img img img Chapitre 1 Chapitre 1
1
Chapitre 6 Chapitre 6 img
Chapitre 7 Chapitre 7 img
Chapitre 8 Chapitre 8 img
Chapitre 9 Chapitre 9 img
Chapitre 10 Chapitre 10 img
Chapitre 11 Chapitre 11 img
Chapitre 12 Chapitre 12 img
Chapitre 13 Chapitre 13 img
Chapitre 14 Chapitre 14 img
Chapitre 15 Chapitre 15 img
Chapitre 16 Chapitre 16 img
Chapitre 17 Chapitre 17 img
Chapitre 18 Chapitre 18 img
Chapitre 19 Chapitre 19 img
Chapitre 20 Chapitre 20 img
Chapitre 21 Chapitre 21 img
Chapitre 22 Chapitre 22 img
Chapitre 23 Chapitre 23 img
Chapitre 24 Chapitre 24 img
Chapitre 25 Chapitre 25 img
Chapitre 26 Chapitre 26 img
Chapitre 27 Chapitre 27 img
Chapitre 28 Chapitre 28 img
Chapitre 29 Chapitre 29 img
Chapitre 30 Chapitre 30 img
Chapitre 31 Chapitre 31 img
Chapitre 32 Chapitre 32 img
Chapitre 33 Chapitre 33 img
Chapitre 34 Chapitre 34 img
Chapitre 35 Chapitre 35 img
Chapitre 36 Chapitre 36 img
Chapitre 37 Chapitre 37 img
Chapitre 38 Chapitre 38 img
Chapitre 39 Chapitre 39 img
Chapitre 40 Chapitre 40 img
Chapitre 41 Chapitre 41 img
Chapitre 42 Chapitre 42 img
Chapitre 43 Chapitre 43 img
Chapitre 44 Chapitre 44 img
Chapitre 45 Chapitre 45 img
Chapitre 46 Chapitre 46 img
Chapitre 47 Chapitre 47 img
Chapitre 48 Chapitre 48 img
Chapitre 49 Chapitre 49 img
Chapitre 50 Chapitre 50 img
Chapitre 51 Chapitre 51 img
Chapitre 52 Chapitre 52 img
Chapitre 53 Chapitre 53 img
Chapitre 54 Chapitre 54 img
Chapitre 55 Chapitre 55 img
Chapitre 56 Chapitre 56 img
Chapitre 57 Chapitre 57 img
Chapitre 58 Chapitre 58 img
Chapitre 59 Chapitre 59 img
Chapitre 60 Chapitre 60 img
Chapitre 61 Chapitre 61 img
Chapitre 62 Chapitre 62 img
Chapitre 63 Chapitre 63 img
Chapitre 64 Chapitre 64 img
Chapitre 65 Chapitre 65 img
Chapitre 66 Chapitre 66 img
Chapitre 67 Chapitre 67 img
Chapitre 68 Chapitre 68 img
Chapitre 69 Chapitre 69 img
Chapitre 70 Chapitre 70 img
img
  /  NaN
img
img

img img

Chapitre 1 Chapitre 1

Je m'appelle Émilie. Je vis dans une petite ville que personne ne prend la peine de situer sur une carte, coincée entre des collines couvertes de forêts denses et un lac qui scintille rarement, tant le ciel y est souvent gris. Ici, tout semble figé dans une routine rassurante, presque soporifique. Les rues pavées, les maisons aux façades usées par le temps, et les visages familiers que je croise chaque jour... Tout respire l'immobilité. Mais il y a cette tension, ce quelque chose d'indéfinissable qui flotte dans l'air, comme un murmure qu'on ne peut jamais vraiment saisir.

Je passe mes journées à l'université locale, où j'étudie la biologie. Une passion, ou peut-être une obsession, née de ma fascination pour ce qui est caché, invisible à l'œil nu. Aujourd'hui, j'étais plongée dans mes recherches sur l'épigénétique, m'émerveillant des secrets que recèle notre ADN. J'aime croire qu'il y a toujours une logique, une explication à tout. Pourtant, ce jour-là, quelque chose allait troubler mes certitudes.

En fin d'après-midi, je m'étais rendue à la bibliothèque, comme à mon habitude. Une vieille bâtisse, à moitié rongée par l'humidité, où flottait une odeur familière de papier jauni et de poussière. Madame Gauthier, la bibliothécaire, m'accueillit avec son éternel sourire légèrement pincé.

- Encore plongée dans tes projets, Émilie ? Si tu continues à te perdre dans les livres, tu risques de devenir aussi poussiéreuse que ces rayons, plaisanta-t-elle en me tendant une pile d'ouvrages que j'avais réservés.

- Merci, Madame Gauthier. Et vous savez quoi ? Je crois que je suis déjà en train de me fossiliser, rétorquai-je en souriant.

Elle gloussa avant de s'éloigner, sa démarche lente trahissant son âge avancé. Je me perdis rapidement dans mes recherches, feuilletant livre après livre, absorbée par les articles scientifiques et les théories complexes. Mais c'est en fouillant dans un recoin oublié de la bibliothèque que mon regard fut attiré par un objet inhabituel.

Un journal, posé là, recouvert d'une fine couche de poussière. Il semblait si ancien que je craignais que les pages ne s'effritent entre mes doigts. Je le pris délicatement et l'ouvris. L'écriture, nerveuse et irrégulière, sautait presque hors des pages, comme si celui qui l'avait rédigé avait déversé ses pensées dans un état de frénésie.

Ce journal était bien plus qu'un simple carnet. Dès les premières lignes, il était question de rituels, de pleines lunes et d'une meute qui semblait exister en marge de la société. Les descriptions étaient si détaillées que cela m'en donna la chair de poule. Je ne pus m'empêcher de murmurer à moi-même :

- Mais c'est quoi, ce délire ?

Les mots dansaient devant mes yeux. Il y était question de transformations, de liens sacrés avec la nature, et de quelque chose appelé "la Lignée". Je fronçai les sourcils, partagée entre fascination et incrédulité. Une part de moi voulait fermer le livre, le ranger là où je l'avais trouvé, mais une autre... Une autre voulait comprendre. Et cette dernière l'emporta.

Le temps sembla s'étirer alors que je dévorais les pages, mon esprit oscillant entre l'excitation et une étrange appréhension. Je perdis toute notion des heures qui passaient, jusqu'à ce que Madame Gauthier, d'un ton gentil mais ferme, vienne me rappeler que la bibliothèque allait fermer.

- Émilie, ma chère, il est presque neuf heures. Tu ne veux pas que je te laisse enfermée ici, n'est-ce pas ?

Je sursautai, refermant le journal à la hâte.

- Non, bien sûr, désolée. Je ne me suis pas rendu compte de l'heure.

Je glissai le journal dans mon sac sans trop réfléchir. Je savais que je n'aurais pas dû, mais il y avait quelque chose dans ces écrits, une sorte d'appel silencieux que je ne pouvais pas ignorer.

Dehors, la nuit était tombée, enveloppant la ville dans une obscurité presque palpable. Je marchais rapidement, resserrant ma veste autour de moi pour me protéger du froid. Les rues étaient désertes, comme si la ville elle-même retenait son souffle. Mon esprit tournait encore et encore autour des mots du journal. Des phrases comme *"le sang lie les âmes au-delà de la chair"* ou *"la pleine lune révèle la véritable nature des êtres"* revenaient en boucle, m'imprégnant d'un sentiment de malaise.

Et c'est alors que je l'entendis.

Un hurlement. Lointain, mais indéniable. Un cri primal qui semblait transpercer l'air froid de la nuit. Je m'arrêtai net, mon cœur battant à tout rompre. J'aurais pu me convaincre qu'il s'agissait simplement d'un chien, mais ce son... Il avait quelque chose de profondément étrange, presque surnaturel.

Je tournai la tête vers la forêt qui bordait la ville. Elle se dressait là, sombre et imposante, comme une frontière entre deux mondes. Une légère brume rampait entre les arbres, et pour la première fois depuis longtemps, je ressentis un frisson de peur.

- Ce n'est rien. Juste un animal, murmurai-je, comme pour me rassurer.

Mais mes jambes semblaient clouées au sol, refusant de bouger. Je tendis l'oreille, espérant ne rien entendre de plus, mais un second hurlement retentit, plus proche cette fois. Mon instinct me hurlait de courir, de m'éloigner de cette forêt et de rentrer chez moi, mais je restai figée, hypnotisée par l'idée que quelque chose d'étrange se cachait là-bas.

Finalement, je me forçai à bouger. Mes pas, rapides et maladroits, résonnaient dans les rues silencieuses. Je n'osais plus jeter un regard en arrière, mais l'image de ces arbres sombres et de ce hurlement résonnait encore dans mon esprit bien après que j'eus franchi la porte de mon appartement.

Une fois à l'intérieur, je verrouillai la porte et tirai les rideaux. Mon cœur battait encore la chamade, et je dus m'asseoir un moment pour reprendre mon souffle. Ce n'était pas la première fois que j'entendais parler de ces légendes locales, ces histoires de loups qui rodaient dans les bois. Mais jusque-là, je les avais toujours reléguées au rang de contes pour effrayer les enfants. Ce soir, elles prenaient une dimension bien plus réelle.

Je sortis le journal de mon sac et le posai sur la table devant moi. Les pages semblaient presque vibrer sous la lumière tamisée de ma lampe, comme si elles attendaient que je les ouvre à nouveau. Je pris une profonde inspiration avant de me décider.

Je n'étais pas prête à dormir. Pas encore.

            
            

COPYRIGHT(©) 2022