L'Homme Qui a Capturé Ma Sœur
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Chapitre 4 Chapitre 4

– Déjà ? Tu peux rester encore un peu si tu...

– Ton mec avec qui tu sors depuis trois mois ? m'interrompt l'autre phobique de l'engagement.

– Quatre, presque cinq. Et, oui, on va s'installer à la campagne vers Arcachon. On voudrait ouvrir un refuge pour animaux. Je n'en peux plus de la ville, du bruit et de la pollution.

– Une colocation en plein centre de Paris, c'était pas la meilleure idée ducoup...

Salomé rigole silencieusement à mon petit résumé ironique.

– Merci pour la main tendue quand j'avais nulle part où atterrir. Mais vivre dans une cage à lapins pour un loyer démesuré, avoir un job pourri et sous-payé, vivre dans les fumées de pots d'échappement et le vacarme permanent, ce n'est pas pour moi.

– Alors que tout plaquer pour vivre d'amour et d'eau fraîche avec untype que tu connais à peine et aller vous enterrer dans un trou paumé, ça, c'est un plan d'avenir solide... marmonne Salami.

Je lui tapote l'épaule pour qu'elle redescende d'un cran. Lola a le droit de faire ses propres choix – aussi potentiellement stupides soient-ils.

– Vous ne croyez pas au grand amour, c'est ça ? rétorque cette dernière.

– Mon grand amour s'appelle Olympe Constant et on va vivre ensemblejusqu'à ce qu'on soit vieilles et incontinentes.

– Et propriétaires de deux ou trois restos parisiens, ajouté-je.

– Et aussi de quelques chats, il paraît !

– Vous vous êtes rencontrées comment, déjà ? demande Lola en s'asseyant à l'opposé de Salomé.

Qui dévore son omelette comme si sa survie en dépendait. Je me colle au récit :

– Elle venait de perdre sa mère, moi, mon mec et mon job de rêve lemême jour, je ne savais pas trop où aller, elle ne pouvait plus payer son loyer, elle m'a ouvert sa porte.

– On ch'est chauvées l'une l'autrche, résume celle qui a la bouche pleine. Ch'est ma ch'œur de cœur !

– C'était il y a trois ans, on est inséparables depuis. Une juive non pratiquante aux cheveux roux, presque orpheline et bi, une jeune cheffe antillaise qui venait de se prendre des années de remarques racistes et sexistes dans les dents et qui décidait de repartir de zéro. Franchement, qu'est-ce qu'on avait à perdre ?

– On n'avait plus rien, on s'est trouvé une famille ! confirme Salomé.

Elle déglutit après s'être brûlé la bouche en enfournant toute son assiette beaucoup trop vite.

– Trop bonne, ton omelettiflette, Œufs de Lump. Tu devrais l'ajouter à ton carnet de recettes secrètes.

– Quand je serai aussi célèbre et reconnue que la cheffe Victoire Ilunga,je dirai que c'est toi qui m'as tout appris, Salami.

– T'as intérêt !

– Connais pas, c'est qui ? marmonne Lola en s'étirant, pas convaincue.

– Une cheffe deux étoiles originaire du Congo, issue d'une famille dedix-sept frères, qui a fui la guerre dans son pays, est arrivée en Italie à 20 ans et a gravi tous les échelons jusqu'au sommet de la gastronomie italienne. C'est l'une des premières femmes noires à briser le plafond de verre dans ce milieu, mon idole absolue.

– Elles ont deux ou trois choses en commun, explique Salomé avec unpetit air entendu. Et de notre amitié fusionnelle est née cette colocation aux règles strictes : pas de mec, pas d'histoires, que des copines de galère, l'amitié avant tout le reste, sororité à mort !

Lola nous regarde d'un drôle d'air.

– Ça fait un peu secte, votre truc... Mais tant mieux si ça vous rendheureuses, hein !

– Heureuses, heureuses, pas la peine de sortir tout de suite les grandsmots ! réplique le salami qui commence à rosir d'énervement.

– En tout cas, je libère le Clic-Clac du salon demain, vous pourrez accueillir une nouvelle sœur avec un nom de bouffe.

La colocataire de passage quitte la cuisine en traînant des pieds et en secouant la tête. Salomé dégaine sa fourchette et lui balance une croûte de comté derrière la tête.

– Olympe... Je crois que je vais avoir besoin d'une deuxième petite omelette.

– Et une omelette pour la 12, une !

Mon avion se pose lourdement sur le Tarmac, bang, et je sens pile au moment de l'impact le fardeau de mon passé qui s'écroule à nouveau sur mes épaules, boum, de tout son poids, comme à chaque fois que je remets les pieds ici.

Ça vibre dans ma poitrine. Ça serre autour de ma gorge.

La France derrière le hublot. Paris. Et le cafard, déjà.

J'ai tout quitté à 18 ans, dès que j'ai pu laisser ma vie derrière moi.

Je ne suis revenu qu'une fois en dix ans. C'est la deuxième et peut-être celle de trop. Je n'ai pas vraiment envie d'être là. J'aimais bien cette existence, au bout du monde, cette errance sans être jamais retenu nulle part. Voyager de pays en pays, sans rien avoir à moi, bosser où on a besoin de mes mains, manger à ma faim, rencontrer des gens que je ne reverrai pas, partir, recommencer ailleurs. Aucune responsabilité. Aucun engagement. Personne à faire souffrir, à décevoir ou à abandonner.

Une voix mielleuse retentit dans l'avion immobile et nous demande de patienter encore un peu avant de pouvoir procéder à la sortie. Mon dos ne la remercie pas. Je garde les yeux fermés pour retrouver la plage paisible de Thaïlande que j'ai quittée il y a plus de vingt heures. Soleil couchant, odeurs sucrées, silence apaisant.

– Eh, pssst... Monsieur, tu dors ?

Une petite gosse blonde et bronzée m'enfonce deux doigts dans l'épaule.

– J'ai vu que t'as ouvert un œil, monsieur ! Hein que tu dors pas ?

– Bah, c'est-à-dire que ça fait un peu mal, ça. Donc plus maintenant.

– Tu rentres chez toi ou tu t'en vas en vacances ?

– Hum... je vivais en vacances. Et je rentre... je ne sais pas trop où.

– Je comprends pas quand tu parles. T'as quel âge ? Moi, 6 ans et demi.

Qui t'a offert ce bracelet ? Il est pas très beau, on dirait du bois tout abîmé.

– Merci...

– C'est ton amoureuse qui te l'a donné ?

– J'en ai pas.

– Tes parents, alors ?

– J'en ai pas non plus.

Pas tout à fait vrai, mais pas loin.

– Zoé, laisse le monsieur tranquille...

Mais Zoé fixe la femme blonde du coin de l'œil et se remet à me parler en chuchotant :

– Moi, j'en ai des parents, t'as vu ? Et même deux !

Elle lève ses yeux noisette malicieux au ciel, l'air de trouver que c'est la pire idée qui soit.

– Garde-les, ça peut servir, parfois.

– Mes parents ? Bah, j'ai pas le choix. Moi j'ai bu du lait de coco là-bas, et toi ?

– Moi, je le cuisine. Je connais même des recettes avec des insectes. Ça croustille à mort.

Les yeux malicieux s'allument.

– Comme des Coco Pops ?

– Plus !

– Pourquoi tes yeux à toi sont verts et un peu jaunes comme ceux d'uncrocodile ? Et ta barbe, c'est doux ou ça pique ? Et tes cheveux, ils sont super emmêlés, je vois bien que t'as des nœuds comme moi, mais si tu veux je te prêterai ma brosse qui fait pas mal. Et pourquoi tu souris jamais, même quand tu fais des blagues ? Et c'est quoi, ça, cette cicatrice sur ta joue ?

– Ça suffit, Zouzou, arrête d'embêter le monsieur avec tes questions, jet'ai déjà dit que ça ne se faisait pas.

La petite blonde soupire, se met à bouder et se tait quelques secondes, avant de me murmurer quand même :

            
            

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