Chapitre 4 Chapitre 4

Elle accéléra son pas, le sol meuble la ralentissant, mais elle se redressa, ignorant la douleur lancinante dans ses jambes. Chaque respiration lui coûtait, son souffle court résonnait dans la forêt silencieuse, mais elle n'avait plus le luxe de penser à sa douleur. Les bruits derrière elle se rapprochaient. Ils étaient proches.

Elle glissa entre deux troncs d'arbres, espérant les semer, mais un cri perça l'air. Le son glaça son sang, et elle tourna brusquement la tête. La silhouette sombre d'un loup apparut entre les arbres, ses yeux brillants d'une lueur dangereuse.

- Il est inutile de courir, Selena.

La voix du traqueur était glaciale, une menace qui vibrante dans l'air. Il s'avançait lentement, ses yeux fixés sur elle comme un prédateur observant sa proie. Elle pouvait sentir sa présence derrière elle, comme une ombre qui se glissait dans la brume de la forêt.

Ses muscles la tiraillaient, sa peau brûlait, et son cœur battait si fort qu'elle pensait qu'il allait éclater. Elle n'avait pas de temps à perdre. Elle devait s'échapper, peu importe le prix.

Un autre cri retentit derrière elle, et elle se figea, les yeux écarquillés de terreur. Les guerriers ennemis étaient plus nombreux qu'elle ne l'avait imaginé, et leur approche était inéluctable.

Elle s'élança en avant, brisant les branches et dévalant la pente du ravin. Elle s'effondra au sol, son corps heurtant les pierres, et roula jusqu'au bas de la vallée, les pierres crissant sous son poids. Elle grimaça de douleur mais se releva aussitôt, ne prenant même pas le temps de souffler. La forêt autour d'elle semblait s'élargir à mesure qu'elle courait, comme si la nature elle-même voulait l'avaler.

Le vent frappait son visage, ses cheveux se mêlant aux feuilles, et la forêt semblait s'étirer à l'infini devant elle. Ses jambes étaient lourdes, son corps en feu, mais elle s'obstinait à fuir. Elle savait qu'ils ne la laisseraient pas s'échapper. Ils la rattraperaient. Ils n'étaient que trop proches.

Le sol s'effondrait sous elle, la laissant trébucher sur une racine qu'elle n'avait pas vue. Elle s'écrasa sur le sol, son épaule percutant violemment une roche. Un cri de douleur lui échappa, mais elle se redressa rapidement, se précipitant dans la végétation dense qui l'entourait.

Les bruits de poursuite étaient plus proches maintenant. Elle n'avait plus d'échappatoire.

Son cœur battait à tout rompre, mais quelque chose d'étrange se passa. Une étrange sensation, une vibration dans l'air, la fit se figer. Elle tourna la tête. Un flash de mouvement, une silhouette sombre surgissant entre les arbres. Pas un traqueur, mais quelque chose de... différent.

Elle s'immobilisa, les yeux fixés sur la forme qui se dessinait dans la brume de la forêt. C'était une silhouette mince et élancée, vêtue d'une tenue sombre qui se fondait parfaitement dans l'ombre des arbres. Ses yeux brillaient d'un éclat mystérieux, et ses cheveux noirs s'agitaient autour de son visage comme une brume fantomatique.

Le loup ennemi qui la poursuivait s'arrêta brusquement, un rugissement venant de sa gorge, mais la silhouette devant lui ne bougea pas. D'un mouvement fluide et gracieux, il s'élança, traversant la clairière en un clin d'œil.

Un cri de douleur s'échappa du traqueur, mais il n'eut pas le temps de se défendre. La silhouette noire, tel un spectre, se déplaça avec une rapidité fulgurante et le désarma en un instant, une main se refermant autour de la gorge du loup. Un bruit sec résonna, et le traqueur tomba lourdement au sol, inerte.

Selena, à peine croyant ce qu'elle venait de voir, se haussait sur ses coudes, le cœur battant. Elle n'avait jamais vu une telle agilité, une telle force. La silhouette tourna lentement la tête, ses yeux brillants croisant les siens.

- Viens avec moi, maintenant.

La voix était douce, presque mélodieuse, mais empreinte d'une autorité qui ne souffrait aucune objection. Selena n'eut pas le temps de réagir que la silhouette s'approcha d'elle avec une rapidité déconcertante, tendant une main. Elle n'eut pas d'autre choix que de se saisir de cette main glacée et de se laisser guider à travers les arbres.

Sans un mot, l'étrange inconnue la mena à travers les bois, ses pas rapides et silencieux, l'entraînant dans un réseau complexe de sentiers étroits. Ils longeaient des ruisseaux sinueux et des troncs massifs, Selena ne pouvant suivre qu'à peine. Mais à chaque pas qu'elle faisait, elle ressentait un étrange soulagement. C'était comme si la pression de la traque s'évaporait lentement, même si le danger restait omniprésent.

Au bout de plusieurs heures, la silhouette s'arrêta devant un petit campement dissimulé dans les bois. Une série de tentes noires, entourées de brasiers crépitants, étaient installées avec une précision presque cérémonielle. Un étrange parfum d'herbes et de terre fraîche flottait dans l'air, un parfum que Selena n'avait jamais connu.

L'inconnue la conduisit à l'une des tentes et l'aida à s'installer sur un tapis épais. Selena s'effondra, épuisée par la course, les blessures à ses bras et à ses jambes la faisant souffrir. Elle ferma les yeux un instant, s'accordant enfin un peu de répit.

- Tu es en sécurité... pour l'instant. Mais la traque n'est pas terminée.

Selena rouvrit les yeux, cherchant la source de la voix. L'inconnue se tenait là, calme, les bras croisés, observant Selena avec une intensité insondable.

- Qui êtes-vous ? demanda-t-elle, sa voix tremblante mais résolue.

- Nous sommes les Ombres. Une tribu oubliée par le monde, mais pas par la forêt. Et toi... tu n'as plus de place chez les tiens.

Les mots frappèrent Selena comme une gifle. Ses yeux se remplirent de larmes, mais elle se força à les chasser.

- Pourquoi m'aider ? Je n'ai rien à offrir.

L'inconnue la fixa un long moment, son regard devenu plus doux, mais toujours aussi énigmatique.

- Parce que la guerre approche. Et tu vas avoir un rôle à jouer, que tu le veuilles ou non.

Selena sentit un frisson parcourir son échine.

Le matin arriva lentement, une lueur diffuse filtrant à travers les rideaux de la tente. Selena se réveilla en sursaut, haletante, comme si elle avait été poursuivie dans un rêve sans fin. Elle se redressa brusquement, les yeux écarquillés, cherchant autour d'elle des signes de danger. Mais tout était calme. Trop calme. La lumière de l'aube entrait doucement dans la pièce, caressant les contours des objets qui l'entouraient.

            
            

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