Chapitre 5 Était-elle vraiment la Chirurgienne Spectre

Declan était à mi-parcours vers la porte quand il s'est brusquement arrêté. Il s'est tourné, le regard perçant et la voix plus froide que le givre.

« Ce divorce peut encore être annulé. Si tu veux continuer à être ma femme, présente-toi à l'hôpital demain à huit heures. Présente tes excuses à Maddie, sinon c'est fini entre nous », a-t-il dit, chaque mot transperçant l'air.

Il n'y avait aucune douceur dans son ton. Il n'y avait aucune place pour la négociation. Et avant que Dayna ne réponde, il a claqué la porte derrière lui, laissant la maison dans un silence soudain et étouffant.

Dayna est restée immobile un moment, serrant la rampe d'escalier pour ne pas s'effondrer. Son corps tremblait, fragile et épuisé, mais son esprit était plus clair qu'il ne l'avait été depuis des années.

Sa femme ?

Ce titre n'avait plus aucune signification pour elle. Quiconque le voulait pouvait le prendre.

Ce qu'elle désirait en ce moment, ce n'était pas la réconciliation ou la rédemption, mais une rupture nette. Une rupture définitive de tous les liens toxiques.

Son regard a lentement balayé le salon, cet espace familier imprégné de trois années de souvenirs, certains doux, la plupart amers. Chaque recoin de cette maison avait été témoin de son silence, de ses sacrifices, de sa lente déchéance.

Il était temps de tourner la page.

Au revoir, et bon débarras !

Elle n'a emporté que ce qui comptait. Des documents et des objets essentiels. Tout le reste ? Elle l'a laissé derrière elle sans hésiter. Puis elle est directement allée à sa villa privée.

L'ironie de la situation la faisait rire, même s'il n'y avait pas grand-chose d'amusant là-dedans.

Declan avait toujours cru que sa force venait du Groupe Murray, un empire qu'il lui avait arraché avec fierté.

Il s'était convaincu qu'elle n'était qu'une épave sans lui, cramponnée à lui comme à son unique planche de salut.

Mais la vérité ? Il n'en avait aucune idée.

Dayna était restée, jouant le rôle de l'épouse dévouée, non pas parce qu'elle était faible, mais parce qu'elle l'aimait.

Elle avait tout abandonné : son ambition, son avenir, sa fierté, tout cela pour un homme qui ne l'avait jamais vue telle qu'elle était. Mais désormais, elle en avait fini avec l'amour. Il n'y avait plus de place pour cela dans sa vie.

Au cours des semaines suivantes, le divorce a été prononcé.

Declan ne l'a pas pris au sérieux. Dans son esprit, ce n'était qu'un autre des jeux élaborés de Dayna. Il ne lui a même pas accordé un second regard. Ses journées étaient désormais consacrées à de longues promenades matinales et à des discussions tardives avec sa chère Madison.

Il était un temps où Dayna aurait été dans tous ses états, le suppliant, pleurant, faisant tout pour le retenir.

Mais là ?

Elle se tenait tranquillement devant la mairie, calme comme toujours.

Devant elle était assis un homme vêtu d'une chemise blanche impeccable, détendu dans son fauteuil roulant. La lumière du soleil filtrait à travers les arbres et illuminait doucement son visage, le rendant moins froid que d'habitude.

Dayna a haussé un sourcil, surprise. Elle ne s'attendait pas à voir Kristopher, surtout pas avant elle.

Quelques jeunes femmes à proximité lui jetaient des regards furtifs, chuchotant entre elles.

Tenant fermement ses documents, Dayna a inspiré et s'est approchée de lui en lui faisant un signe de tête poli. « Bonjour, M. Hudson. »

Kristopher a immédiatement levé les yeux. Dès qu'il l'a vue, ses doigts se sont resserrés un peu sur l'accoudoir.

Son expression ne trahissait rien, mais il y avait un léger changement, quelque chose qu'elle ne parvenait pas à déchiffrer.

Dayna a remarqué son regard et a hésité, perplexe devant la façon dont il la fixait. Instinctivement, elle a baissé les yeux vers son chemisier, se demandant si quelque chose n'allait pas. « Quoi ? J'ai quelque chose sur le visage ? Ou sur mes vêtements ? »

Il a rapidement détourné le regard et a plissé les yeux. « Allons-y. »

Il n'arrivait toujours pas à y croire.

Elle l'avait vraiment fait. Elle était vraiment allée jusqu'au bout.

Grâce à ses relations, tout le processus a été rapide : les papiers ont été signés, confirmés et classés. Et voilà, ils étaient légalement mariés.

Alors qu'ils sortaient de l'établissement, Dayna a ressenti un étrange mélange de soulagement et d'excitation monter en elle.

« M. Hudson, espérons que ce partenariat se passera bien. » Elle lui a offert un sourire doux et lui a tendu la main, mais Kristopher n'a pas bougé.

Au lieu de cela, il s'est penché dans son fauteuil, l'air calme mais distant. « Tu emménages dans ma villa du centre-ville aujourd'hui. Sans délai. »

Dayna a cligné des yeux, complètement perplexe.

N'était-ce pas censé être un mariage contractuel ? Alors pourquoi devaient-ils vivre ensemble ?

Son expression n'a pas changé. « N'oublie pas ton rôle. Tu es Mme Hudson maintenant. »

Son cœur a sauté un battement. Cela ressemblait beaucoup trop à quelque chose que Declan avait l'habitude de dire.

Declan lui disait toujours de « rester à sa place » : celle d'une épouse silencieuse, qui ne devait surtout pas espérer mieux.

Peut-être que c'était simplement ainsi que fonctionnaient les familles riches. Froides, strictes et impossibles à fuir.

Mais la voix grave de Kristopher a interrompu le fil de ses pensées. « Il n'y aura pas de divorce avec moi. Seule la mort nous séparera. Tu m'as épousé, alors ne pense même pas à partir. À partir de maintenant, je te protégerai. Tu n'auras plus à souffrir. »

Dayna l'a regardé, stupéfaite.

Elle n'arrivait pas à croire ce qu'elle venait d'entendre.

Pendant une fraction de seconde, son cœur battait la chamade, sans qu'elle puisse le contrôler.

Non. Elle s'est rapidement débarrassée de cette sensation. Elle ne pouvait pas se permettre d'y réfléchir trop.

Ce n'étaient probablement que des paroles, vides et dénuées de sens.

Avant qu'elle ne puisse y réfléchir davantage, une voiture s'est arrêtée devant eux.

« Monte », a dit Kristopher. Sa voix était tranchante et ferme, dénuée d'émotion, indiquant clairement qu'il ne s'agissait pas d'une demande.

Dayna a hésité, mais est quand même montée dans la voiture. Ce n'était pas le moment de contrarier son nouveau partenaire d'affaire.

Alors qu'elle détournait le regard, Kristopher a continué de la fixer. Sans y penser, il a effleuré la bague à son petit doigt et son expression s'est assombrie.

Faisait-elle semblant ? Ou... avait-elle vraiment tout oublié ?

Sur la banquette arrière, Dayna a sorti son téléphone, espérant se distraire.

L'écran s'est tout de suite allumé, révélant une avalanche d'appels manqués et de messages furieux. Tous provenaient de Declan.

« Dayna, je t'ai dit de t'excuser auprès de Maddie. Et ça fait presque un mois ! Où diable es-tu ? »

« Décroche ton téléphone ! Tout de suite. Ne me fais pas perdre mon sang-froid ! »

Les yeux de Dayna brillaient de sarcasme alors qu'elle bloquait calmement son numéro et effaçait tout l'historique des appels.

De face, Kristopher avait tout compris d'un seul coup d'œil. Il a plissé les yeux et un léger sourire entendu es apparu sur ses lèvres.

Il s'apprêtait à dire quelque chose lorsque le téléphone de Dayna s'est de nouveau allumé pour signaler un autre appel.

Cette fois-ci, il n'y avait pas de nom, juste un numéro. Mais dès que Kristopher l'a vu, il s'est figé. Complètement gelé.

Ce numéro... il s'en souvenait parfaitement. Il n'oubliait jamais les numéros. C'était celui de Nell Mason, l'agent de Spectre.

Et cette femme assise à côté de lui, qui avait des compétences que même la plupart des professionnels agréés envieraient, lui avait fait ressentir quelque chose dans ses jambes.

Serait-ce vraiment elle ? Dayna pouvait-elle... vraiment être la Chirurgienne Spectre ?