Chapitre 5

Point de vue d'Elia :

J'ai serré le paquet contre ma poitrine. « À partir de maintenant », ai-je dit au coursier, mon regard fixé sur celui de Maxime, « toute ma correspondance doit m'être livrée uniquement à moi. Mes contacts d'urgence sont en cours de mise à jour. »

Le sourire confiant de Maxime a vacillé, une lueur de confusion assombrissant ses traits.

« Mes documents sont arrivés ? » a-t-il demandé. « Le bail pour notre appartement près de la fac ? À Marseille ? »

« Non », ai-je dit, gardant ma voix parfaitement égale.

Avant qu'il ne puisse insister, son téléphone a vibré. Il a jeté un coup d'œil à l'écran, et toute son attitude a changé. La suspicion dans ses yeux a disparu, remplacée par cette inquiétude exaspérément tendre. C'était Catalina.

« J'arrive tout de suite », a-t-il dit dans le téléphone, sa voix basse et apaisante.

Une autre urgence fabriquée, une autre demoiselle en détresse.

Il a mis fin à l'appel et m'a regardée, son esprit déjà à l'autre bout de la ville avec elle. Il avait déjà oublié le paquet, notre conversation.

Il s'est retourné et s'est dirigé vers sa voiture sans un mot de plus, démarrant en trombe pour la sauver une fois de plus.

Je suis entrée dans ma maison, et pour la première fois depuis des mois, un profond sentiment de paix m'a envahie.

Il avait fait son choix, encore et encore. Maintenant, j'avais enfin fait le mien.

Quelques jours plus tard, j'ai commencé à faire mes valises. J'ai plié des pulls et empilé des livres, chaque objet un petit pas vers ma nouvelle vie.

Sa vengeance a été rapide et publique. Il a inondé les réseaux sociaux de photos de lui et de Catalina. Une performance organisée pour la jeune génération du Milieu. Maxime et Catalina à un gala. Maxime et Catalina sur son bateau. Maxime et Catalina s'embrassant sous les lumières de la ville.

Les commentaires étaient un nouveau torrent d'humiliation.

« Il a clairement fait un upgrade. »

« On dirait que la princesse n'a pas su garder son prince. »

« Elle est tellement plus canon que Lia. »

J'ai lu chaque commentaire, non pas avec la douleur aiguë de la peine, mais avec un engourdissement distant et lourd. C'était comme regarder un film sur la vie de quelqu'un d'autre.

C'était la confirmation finale. Mon amour pour lui n'était pas seulement mort.

Il était enterré, et on avait salé la terre, s'assurant que plus rien ne pourrait jamais y pousser.