Trop tard pour m'aimer maintenant
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Chapitre 2

Point de vue d'Alessia « Blake » Falcone

Le trajet vers la nouvelle vie de mon père fut silencieux. Assise à l'arrière de sa Mercedes noire, le cuir froid contre ma peau, je suivais les lumières de la ville qui se transformaient en traînées d'or et de rouge à travers les vitres teintées.

C'était un monde à des années-lumière du bitume fissuré et des lampadaires vacillants du quartier que j'avais laissé derrière moi.

Son penthouse se trouvait dans une tour qui grattait le ciel, une forteresse de verre et d'acier. Les portiers dans leurs uniformes impeccables évitaient soigneusement mon regard.

Nous avons été propulsées vers le haut dans un ascenseur privé qui montait avec une vitesse silencieuse et vertigineuse.

Mon père m'a jeté un coup d'œil, une lueur de quelque chose – une évaluation – dans ses yeux. J'ai gardé une expression neutre, je me suis faite toute petite. Il voyait une enfant, naïve et facile à modeler. Parfait. L'invisibilité était le meilleur camouflage.

Les portes de l'ascenseur se sont ouvertes directement sur le salon.

Et elle était là.

Karine Sellier.

Elle était encore plus belle que dans mes souvenirs de photos floues. Grande et mince, avec des cheveux couleur de jais et des yeux d'un bleu glacial et saisissant. Elle était l'art, l'élégance et la froideur incarnées.

Elle se tenait près d'une baie vitrée, un verre de vin à la main, et me considérait avec le mépris non dissimulé d'une reine observant un insecte.

« Tu es en retard, Christophe », dit-elle, sa voix basse et mélodieuse.

C'était la même voix que j'avais entendue rire en arrière-plan de ce dernier appel téléphonique dévastateur.

Mon père, un homme qui faisait trembler les autres, fondait.

« Je suis désolé, mon amour. Ça a pris plus de temps que prévu. » Il la couvait du regard, lui embrassait la joue, un puissant caïd réduit au rang de suppliant.

Il a fait un geste vers moi. « Karine, voici Alessia. »

Les yeux de Karine m'ont balayée, me rejetant d'un seul regard froid. Elle n'a offert ni salutation, ni sourire. J'étais un fantôme d'un passé qu'il était censé avoir enterré, une tache importune dans son nouveau monde parfait.

Mon père, sentant le froid, s'est raclé la gorge et a commencé une visite. Je l'ai suivi en silence, mon esprit tournant à plein régime. J'ai tout catalogué : les œuvres d'art coûteuses sur les murs, l'emplacement du lourd coffre-fort en acier derrière un tableau, les signes subtils de son immense richesse illicite.

Je cartographiais son empire, cherchant ses vulnérabilités.

Il m'a montré l'atelier de Karine, un espace lumineux et aéré rempli de toiles.

« C'est un génie », a-t-il murmuré, la voix pleine d'adoration. « Une âme tourmentée. C'est mon destin de la sauver. »

Ma chambre était la dernière. Elle se trouvait au bout d'un long couloir, une petite pièce sans fenêtre qui ressemblait plus à un débarras qu'à une chambre.

Une cage à l'intérieur d'une cage.

Pendant un instant, une lueur de culpabilité a traversé le visage de mon père. Il a vu le contraste saisissant entre cette boîte et le reste de son palais.

Il a sorti son portefeuille, en a tiré une épaisse liasse de billets et me l'a mise dans la main. Cinq cents euros.

« Pour des vêtements », a-t-il dit d'un ton bourru. « Tout ce dont tu as besoin. »

Ce n'était pas un cadeau. C'était de l'argent pour acheter mon silence. Des excuses pour la cage.

Je l'ai pris sans un mot, mes doigts se refermant sur les billets. Le premier versement dans le trésor de guerre de ma mère.

Mon plan n'était pas seulement de lui survivre. C'était de le saigner à blanc.

            
            

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