les premières fois ratées on s'est découvert et on a découvert le champ des possibles ensemble !

Heureusement qu'à l'époque j'étais relativement mince et souple, ça aide pour la découverte du KamaSutra.

Que c'était bon, tout le temps, partout, l'extase à l'état pur...