Aaron savait qu'il ne pouvait pas refuser. Il prit le premier vol pour la Russie, le cœur lourd, laissant derrière lui ses amis et sa liberté, sachant que son père ne reculerait devant rien pour imposer sa volonté à son fils.
Après des heures de vol, Aaron débarqua à l'aéroport de Russie où une vingtaine d'hommes musclés en costard noir et lunettes noires l'attendaient. Il couvrit son visage de sa main droite et se baissa pour passer inaperçu.
Arrivant à la troisième voiture, Vlad, abréviation de Vladimir, ouvrit la portière arrière pour lui. Aaron s'installa à l'intérieur.
"Mon père est-il à la maison?" demanda-t-il au chauffeur.
"Non Monsieur, il est à la compagnie."
"D'accord. Merci."
Le chauffeur observait Aaron d'un regard perplexe. Habituellement, les patrons ne se soucient guère de leurs employés, encore moins être reconnaissant car le fait de payer leur salaire le faisait penser qu'ils avaient tout droit sur eux, encore plus dans le monde des mafieux. Le chauffeur se dit intérieurement qu'Aaron allait rencontrer des difficultés au sein de leur organisation.
Après une heure de trajet, ils arrivèrent devant un majestueux manoir qui ressemblait presque à un château de par sa grandeur. Un vaste jardin s'étendait à perte de vue.
Ils avancèrent jusqu'à la maison, et là, devant la porte, la mère et les sœurs d'Aaron, les yeux embués de larmes, se tenaient à l'attendre. Ses sœurs se précipitèrent vers lui, le prenant dans leurs bras.
Et puis, sa mère restait figée sur place, comme si elle peinait à réaliser que son fils bien-aimé était enfin de retour à la maison. Aaron s'approcha d'elle.
"Mère !" lui dit-il, et elle éclata en sanglots. Elle était tellement heureuse, neuf longues années s'étaient écoulées depuis qu'elle avait vu son enfant chéri. Dieu sait à quel point il lui avait manqué.
"Mère, arrêtez de pleurer. Vous allez tomber malade."
"Tu m'as tellement manqué, mon fils."
"Vous aussi, mère. Vous aussi."
Alors, sa mère le prit une nouvelle fois dans ses bras, tandis que la voix rauque de son père retentissait.
"Tu en as mis du temps." Aaron se retourna pour faire face à son père, habillé de la tête aux pieds de noir. Ses yeux bleus perçants semblaient pénétrer l'âme d'Aaron, l'intimidant depuis son enfance.
"Bonjour, père," dit Aaron presque sèchement. Il aimait son père et avait envie de le serrer dans ses bras, mais la crainte de se faire rejeter l'en empêchait. Mais contre toute attente, son père lui dit :
"Viens dans mes bras, mon fils," et ils s'étreignirent.
Après quelques minutes, ils entrèrent dans la maison. Myra et Kira escortèrent joyeusement leur frère jusqu'à sa chambre, qui était restée inchangée. C'était une grande pièce sombre située au deuxième étage, où rien n'avait bougé depuis neuf ans.
" Déballe tes affaires et viens prendre le dîner, nous t'attendrons en bas", lui dit Mira, l'aînée des triplets.
Aaron, Mira et Kira étaient des triplets. Mira était l'aînée, suivie d'Aaron, et Kira était la cadette. Ils se ressemblaient tellement, à l'exception du fait qu'Aaron n'avait pas de taches de rousseur et avait les yeux bleus comme leur père, tandis que les filles avaient les yeux verts comme leur mère.
En termes de beauté, Aaron surpassait même ses sœurs. Sa peau était immaculée, d'une blancheur telle qu'il semblait presque être un albinos. Ses sourcils, ses cils et ses cheveux étaient d'un blanc éclatant, tandis que ceux de ses sœurs étaient blonds. Sa beauté était presque irréelle.
Dans sa chambre, Aaron constata que rien n'avait changé, même les livres qu'il avait lus avant son départ neuf ans plus tôt étaient toujours là. La chambre était restée dans le même état, juste plus propre.
La pièce était immense, assez grande pour loger vingt personnes ou plus. La salle de bain attenante était elle aussi spacieuse, avec des vitres transparentes. Après s'être dévêtu, Aaron prit une bonne douche chaude avant de descendre manger avec sa famille qui l'attendait.
Sa famille le regardait descendre l'escalier, le visage illuminé de bonheur, et Aaron sourit également, heureux de les retrouver.
Il prit place à table, à gauche de son père, en face de sa mère. Sur la table se trouvait tout ce qu'Aaron aimait : du chtchi, des côtelettes de poulet, du rassolnik... sa mère avait préparé ses plats préférés spécialement pour lui. Son père lui fit remarquer que c'était trop, qu'on aurait dit un festin de nouveau riche, mais sa mère, indifférente aux commentaires, se contentait de voir son fils heureux.
Alors qu'Aaron dégustait son repas, son père entreprit de lui poser des questions. Sa mère savait que cela finirait en dispute, elle leur demanda alors d'attendre la fin du dîner.
"Nous ne sommes pas des sauvages, des animaux" répliqua son époux, ne tenant pas compte de ses paroles.
"Alors, as-tu obtenu ton diplôme ?" demanda-t-il.
"Oui, père" répondit Aaron, et son père éclata de joie.
"Un diplôme en Management commercial opérationnel et un Master en gestion, je suis fier de toi, mon fils" dit-il en tapotant l'épaule de son fils.
Aaron avait menti à son père. Il avait en réalité choisi de poursuivre son rêve de devenir médecin alors qu'il était parti en Angleterre pour étudier la gestion d'entreprise. Cependant, il avait bel et bien un Master en gestion, ayant suivi deux filières à l'université.