Chapitre 5 Chapitre 5

Les branches craquaient sous leurs pas alors que Lyra et Elias avançaient prudemment dans la forêt. Le silence oppressant de la nuit n'était interrompu que par le bruissement des feuilles agitées par une brise glaciale. Lyra serrait sa veste contre elle, le froid mordant ses joues, mais ce n'était pas ce qui la mettait mal à l'aise.

Depuis leur départ, une sensation étrange pesait sur ses épaules, comme si des yeux invisibles la surveillaient, tapies dans l'ombre. Son instinct lui hurlait de rebrousser chemin, mais Elias, insouciant, continuait de marcher, ses gestes désinvoltes comme si rien ne pouvait l'atteindre.

« Tu es sûr que c'est une bonne idée de venir ici à cette heure ? » demanda Lyra, sa voix à peine audible dans l'immensité de la forêt.

Elias haussa les épaules, un sourire en coin éclairant son visage. « Peur du noir, Lyra ? »

Elle s'arrêta net, ses yeux lançant des éclairs. « Ce n'est pas une question de peur. Quelque chose ne va pas. Je le sens. »

Elias se retourna, son sourire s'effaçant légèrement. Il s'approcha d'elle, posant une main rassurante sur son bras. « Tu es trop tendue. Respire un peu. On est juste en train de marcher. Rien ne va nous arriver. »

Mais alors qu'il prononçait ces mots, un grondement sourd se fit entendre, résonnant dans les entrailles de la forêt. Lyra tressaillit, ses yeux s'écarquillant tandis qu'elle cherchait la source du bruit.

« Tu entends ça ? » chuchota-t-elle, son souffle s'accélérant.

Elias fronça les sourcils, se tournant lentement vers l'obscurité. « Oui... »

Le grondement se transforma en un râle guttural, suivi de pas lourds qui semblaient se rapprocher. Lyra recula instinctivement, son cœur battant à tout rompre. Une odeur âcre envahit l'air, une combinaison de sang et de terre mouillée, et elle sentit la panique monter en elle.

« Elias, c'est quoi ça ? »

Avant qu'il ne puisse répondre, une silhouette massive émergea des ombres. La créature n'avait rien de naturel : un mélange grotesque de loup et de bête, son pelage noir dégoulinant d'une substance visqueuse et ses yeux brillant d'un rouge infernal.

Elias poussa un juron, se plaçant instinctivement devant Lyra. « Reste derrière moi ! »

Mais la créature n'attendit pas. Dans un bond féroce, elle attaqua, ses griffes s'abattant sur Elias qui esquiva de justesse. Lyra poussa un cri, incapable de bouger, figée par la terreur.

Elias tenta de riposter, mais la créature était rapide, bien trop rapide. Elle le renversa d'un coup de patte, le projetant contre un arbre avec une force terrifiante. Lyra sentit son estomac se nouer en voyant Elias s'écrouler au sol, immobile.

La bête se tourna alors vers elle, ses crocs dégoulinant de salive. Lyra recula, ses jambes tremblantes, jusqu'à ce que son dos rencontre un arbre.

« Non... » murmura-t-elle, son souffle se coupant.

Alors que la créature s'apprêtait à bondir, un hurlement retentit, puissant et autoritaire, faisant trembler l'air autour d'eux. Une silhouette surgit des ombres, se plaçant entre Lyra et la bête.

Kael.

Il était différent. Son aura était plus intense, presque palpable, et ses yeux brillaient d'une lueur dorée. Il n'hésita pas une seconde, se jetant sur la créature avec une férocité qui laissa Lyra sans voix.

Le combat fut rapide mais brutal. Kael esquiva les griffes acérées de la bête avec une agilité déconcertante, ses propres mouvements d'une précision mortelle. Chaque coup qu'il portait semblait résonner dans la nuit, comme un rappel de sa puissance.

En quelques instants, la créature gisait au sol, immobile, tandis que Kael se redressait, haletant. Il se tourna vers Lyra, ses yeux retrouvant leur teinte habituelle.

« Ça va ? » demanda-t-il, sa voix grave mais teintée d'inquiétude.

Elle hocha la tête, incapable de parler, ses jambes toujours tremblantes. Kael s'approcha d'elle, posant une main rassurante sur son épaule.

« Tu n'aurais jamais dû être ici, » dit-il, son ton durcissant légèrement. « C'est dangereux. »

Avant qu'elle ne puisse répondre, Elias, visiblement groggy, se redressa, s'appuyant sur un arbre pour garder son équilibre.

« Et toi ? » lança-t-il, sa voix pleine de reproches. « C'est toi qui mets Lyra en danger en la gardant ici. »

Kael se tourna vers lui, ses yeux lançant des éclairs. « Qu'est-ce que tu racontes ? »

Elias fit un pas en avant, malgré sa faiblesse visible. « Tout ça, c'est à cause de toi. Cette créature, ces attaques... elles sont liées à toi et à ce que tu caches. »

Kael serra les poings, son regard devenant encore plus sombre. « Tu n'as aucune idée de ce dont tu parles, Elias. »

Lyra, toujours sous le choc, les regarda se disputer, leur colère palpable remplissant l'air autour d'eux.

« Stop ! » cria-t-elle soudain, sa voix brisant la tension.

Les deux hommes se tournèrent vers elle, surpris.

« Ce n'est pas le moment pour vos querelles stupides. Expliquez-moi ce qui se passe. Maintenant. »

Kael et Elias échangèrent un regard, mais aucun d'eux ne parla. Lyra sentit la frustration monter en elle.

« Très bien, » dit-elle, sa voix tremblante mais déterminée. « Si vous ne voulez pas me dire la vérité, je la découvrirai moi-même. »

Elle se détourna d'eux, marchant d'un pas rapide vers la maison, son esprit tourbillonnant de questions sans réponses.

Kael la rattrapa rapidement, saisissant son bras pour la stopper.

« Lyra, attends. »

Elle se retourna, ses yeux brillants de colère et de larmes retenues. « Non, Kael. J'en ai assez. Si je suis en danger, je mérite de savoir pourquoi. »

Il la fixa pendant un long moment, comme s'il pesait ses mots.

« Je te protégerai, » dit-il finalement, sa voix douce mais ferme.

Elle secoua la tête, se libérant de son emprise. « Ce n'est pas suffisant. »

Alors qu'elle s'éloignait, Kael resta immobile, ses poings serrés, tandis qu'Elias, un sourire amer sur les lèvres, murmurait : « Tu la perds, Kael. »

La nuit était encore longue, et Lyra savait qu'elle ne trouverait pas le sommeil. Les questions s'entassaient dans son esprit, et les réponses semblaient toujours hors de portée. Mais une chose était claire : quelque chose de bien plus grand qu'elle se jouait, et elle n'était plus certaine de pouvoir faire confiance à qui que ce soit.