Chapitre 5

Point de vue d'Alessia :

Le claquement de mes pieds nus sur le marbre froid a résonné dans le couloir alors que je courais après lui.

J'ai attrapé son bras. Il s'est arrêté, mais ne s'est retourné vers moi qu'après une pause délibérée. Ses traits étaient taillés dans la pierre, un masque d'indifférence glaçante.

« Je le regrette », ai-je dit, ma voix se brisant sur un sanglot.

Il m'a juste regardée fixement.

« Tu avais promis, ai-je étouffé, le souvenir ravivant une lueur d'espoir insensé. Au gala. Tu as dit... si jamais je le regrettais, tu m'aiderais. »

Sa mâchoire s'est crispée. Une lueur de quelque chose – de l'agacement ? – a traversé son visage. « Que veux-tu, Alessia ? » Son ton était empreint d'un mépris si vif que j'ai eu l'impression de recevoir un coup.

« Je veux le voir, ai-je sangloté, les mots arrachés de ma gorge. Mon père. Juste une dernière fois. »

« Non. »

Le mot était plat. Final. Inébranlable.

Ce simple mot n'a pas seulement brisé mon espoir. Il l'a réduit en cendres. Et des braises, une fureur froide et aiguë a commencé à monter.

« Notre amour, notre intimité... chaque contact, chaque baiser... tout était un mensonge, n'est-ce pas ? ai-je exigé, ma voix gagnant un ton brut et éraillé. Une opération méticuleusement planifiée pour atteindre mon père. »

Des larmes coulaient toujours sur mon visage, mais c'étaient des larmes de rage maintenant, pas de chagrin. Il m'a juste regardée, son expression impassible.

« Tes larmes ne signifient rien pour moi, dit-il, chaque mot un éclat de glace parfaitement formé. C'était une mission. Mes sentiments n'ont jamais fait partie de l'équation. »

« Tu m'as utilisée, ai-je craché. Si tu m'avais juste dit la vérité, je t'aurais aidé. C'était mon père, mais s'il a fait ce que tu as dit... je t'aurais aidé à obtenir justice. »

Pendant une fraction de seconde, quelque chose s'est fissuré dans le calme glacial de ses yeux. Du regret ? Du doute ? C'était là – je l'ai vu – puis ça a disparu, scellé derrière un mur de glace.

« Le syndicat du Scorpion a tendu une embuscade à mon équipe l'année dernière, dit-il, sa voix basse et gutturale. Ils ont tué mon Consigliere. Mon mentor. Il s'est vidé de son sang dans mes bras. La justice n'allait jamais être propre. »

Avant que je puisse répondre, Isabella est apparue à ses côtés, glissant son bras dans le sien avec un air de possession sans effort. Son contact était propriétaire, son ton dégoulinant de condescendance.

« Est-ce qu'elle pose un problème, mio Don ? » demanda-t-elle, ses yeux me parcourant avec un regard de profond dédain avant de m'ignorer complètement.

Dante n'a même pas jeté un regard dans ma direction. Il l'a regardée, et les lignes dures de son visage se sont adoucies, presque imperceptiblement.

« Elle n'est pas un problème, dit-il, sa voix complètement détachée alors qu'il me tournait complètement le dos. Elle n'est que la fille d'un homme mort. »

Il s'est éloigné avec elle, me laissant seule dans le couloir, l'écho de ses mots creusant un trou béant dans ma poitrine.