L'envie de ne plus être moi et de me retrouver dans le corps de quelqu'un d'autre m'a traversé l'esprit un nombre incalculable de fois. Je ressens toujours le besoin de m'assimiler aux autres étant donné que ma personnalité n'est pas à envier. Contrairement aux filles de mon âge, je n'ai pas hérité d'une longue et lisse chevelure mais plutôt d'un amas de paille qui a sa volonté propre : indomptable. Au lieu d'avoir une démarche fine et un corps proportionnel, je possède plutôt une démarche d'éléphant et un corps beaucoup trop voluptueux au niveau du bassin.
L'ensemble de mes défauts prendraient plus d'une éternité à décrire. D'ailleurs, je ne m'en préoccupais même pas avant. Avant lui.
C'est tellement pathétique de vouloir changer de vie pour une seule personne. Pour un homme. Pourtant, je ne le considère pas comme n'importe qui. C'est lui. Malgré le fait que je sache que je ne vaut rien et que je ne l'atteindrai jamais, mon coeur s'entête à ne battre que pour lui, mes yeux ne cessent de le scruter lorsqu'il est dans mon champ de vision et mon cerveau ne cesse de penser à lui ; malgré son comportement exécrable. Quand je l'ai rencontré l'été de mes 16 ans, je dois avouer que je ne l'appréciais vraiment pas. Je ne sais d'ailleurs pas ni pourquoi ni comment j'en suis arrivé là. C'est un véritable coureur de jupons obsédé par la beauté physique. Il joue avec toutes les filles qui lui tombent sous le bras et n'hésite pas à rabaisser toutes les personnes qui sont contre lui, qui ne correspondent pas à ses critères, mais je suis quand même tombée amoureuse d'une personne pareille. Et peu importe à quel point j'ai essayé, je n'arrive pas à me détacher de lui. J'avais pensé à lui avouer mes sentiments, de me faire frapper et de me retrouver hospitalisée parce que je savais qu'on n'allait plus jamais se revoir.
Mais quand ma mère m'a fait changer de lycée et que je me suis retrouvée par le plus grand des hasards dans le sien, j'ai tout de suite abandonné l'idée. Je pensais vraiment que ce n'était qu'un crush que ça allait me passer, pourtant ça allait au-delà, je ressentais pour ce garçon une attraction inexplicable, comme si j'avais été victime d'un sort.
Le jour se lève enfin et quelques rayons de soleil sont filtrés par les stores de la fenêtre de ma chambre, je devais me préparer pour aller au lycée et rien que le fait de savoir que je pouvais le croiser faisait battre mon cœur au point de faire un arrêt cardiaque. Je fis rapidement l'essentiel et m'habilla assez simplement. Je sortis de ma maison puis pris directement la route du lycée, écouteurs dans les oreilles. Le lycée n'était qu'à 5 mn de chez moi et j'y arrivai très vite, mes amis m'attendaient déjà devant le portail et James, sûrement le plus hyperactif de nous 4, me fit un signe de la main tout en sautant sur place. Je m'approchai donc d'eux tout sourire. -Hey salut! -Comment tu vas aujourd'hui? me demanda l'hyper-actif
-Comme d'habitude j'imagine
-Vas-y dis nous que t'as encore rêvé de lui... me questionna sans aucun tact ma meilleure amie
Sara est ma meilleure amie et on se connait depuis toujours. J'ai longtemps vécu chez elle lorsque mes parents me cherchaient un appartement dans cette ville. Ils avaient décidé que j'étais une grande fille et que je pouvais vivre seule. Après avoir passé des mois dans la famille de Sara, j'ai enfin pu déménager dans l'appartement que mes parents m'avaient offert. Elle sort avec Bryan, le deuxième garçon du groupe et adore me taquiner au sujet de mon coup de cœur. -Figure toi que je pensais à autre chose cette nuit
-Ah oui? Et quoi donc? -Je rêvais de toi. Je lui fis un clin d'oeil et elle sourit avant de lever les yeux vers le ciel en signe d'exaspération Bryan se plaça entre nous deux et l'air faussement vexé me menaça :
-Je t'arrêtes tout de suite y'a personne qui rêve de ma copine a part moi, rétorqua Bryan
-Je ne vois vraiment pas pourquoi je traîne encore avec vous. Sara soupira pendant que Bryan et moi on riait bruyamment, soudain elle afficha un sourire qui ne m'arrangeait pas du tout. La plupart du temps, lorsqu'elle affichait cette mine en particulier c'est parce qu'elle préparait un mauvais coup. Or, je ne pouvais pas prendre le risque de me faire ridiculiser au lycée sachant qu'il pouvait être n'importe où et me voir. -Qu'est ce que t'as à sourire comme ça? Lui demandais-je
-Pour rien du tout, dit-elle d'une voix qui se voulait innocente
J'essayais de lui arracher les vers du nez quand soudain elle s'approcha de moi et me poussa violemment. Sur le coup, je n'avais vraiment pas compris, je m'attendais à ce que mon dos heurte le bitume et que mon visage se déforme dans une grimace de douleur mais au lieu de cela, je sentis plutôt du coton. Je me tournai vers la personne qui avait, malgré elle, amortit ma chute et je tombai nez à nez avec mon prof d'histoire. -Je ne sais pas exactement ce qui se passe. Mais je vous prierai de vous relever car j'ai du travail, dit-il l'air embêté. -Oui! Veuillez m'excuser
En me retournant vers Sara j'étais rouge tant de gêne que de colère. Je lui avais parlé de cet homme. Il avait beau avoir plus de dix ans de plus que moi mais il me faisait du rentre-dedans, très subtile mais du rentre-dedans quand même. Bien évidemment, pas qu'elle l'encourageait à me courtiser mais elle aimait me voir en position délicate. Tout ce que j'espérais c'est qu'il ne pense pas que j'essayais d'attirer son attention. J'ai mis plusieurs mois avant de réussir à sortir de ses cours de remise à niveau ; où d'ailleurs j'étais la seule élève pourtant j'avais une moyenne plus que supérieure à son cours. -Je peux savoir pourquoi t'as fait ça? -Il y avait ton prince qui regardait par ici. Je voulais voir sa réaction
Je fis immédiatement volte-face pour essayer de croiser ses yeux vert émeraude, que je captai très rapidement, son visage était dur et ses pupilles se détachèrent très rapidement de moi, je ne savais plus comment réagir, mon cœur battait la chamade et mes mains transpiraient tellement, mes yeux n'arrêtaient pas de le regarder et ce même lorsque sa silhouette commença à se déplacer pour aller à l'intérieur du bâtiment. C'est alors qu'avec un coup de poing sur la tête, donné par James, je remarquai que la sonnerie avait retenti depuis plusieurs minutes et que tout le monde se dirigeait vers sa salle de classe et c'est là que sur le sol, je remarquai un carnet, son carnet, il avait dû le laisser tomber, d'habitude il ne s'en sépare jamais. Je le ramassai donc avec empressement et je le cherchais de mes yeux dans la foule d'élèves qui s'était formée sous les yeux surpris de mes amis. Alors que je le vis enfin, je décidai de le rattraper. Mais, lorsque je saisis sa manche pour l'interpeller et qu'il se retourna, l'expression pleine de dégoût qu'il me lança me faisait regretter cette action. Il me repoussa violemment en pestant. -Je t'interdis de poser tes sales mains sur moi la guenon. La prochaine fois je t'arraches les dents.