Chapitre 2 Chapitre 2

L'air froid de la nuit la frappait violemment au visage alors que Raven courait à travers les bois, ses pieds frappant le sol avec une précision désespérée. La meute la poursuivait, et elle pouvait presque entendre les battements de leurs cœurs résonner derrière elle, comme une meute de loups affamés. Chaque souffle était une lutte contre l'épuisement, mais elle ne pouvait pas s'arrêter. Pas maintenant. Pas alors qu'elle n'avait nulle part où aller.

Elle n'était plus chez elle. Elle n'avait plus de meute. La trahison de Corwin, la froideur d'Emilia, tout cela la hantait à chaque pas. Raven ne savait pas où elle allait, mais la seule chose qui comptait, c'était de fuir. Fuir à tout prix.

Les ombres des arbres semblaient l'engloutir alors qu'elle se glissait entre les troncs massifs, fuyant plus profondément dans la forêt. Les bruits des battements de ses poursuivants se faisaient de plus en plus proches, un souffle dans son dos. Elle savait que les loups n'étaient jamais loin. Ils la traquaient. Ils savaient qu'elle était vulnérable.

Au loin, un éclat de lumière la fit sursauter. Elle leva les yeux vers la lune, cette vieille amie qui l'avait vue grandir. La lune de sang approchait. Un frisson d'angoisse s'insinua dans ses entrailles. C'était une nuit lourde de présages. Elle se sentait attirée par une force invisible, comme si la lune elle-même voulait la guider. Mais elle n'était pas prête à comprendre ce que cela signifiait. Pas encore.

Sa respiration se faisait de plus en plus erratique, ses jambes brûlantes de fatigue. Mais elle n'avait pas le temps de faiblir. Elle entendit soudain un bruit derrière elle, un craquement violent. Un piège. Elle tourna la tête juste à temps pour voir une corde tendue s'élancer vers elle, une éclatante lueur de métal se dessinant dans la pénombre. Un filet. Elle se lança de côté, ses muscles en feu, mais la corde la toucha à peine. Un cri perça l'air, venant de derrière elle. Elle avait échappé de justesse à un piège, mais d'autres l'attendaient. D'autres pièges plus subtils, plus vicieux. Ils ne la laisseraient pas s'échapper aussi facilement.

Elle se redressa et continua à courir, mais son esprit tournait. Pourquoi la poursuivaient-ils ainsi ? Pourquoi cette haine, cette férocité ? Tout cela était à cause de la jalousie d'Emilia. Mais elle ne pouvait pas se permettre de penser à cela. Pas maintenant. Elle devait avancer.

Les heures passèrent, la forêt devenant plus dense à chaque pas, jusqu'à ce que Raven ne sache plus où elle se trouvait. Les bois étaient devenus un labyrinthe. Le sol sous ses pieds était de plus en plus boueux, les racines des arbres cherchant à l'accrocher, mais elle s'élançait avec détermination. La nuit était totale maintenant. Le silence était pesant, comme une couverture oppressante.

Elle ne savait pas depuis combien de temps elle courait, ni où elle allait. Son estomac était vide, et ses muscles hurlaient de douleur. Mais la pensée de ce qu'elle laissait derrière elle lui permettait de continuer à avancer, une force qu'elle n'aurait jamais cru posséder.

Puis, au détour d'un arbre, elle aperçut une clairière. Un faible rayon de lune se glissait à travers les branches, illuminant un petit coin de la forêt comme une scène cachée. Elle s'arrêta enfin, s'effondrant contre un tronc d'arbre, les bras autour de ses genoux. Ses dents claquaient sous le froid, et la fatigue la submergeait.

Elle ferma les yeux, écoutant le murmure de la brise qui soufflait doucement à travers les feuilles. Elle avait besoin de temps. Mais ce temps lui était compté. Elle avait eu le temps de réaliser qu'elle n'était pas seule. Les bruits de la forêt avaient changé. Elle n'était pas seule.

Des éclats de voix s'élevaient dans la distance, les bruits de pas lourds sur le sol. Ils n'étaient pas loin. La meute était proche, très proche. Raven rouvrit les yeux en panique. Elle devait partir.

Elle se leva brusquement, mais une vague de nausée l'envahit alors qu'un vertige la submergeait. Elle se laissa tomber à genoux, le souffle court. Ses mains se posèrent sur son ventre, et pour la première fois depuis la nuit de sa fuite, une étrange sensation la traversa. Comme si un secret enfoui dans son corps se réveillait.

Elle se redressa péniblement, la main toujours sur son ventre. Ce n'était pas une douleur, mais une sensation étrange, inexplicable. Elle sentait comme si quelque chose de vivant s'éveillait en elle. Son cœur se serra. Et alors, sans crier gare, la vérité lui tomba dessus comme un coup de poing.

Elle était enceinte.

Le monde sembla se suspendre un instant autour d'elle. Elle ferma les yeux, secouant la tête, comme si elle espérait pouvoir effacer cette pensée. Mais elle ne pouvait pas. C'était réel. Elle sentait au fond d'elle, une vie grandir. La vie d'un être qui ne devrait pas exister. Pas dans un monde comme celui-là. Pas dans un monde où la meute l'avait rejetée.

Elle avait fuit, mais elle portait en elle la preuve de ce qu'elle avait fait cette nuit-là. La nuit où elle avait partagé son âme avec un Alpha qu'elle ne connaissait pas. La nuit où tout avait changé, et où sa vie serait désormais marquée à jamais.

Elle tomba sur ses genoux, les mains tremblantes, son souffle rapide. L'angoisse montait en elle, tout comme la réalité de ce qu'elle venait de découvrir. Elle devait fuir. Pas seulement pour sa vie, mais pour cette vie qui était en elle. Elle n'était plus seule dans sa fuite. Elle portait maintenant un secret qui pourrait tout changer. Elle sentit la vie bouger en elle, comme un murmure doux mais puissant, et une peur nouvelle s'empara d'elle.

Dans la brume de son esprit, une question persistait : Comment allait-elle s'en sortir maintenant ? Elle n'avait pas d'endroit où aller. Elle n'avait aucune idée de ce qu'il fallait faire. Et pourtant, dans son cœur, une seule certitude l'envahissait : elle ne pouvait pas retourner en arrière. La meute la rejetait, et même si un miracle se produisait, elle ne pourrait jamais revenir. Pas avec ce secret.

Alors que l'obscurité de la forêt l'enveloppait à nouveau, Raven savait qu'elle devrait tout affronter seule. Pas seulement la fuite, mais aussi la naissance de cet enfant, ce mystère qui allait à jamais bouleverser son monde.