Libre et insouciante, ma vie à Lisbonne était un rêve bohème, loin des vignobles bordelais et de l'emprise de mon père. Jusqu'à cet appel téléphonique insistant, cette voix glaciale qui me sommait de rentrer : « Tu as le choix, Amélie... ou ton héritage. » C'était le début de la fin de ma liberté.
Mais mon père avait une autre idée en tête pour me « discipliner ». Au lieu de Bordeaux, je me suis retrouvée à Lorient, en Bretagne, jetée dans l'enfer d'un camp des Commandos Marine. Là, j'ai rencontré le Capitaine Étienne Valois, l'homme de glace que mon père chargeait de me "mater". Un homme que j'ai d'abord détesté, puis, malgré moi, dangereusement désiré.
Les jours étaient faits de souffrance, ses rejets constants me brisaient. Mais le coup de grâce vint un soir de tempête bretonne. Lors d'une mission en mer, notre zodiac a chaviré, et en pleine eau glacée, j'ai vu Étienne lancer la bouée de sauvetage. Non vers moi, mais vers Chloé, ma demi-sœur, sa fiancée. C'était l'ultime trahison, l'abandon total.
À ce moment précis, j'ai compris. J'étais invisible. Une nuisance. Un fardeau. Toutes ces émotions, cet espoir fou que j'avais nourri pour lui, se sont transformés en une douleur déchirante, puis en une indifférence totale, presque apaisante. Comment pouvais-je rivaliser avec une « dette de vie », avec le sourire qu'il n'avait que pour elle ?
C'est là, trempée par l'eau glacée, le cœur transpercé par la dévastation de son choix, que j'ai pris ma décision. J'ai décroché mon téléphone, appelé mon père et prononcé les mots qui allaient changer ma vie : « J'accepte le mariage. Mais je veux mon héritage. Maintenant. » Le jeu était terminé. Maintenant, c'était mon tour de jouer.