Chapitre 5 Je veux que tu prennes ma virginité

Point de vue de Meadow :

Ma respiration s'est coupée par à-coups. « Quoi ? » J'ai tenté de retirer ma main, mais il me tenait fermement le poignet, m'empêchant de bouger.

Et je n'étais même pas sûre d'en avoir envie.

« Non. » Sa voix était basse. « Je veux te sentir. »

J'ai avalé ma salive, les yeux baissés vers ma paume toujours posée contre son torse. Il était chaud, ses muscles se contractaient sous ma main tandis qu'il expirait brusquement.

Il a relâché mon poignet. Et n'importe qui de sensé aurait retiré sa main sur-le-champ et fui à toutes jambes.

Mais je n'ai jamais prétendu être normale. Mon esprit était embrumé, me hurlait que cet homme était dangereux, mais je ne l'ai pas écouté.

Parce qu'en cet instant précis, j'aimais cette idée du danger.

« Pourquoi tu fais ça ? » Les mots ont franchi mes lèvres sans que je m'en rende compte, dans un souffle à peine audible. « Tu dis que tu sais tout de tes employés, mais aucun patron ne serait assez fou pour mémoriser chaque visage que ses employés ont croisé. »

Devant son silence, j'ai poursuivi : « D'une manière ou d'une autre, tu sais que j'ai une sœur, et tu sais que Tyler était avec elle. Comment ? »

Il n'a pas répondu. Il n'a même pas bougé.

Alors j'ai continué.

Mes doigts ont commencé à tracer lentement de petits cercles hésitants sur son torse. Je testais les limites, mais je m'en fichais.

L'alcool dans mon sang avait tout adouci : ma peur, mon contrôle de moi-même et mes retenues.

J'ai remarqué le début d'un tatouage qui dépassait de son col gauche. Une encre noire, des lignes nettes, peut-être reliées à celui que j'avais entrevu sur son poignet un peu plus tôt.

Je voulais le voir.

Bon sang, je voulais le connaître.

Chaque effleurement de mes doigts sur son torse assombrissait son regard ses muscles se tendaient comme s'il luttait pour ne pas me toucher en retour.

Il me désirait.

Non, pas juste ça – il me regardait comme s'il voulait me posséder.

« C'est vraiment ça que tu veux savoir, Meadow ? »

Mes paupières ont tremblé à la façon dont il a prononcé mon prénom. Doucement, mais avec fermeté. Presque comme un ordre. J'ai eu le sentiment que s'il me disait de m'asseoir, je le ferais sans hésiter.

Ma bouche s'est asséchée et j'ai avalé difficilement avant de répondre honnêtement. « Non », ai-je murmuré en secouant la tête.

Parce que, sincèrement, je ne voulais pas savoir. Je ne savais pas pourquoi, mais au milieu de tout ce chaos, j'avais compris une chose.

Je le voulais, lui aussi.

Pas parce qu'il était beau. Pas parce qu'il était riche. Pas même parce qu'il était le patron de Tyler.

Mais parce que, pour la première fois de ma vie, quelqu'un faisait attention à moi.

Pas à Juniper.

À moi.

Pathétique. Je sais.

En poussant un long soupir, j'ai retiré ma main. « Je ne sais pas pourquoi je suis comme ça. Je ne te connais même pas. »

Son regard s'est accroché au mien. « Mais tu en as envie. »

J'ai détesté à quel point il avait raison.

J'ai haussé les épaules. « Je ne suis pas dans mon état normal, Alaric. » Un rire amer m'a échappé, mes émotions m'ont submergée alors que mes yeux se remplissaient de larmes. « On s'est moqué de moi. »

Je ne savais pas pourquoi je lui disais tout cela, mais les mots sortaient sans que je ne puisse les retenir.

« Tyler, ma sœur... ils m'ont utilisée pendant des années et je ne m'en étais même pas rendu compte. J'ai été tellement stupide. Je pensais... je pensais qu'il m'aimait. »

J'ai mobilisé toute ma force pour ne pas pleurer devant cet inconnu, mais dès qu'il m'a attirée contre son torse, je me suis figée.

« Ne retiens pas tes larmes », a-t-il murmuré dans mes cheveux, la voix rauque. « Laisse sortir. »

Je ne l'ai pas voulu. Et encore moins décidé.

Mais j'ai craqué.

Une seconde, je luttais pour ravaler mes larmes, et la suivante, je pleurais contre son torse, les poings serrés sur sa chemise, le corps tremblant comme si l'on venait de m'autoriser à m'effondrer.

La main d'Alaric a glissé le long de ma colonne en de lents cercles. Il me réconfortait.

« Dis seulement le mot », a-t-il soudain dit.

Je me suis reculée, essuyant mes larmes du revers de la main. « Quoi ? »

Sa main a frôlé mes cheveux et mon cœur a tambouriné dans ma poitrine lorsqu'il a replacé quelques mèches derrière mes oreilles. C'était un geste doux, mais son regard était terriblement meurtrier.

« Dis-le et je t'aiderai à obtenir la vengeance que tu veux. »

J'ai cligné des yeux, les sourcils froncés, confuse. « Qui te dit que je veux me venger ? » Un rire nerveux m'a échappé.

Alaric a lentement expiré, un sourire en coin aux lèvres lorsqu'il a dit : « Ne nie pas, Meadow. Tu veux te venger de Tyler et de ta sœur. Tu veux qu'ils paient pour tout ce qu'ils t'ont fait. »

Il a avancé d'un pas, et je suis reculée d'un autre. Pas parce que je ne voulais pas qu'il s'approche. Mais parce que je voulais qu'il me suive.

Très vite, mon dos a heurté le mur et Alaric s'est penché vers moi, une main posée à côté de ma tête pour me bloquer.

Tout en lui était indéniablement séduisant. Et chacun de ses mots sonnait comme un danger.

Plus qu'un danger.

Mais il n'avait pas tort. Je voulais me venger. Juniper avait ruiné ma vie bien avant ce soir, et maintenant, elle m'avait pris la seule chose qu'il me restait.

« Pourquoi tu veux m'aider ? »

Son regard a glissé vers ma bouche, et sa langue a effleuré ses lèvres. J'aurais voulu qu'elle effleure les miennes.

« Parce que tu m'as regardé comme si je pouvais te briser », a-t-il dit. « Et tu m'as touché comme si tu voulais que je te possède. »

Il s'est encore rapproché, ses lèvres à quelques centimètres des miennes, et je n'arrivais plus à respirer. « Je ne ressens rien, Meadow », son souffle chaud s'est répandu sur mon visage. « Je ne ressens plus aucun contact. Mais le tien, je l'ai senti. »

Ses lèvres ont effleuré les miennes et un souffle m'a échappé. Mais il ne m'a pas laissée réagir.

Ni poser de questions. Même si j'en avais des milliers.

« Je peux t'offrir ce que tu veux », a-t-il murmuré. « Tout : la vengeance, le pouvoir, un nouveau nom, un qu'ils ne pourront pas salir. un qu'ils auront du mal à prononcer quand ils comprendront à qui tu appartiens. »

J'ai essayé de reculer, mais il n'y avait plus d'issue. Aucune échappatoire. « Oui », j'avais envie de dire : « Je le veux. Tout ça. »

Les mots d'Alaric sont sortis lentement. Volontairement lents, et ils m'ont coupé le souffle.

« Épouse-moi. »

J'ai cligné des yeux, le cerveau en vrac, incapable de répondre. « Tu plaisantes. »

Il a secoué la tête une seule fois. « Non. »

Il s'est écarté de moi et j'ai enfin pu respirer.

« Comment peux-tu... c-comment... tu ne me connais pas. On ne s'aime même p- »

« Je n'ai pas besoin de t'aimer, Meadow », a-t-il coupé, la mâchoire serrée. « J'ai seulement besoin de t'avoir. »

L'air s'est à nouveau échappé de mes poumons. « Alaric... », ai-je soufflé.

Il ne m'a pas quittée des yeux. « Je peux les faire payer », a-t-il dit. « Tous. Tous ceux qui t'ont déjà rabaissée. »

« Et en échange ? », ai-je demandé encore, même si je connaissais déjà la réponse.

« Tu seras à moi », sa voix était grave, très grave. Presqu'un grognement sur le dernier mot.

Un frisson m'a parcourue et une chaleur s'est de nouveau formée dans le bas de mon ventre.

Pas qu'elle l'ait jamais quittée.

J'ai dégluti avec difficulté, l'esprit en vrac, le cœur battant à tout rompre sous le poids de tout cela. Je ne me suis même pas rendu compte que j'avais bougé, jusqu'à me retrouver à quelques centimètres de lui.

« J'ai une dernière requête », ai-je murmuré, en posant à nouveau la main sur son torse, cette fois concentrée sur les boutons de sa chemise.

« Tout ce que tu veux », a-t-il soufflé d'une voix rauque, ses narines se dilatant à mon contact.

J'ai tenté de me raisonner.

Vraiment.

Mais dans mon état d'ébriété, une seule chose m'obsédait.

Le besoin de ressentir ce que Juniper avait ressenti avec Tyler quand je les avais surpris.

Alors, le cœur battant à tout rompre, les yeux plongés dans ceux d'Alaric, j'ai formulé ma demande.

« Je veux que tu prennes ma virginité. »