« Elle est trop dangereuse pour te laisser libre, ma chérie. » Sa voix devint menaçante. « Elle pourrait te faire encore plus de mal. »
Romain fronça les sourcils. Son regard durcissait.
« Elle est une menace. » Il serra les dents. « Une femme qui abandonne ses amis dans le besoin, qui complote pour son propre profit... »
Ses mots étaient des poignards. Il s'acharnait sur les faiblesses qu'il pensait être les miennes. Mon honneur, ma dignité, ma réputation. Il voulait tout me prendre.
Il voulait me réduire à néant. Me faire regretter d'avoir respiré.
Dans ma prison de glace, j'avais lutté. J'avais griffé les murs, supplié qu'on m'entende.
Mais les murs étaient épais. Le silence, absolu.
Un jour, le gardien de l'entrepôt était venu. Un jeune homme, le visage blême. Il avait entendu mes faibles appels.
Il m'avait regardée à travers la petite lucarne. Ses yeux s'étaient remplis d'horreur.
« Je... je ne peux rien faire. » Il avait tremblé. « Monsieur Monteiro a donné des ordres stricts. »
Il avait reculé, effrayé. La porte s'était refermée. Le verrou avait claqué.
J'avais compris. La mort. C'était la mort qui m'attendait.
J'avais rampé jusqu'à la minuscule fissure sous la porte. J'avais senti un courant d'air. Une infime promesse de vie.
Mes doigts, gelés, avaient tenté de l'élargir. De toutes mes forces.
Mais le béton était inébranlable.
Mes dernières forces s'étaient envolées. Ma conscience s'était embrumée.
J'avais levé ma main, un geste désespéré vers la fissure. Un appel silencieux.
« S'il te plaît. » Mon souffle était un filet. « Aidez-moi. »
Mais au lieu d'une main secourable, j'avais entendu la voix de Romain. Elle résonnait dans ma tête.
« Éloïse, tu essaies de t'échapper ? » Son ton était railleur. « Pas si vite. Ce n'est pas terminé. »
Il était là. Non pas physiquement, mais sa cruauté, oui. Elle planait au-dessus de moi.
« Tu as causé tant de douleur à Noémie, Éloïse. » La voix de Romain était froide. « Une souffrance que tu ne pourras jamais comprendre. »
C'était mon châtiment. Pour une faute que je n'avais pas commise. Pour une amie que je n'avais jamais eu.
Mon corps était devenu une coquille vide. Mes pensées s'étaient éteintes.
J'avais cru mourir seule. Abandonnée.
Mais alors... j'avais vu Antoine. Il parlait à Romain.
« Monsieur, elle est... mourante. » Antoine avait les yeux rougis. « Elle a appelé à l'aide. Elle a dit... elle a dit qu'elle n'avait rien fait. »
Romain avait ri. Un rire sec.
« Tu crois encore à ses mensonges, Antoine ? » Il avait secoué la tête. « Elle est une manipulatrice hors pair. »
« Mais elle... elle a dit... » Antoine avait cherché ses mots. « Elle a dit qu'elle avait froid. Qu'elle mourait de faim. »
Noémie était intervenue. Sa voix était douce, larmoyante.
« Romain, peut-être que... nous devrions la laisser sortir. » Elle avait posé sa main sur son bras. « Je ne veux pas qu'elle meure. Je ne pourrais pas vivre avec ça. »
Cette sainte Noémie ! Elle jouait à la perfection.
Romain avait regardé Noémie, son visage adouci par sa prétendue compassion.
« Tu es trop pure, Noémie. » Il avait soupiré. « Elle ne mérite pas ta gentillesse. »
« Mais que diront les autres ? » Noémie avait insisté. « Si... si elle meurt ? »
Romain avait réfléchi un instant. Son regard s'était durci.
« Bien. » Sa voix était tranchante. « On la sortira. Mais pas avant d'avoir une explication. Et qu'elle présente des excuses en bonne et due forme à Noémie. »
Il m'avait jetée un dernier coup d'œil, avant de reporter son attention sur Noémie.
Noémie avait pleuré silencieusement, son corps tremblait.
« Je ne sais pas si je pourrai la regarder. » Elle avait étouffé un sanglot. « Ce qu'elle m'a fait... »
Ce n'était que du théâtre. Une mise en scène parfaite pour sceller mon destin.
Romain l'avait serrée fort. Il avait levé les yeux vers moi, un regard de mépris inouï.
« Tu vois, Éloïse ? » Il avait craché les mots. « Noémie est la victime. La vraie victime. Et toi, tu es la coupable. »