Chapitre 3 3

Le village de Brisbois baignait dans une lumière douce et dorée alors que le crépuscule s'installait. Les habitants s'activaient encore, certains rentrant des champs, d'autres finissant de dresser les étals pour le marché du lendemain. Maella, qui revenait d'un cours improvisé de soins aux plantes, se trouvait près de la fontaine centrale, accompagnée de Garen et d'Orik, le nain râleur récemment intégré à leur groupe.

- Je te parie une miche de pain que cette soirée sera ennuyeuse à mourir, lança Garen avec un sourire provocateur.

Orik croisa les bras, sa barbe bougeant légèrement au rythme de son marmonnement.

- Si t'avais une once de bon sens, gamin, tu saurais que dans ce genre de calme, il se passe toujours quelque chose. Ça sent les ennuis.

Maella haussa les épaules, amusée par leurs chamailleries constantes.

- Orik a peut-être raison, Garen. Tu devrais écouter les anciens... enfin, les très anciens dans son cas.

Avant qu'Orik ne puisse répliquer, un bruit sourd résonna dans la vallée, suivi d'un cri lointain. Maella, Garen, et Orik se figèrent, leurs regards se tournant instinctivement vers l'entrée du village.

Des torches apparurent dans l'obscurité, suivies par une horde de silhouettes armées.

- Des mercenaires ! cria un villageois, brisant le silence.

Le chaos s'empara du village en un instant.

Les mercenaires, vêtus de cuir noir et portant des armes improvisées mais redoutables, se répandirent dans les rues comme une vague sombre. Ils renversaient des étals, mettaient le feu aux maisons et traînaient les villageois hors de leurs abris.

- Ils cherchent quelque chose... ou quelqu'un, murmura Lyra, qui avait surgi de l'ombre pour rejoindre Maella.

Maella sentit son cœur s'accélérer. Était-ce elle qu'ils cherchaient ?

- On ne peut pas rester là ! Il faut aider les autres, s'écria Maella.

- Attends ! intervint Lyra. Tu ne sais même pas comment te défendre !

Mais Maella n'écoutait pas. Elle courut vers un groupe de mercenaires qui entouraient une vieille femme et un enfant.

- Laissez-les tranquilles ! hurla-t-elle, ramassant une pierre au sol et la lançant de toutes ses forces.

La pierre frappa l'un des mercenaires à la tête. Il grogna de douleur et se tourna vers elle, un sourire cruel sur les lèvres.

- Regardez-moi ça. Une héroïne en herbe.

Une Force Inconnue

Alors que le mercenaire s'approchait, une chaleur étrange monta en Maella. C'était comme si quelque chose, profondément enfoui en elle, poussait pour se libérer.

Elle tendit les mains, sans réfléchir, et une onde de choc explosa autour d'elle. Le mercenaire fut projeté contre un mur, inconscient. Mais la force de l'onde fit également voler des débris, détruisant un étal et blessant un villageois.

- Maella, qu'est-ce que tu fais ?! s'écria Garen, qui accourait vers elle.

- Je... je ne sais pas ! balbutia Maella, tremblante.

Lyra arriva juste à temps pour la tirer hors de la rue principale.

- Tu dois te contrôler ! Si tu continues comme ça, tu vas tous nous tuer, mercenaires ou non !

Mais avant que Maella ne puisse répondre, une autre explosion retentit, cette fois près de la place centrale.

Orik et Finn, l'humain taciturne, arrivèrent en courant, leurs armes prêtes.

- On ne peut pas rester ici, Lyra ! grogna Orik. Ces brutes vont raser tout le village si on ne bouge pas.

- Mais on ne peut pas les abandonner ! protesta Maella.

- Personne ne parle d'abandonner ! répliqua Finn en repoussant un mercenaire avec son épée. On doit les éloigner du village, c'est tout.

Garen, qui s'était abrité derrière un tonneau, lança :

- Super plan. Mais je propose qu'on fasse ça sans mourir, hein ?

- Merci pour ton courage inébranlable, Garen, railla Lyra.

Orik grogna.

- Vous allez continuer à discuter ou vous voulez bien commencer à courir ?

Alors qu'ils tentaient de guider les villageois vers un passage sûr, Maella sentit la chaleur en elle devenir insupportable. Chaque fois qu'elle voyait un innocent en danger, cette force inconnue jaillissait d'elle, repoussant les mercenaires mais causant aussi des dégâts collatéraux.

À un moment, une énorme vague d'énergie détruisit un mur entier, bloquant une rue et empêchant des villageois de fuir.

- Maella, arrête ! cria Lyra. Tu ne fais qu'empirer les choses !

Les yeux remplis de larmes, Maella recula, terrifiée par ce qu'elle avait fait.

- Je ne sais pas comment faire... Je ne sais pas !

Orik posa une main réconfortante sur son épaule, bien que maladroitement.

- Écoute, petite. Personne ne sait quoi faire la première fois. Mais tu as des amis. On est là. Alors, respire un bon coup et concentre-toi.

Finn ajouta avec un sourire encourageant :

- Et si ça ne marche pas... eh bien, on improvisera. On est doués pour ça.

Grâce à une diversion orchestrée par Lyra et Orik, le groupe réussit à évacuer la majorité des villageois vers la forêt. Mais un dernier groupe de mercenaires bloquait leur chemin.

Garen, pour une fois, sembla sérieux.

- OK, les amis. J'ai une idée... mais c'est complètement stupide.

Finn hocha la tête.

- Parfait. On adore les idées stupides.

Garen grimpa sur un chariot abandonné et commença à crier :

- Hé, tas de brutes sans cervelle ! Vous cherchez une bagarre ou vous avez juste peur qu'on soit plus beaux que vous ?

Les mercenaires, irrités, se tournèrent vers lui, permettant à Lyra de lancer un sort qui fit tomber des tonneaux sur leurs têtes.

- Pas si stupide que ça, finalement, murmura Finn.

Pendant ce temps, Maella, reprenant confiance, concentra son énergie pour créer un bouclier autour des villageois restants, les protégeant des flèches des mercenaires.

Finalement, le groupe atteignit la lisière de la forêt. Les villageois, bien que secoués, étaient en sécurité pour l'instant.

Orik, essuyant sa hache ensanglantée, grogna :

- Bon, ce n'est pas la retraite la plus glorieuse de ma vie, mais on est vivants. Ça compte.

Garen, épuisé mais satisfait, s'assit lourdement sur une souche.

- Rappelez-moi de ne plus jamais parier sur une soirée calme.

            
            

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