La petite, enveloppée dans un tissu épais, gémissait dans ses bras. Elle la serrait contre sa poitrine. Elle devait déjà être si fatiguée après toute cette course.
« Je suis désolée, mon bébé. Je suis désolée », a gémi la femme en accélérant ses pas.
Que devait-elle faire pour dépister les hommes derrière elle? La forêt était extrêmement sombre, juste une seule goutte du clair de lune l'aidé à se frayer un chemin.
Un léger sanglot lui a sorti de la gorge et soudain, elle a ressenti une douleur aiguë à la jambe, ce qui l'a fait tomber par terre.
« Aïe! ! », a-t-elle crié. Et une douleur insupportable a parcouru son corps.
Son bébé est tombé de ses bras et a roulé par terre, il a été tellement effrayé qu'il a commencé à pleurer.
« Oh, non! », a crié la mère, en pressant sa blessure à la jambe.
Elle pouvait constater qu'elle avait été touchée par une flèche, une flèche empoisonnée à la Sitos, l'un des plus grands poisons des sorcières. Personne ne pourrait y survivre... Personne!
Son bébé.... Son bébé....
Malgré les douleurs, la mère a rampé à côté de son bébé, l'a attiré près d'elle et l'a placé contre sa poitrine alors qu'elle s'allongeait sur le dos. Sans aucun doute, les hommes pourraient la rattraper en ce moment.
« Tout est fini pour toi, Ayita », lui a soudainement dit une femme d'une voix menaçante.
À ce moment-là, elle a su que c'était elle, elle a su que la flèche empoisonnée venait d'elle.
Elle a levé les yeux et l'a vue se tenir là dans l'obscurité, vêtue de sa longue robe noire, si longue qu'elle balayait le sol.
« Lura, s'il te plaît... », a supplié la femme par terre.
« Tu penses vraiment que tu peux t'échapper au jugement, Lura? », a-t-elle dit en serrant les dents.
« Tu pensais être assez intelligente pour t'échapper à la sanction de ta bêtise? »
Des sanglots ont serré la gorge d'Ayita.
« Mon enfant n'a rien à voir avec ça... S'il te plaît, ne lui fais pas de mal.... »
« Au contraire, ta fille a tout à voir avec ça! » Un éclair a fendu le ciel alors que Lura parlait avec colère.
« Ta fille, Ayita, est une malédiction. Elle l'est devenue depuis le jour où tu l'a faite avec un de nos ennemis. Tu en as enfreint une de nos règles sacrées, Lura! Toi et ta fille hybride devez en payer le prix! »
« Elle ne sera pas un souci. Je suis sûre. S'il te plaît, Lura, tu dois me croire... »
« Tu es une sorcière, Ayita, une de meilleures d'entre nous. Tu n'aurais pas dû tomber amoureuse d'un ennemi et pire, avoir un enfant avec lui. Tu m'as déçue! »
« Non, je t'en prie... »
« Trêve de bavardage, Ayita! » Ayita a poussé des rugissements vers le ciel, un éclair a de nouveau sillonné la nue.
Les hommes derrière étaient déjà arrivés à son côté et se sont tous arrêtés pour les regarder.
« En tant que Reine des Sorcières Océaniques de l'Ouest, je vous condamne toi et ta fille, à la mort. » En prononçant sa sentence, Lura a tendu la main dans la direction d'Ayita et c'est à ce moment-là qu'Ayita a su que sa vie était sur le point de prendre fin, si elle ne faisait pas quelque chose.
La seule chose qu'elle pouvait faire était de combattre Lura. Mais avec le poison dans son corps, utiliser son énergie la viderait et la tuerait certainement. Mais son bébé... Elle n'avait pas le choix.
Alors que Lura était sur le point de sortir sa baguette magique, Ayita a poussé un grand cri, qui a provoqué un orage cette fois-ci.
La frisson du sol a fait trembler les arbres.
Lura était bouleversée. « Ayita! », a-t-elle hurlé. Puis elle a rapidement libéré les pouvoirs de sa baguette, mais il était déjà trop tard, car un vent l'a poussée très loin jusqu'elle était jetée contre un arbre, ceci était coupé depuis la racine.
Les hommes autour n'ont pas été épargnés.
Personne n'allait y survivre ; Ayita en était certaine.
Et quelques minutes plus tard, tout l'endroit est devenu calme et silencieux. On n'entendait que la stridulation des grillons, et le cri aigu de la petite.
Ayita pouvait sentir toute sa force se fuir de son corps. Sa main pouvait à peine tenir sa petite à côté d'elle.
« Je t'aime, mon bébé », a-t-elle marmonné faiblement et finalement, ses yeux se sont fermés.
*
*
*
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23 ans plus tard
« Sois rapide avec ça, Shilah! Tu es si lente », a-t-elle maugréé de la table où elle était assise.
« Elle marche comme un escargot... »
Shilah, 23 ans, n'a rien dit alors qu'elle descendait les escaliers grinçants jusqu'à la salle à manger archaïque où le reste de sa famille était confortablement assis, certains mangeant déjà.
« J'espère que tu as mis assez de sauce? », a demandé l'autre, mais la naïve Shilah n'a toujours rien dit.
Ses yeux étaient baissés vers le sol alors qu'elle se dirigeait vers la salle à manger où il y avait 6 personnes : son père, sa mère, trois demi-sœurs et un seul demi-frère.
« Désolée, j'ai mis du temps. J'ai dû la réchauffer », a déclaré Shilah alors qu'elle se tenait enfin devant la salle à manger et Ina, qui avait demandé la sauce, la lui a arrachée brutalement.
« Tu devrais être désolée. » Ina a baissé ses yeux sur son assiette et a commencé à manger, une mèche de ses cheveux tombant sur son œil gauche.
Il y avait environ sept sièges en tout autour de la table dont seuls 6 étaient occupés, mais Shilah savait que le 7ème siège n'était pas pour elle.
« Je pense que c'est tout. Tu peux partir », a soudainement dit sa belle-mère, en faisant signe à Shilah de partir. Et avec humilité, Shilah s'est inclinée et a commencé à s'éloigner.
« Pourquoi ne vient-elle pas simplement nous rejoindre? Du moins, pour aujourd'hui? », a demandé Vanessa, sa deuxième sœur et Shilah s'est arrêtée de marcher, attendant une réponse.
Manger avec eux... ça aurait été sympa.
« Qu'est-ce qui ne va pas chez toi, Vanessa? Pourquoi mangerait-elle avec nous? » C'est une table conçue pour de vrais loups, pas pour une fausse, qui se fait passer pour une louve », a rétorqué Ina. Ses paroles ont déchiré le cœur de Shilah.
« Ina...! »
« Quoi? », a répondu Ina avec méprise. « Je n'ai pas dit n'importe quoi, n'est-ce pas? Tout le monde le sait, même si elle-même. Shilah est la seule louve qui ne s'est pas transformée. C'est la seule louve qui n'a pas même une seule capacité. Elle est juste bonne à rien, comme un simple humain. Si ce n'était pas que papa prétend qu'elle est la fille de sa première femme, j'aurais juré qu'elle n'est pas de cette famille, en tout cas pas de la lignée des loups! »
« Ça suffit, Ina », est intervenu leur père. Puis il s'est tourné vers Shilah qui était maintenant pâle.
« Tu devrais partir. »
Déprimée mais sans rien dire, Shilah s'est retournée et est partie.
Son cœur était lourd et ses yeux étaient remplis de larmes, mais elle faisait son mieux de ne pas laisser couler. Elle devait marcher prudemment de peur de trébucher.
« Qu'est-ce qui ne va pas chez toi, Pia? Tu as l'air mal à l'aise », a-t-elle entendu sa belle-mère dire par derrière.
Elle n'a pas pris la peine de se retourner pour les regarder, car elle pouvait encore les entendre clairement.
« Je... Je pense que ça va aller. Je me sens juste un peu malade », a répondu Pia d'un air étourdi.
C'était la plus jeune fille de la maison.
Les escaliers étaient un peu loin de la salle à manger, mais Shila n'a pas y profiter pour les écouter, elle s'est dirigée directement vers les escaliers et est montée doucement.
Elle s'est d'abord dirigée vers la cuisine, a pris son repas et s'est rendue dans sa chambre agréable mais isolée.
Ce n'était pas le genre de chambre habituel où l'on voit un lit, une armoire, des chaises. Pas du tout. La seule bonne chose que Shilah avait dans sa chambre était son lit.
Son appétit était complètement disparu. Finalement, elle a mis à côté l'assiette en bois sur la table et est allée s'asseoir sur le lit.
Une bonne chose qu'elle aimait à propos de son lit, il était si proche de la fenêtre et lui donnait la facilité de profiter d'un peu d'air frais.
Ainsi, de sa fenêtre, elle a regardé dehors pendant un certain temps, souhaitant que ses soucis s'envolent avec le vent, mais malheureusement, ce n'était pas le cas.
Hélas, elle n'avait qu'un seul ami, une seule personne à qui elle pouvait parler.
Elle s'est détournée de la fenêtre pour se diriger vers le lit, prenant la poupée qui l'attendait.
Oui, c'était le seul ami qu'elle avait : une poupée, un jouet.
Elle a souri en caressant les cheveux jaunes et maigres de sa poupée. Ses faux yeux la fixaient. Enfin, peut-être ce n'était pas vrai, mais elle voulait désespérément croire qu'elle la regardait.
« Ils ne m'ont pas permis de manger avec eux dans la salle à manger aujourd'hui, comme d'habitude », a-t-elle commencé.
« Vanessa a essayé de les convaincre... Mais ils n'ont pas voulu l'écouter. »
Elle s'est arrêtée et a fait un soupir profond.
« Pourquoi suis-je si malheureuse? », a-t-elle demandé, sa voix tremblant un peu.
« J'aimeras que... j'aimerais que quelqu'un puisse me l'expliquer, expliquer pourquoi je suis la seule à ne pas avoir les capacités de loup, pourquoi je suis une louve, mais que je ne me sens pas comme telle. Suis-je maudit ou quelque chose comme ça? »
Elle a fait une pause et a reniflé.
« J'aimerais que ma mère soit en vie, Peut-être que je n'aurais pas à subir tout ça. »
La porte s'est soudainement ouverte et Ina a fait irruption.
Shilah a été surprise au dépourvu. Pourquoi cette entrée soudaine? Avait-elle déjà fini de manger?
Ina avait le visage gribouillé et regardait fixement Shilah qui tenait toujours la poupée dans sa main.
« Y a-t-il un... problème? », a décidé de demander Shila.
« Même s'il y en a, tu ne pourras qu'être le moindre de mes soucis », s'est moquée Ina.
« Quoi qu'il en soit, je suis juste venue te dire de te préparer, parce que tu dois m'accompagner au marché pour acheter des produits alimentaires, puisque le Roi Alpha a décrété une "Journée sans mouvement " demain. Ne me fais pas attendre. »
Et après avoir dit cela, Ina s'est retournée et est partie.
« Le Roi Alpha », a pensé Shilah en regardant fixement sa poupée.
Il s'agissait de l'Alpha supérieur, qui faisait peur à toutes les âmes autour de la montagne.
Elle se demandait ce qui allait se passer le lendemain et pourquoi l'Alpha avait décrété une « Journée sans mouvement », un jour où tout le monde resterait chez lui sans en sortir pas du tout.