Ursule sourit timidement, ne sachant pas si elle croyait vraiment à ses mots, mais les entendre laissait une trace réconfortante en elle. Peut-être qu'elle n'était pas totalement perdue dans ce monde.
« On se retrouve demain à l'entraînement ? » proposa-t-il.
Ursule hocha la tête. « Oui, je pense que je vais avoir besoin de toute l'aide possible. »
« C'est l'esprit ! » dit-il avec un clin d'œil avant de s'éloigner.
Alors qu'elle regardait Elias partir, Ursule sentit une présence derrière elle, une sensation étrange qui fit courir un frisson le long de sa colonne vertébrale. Elle se retourna, mais ne vit rien. Pourtant, l'impression d'être observée restait, comme si quelqu'un, quelque part, la surveillait attentivement.
Elle haussa les épaules, essayant de chasser ce sentiment, et se dirigea vers son dortoir. La compétition approchait, et elle devait se préparer. Mais au fond d'elle, une question demeurait : qui la regardait ainsi, et pourquoi ?
Ursule se tenait devant le miroir de sa chambre, son reflet projetant une image de doute. Elle fixait ses yeux, sombres et incertains, essayant de puiser de la force en elle-même. Demain était la grande compétition sportive, et chaque fibre de son être semblait hurler que c'était une erreur. Elle n'était pas prête. Comment aurait-elle pu l'être ? Elle était humaine, sans les capacités surhumaines de ses camarades. La plupart des étudiants étaient des loups-garous, dotés de force, d'agilité et d'endurance bien au-delà de ses capacités. Comment pouvait-elle espérer rivaliser ?
Elle soupira profondément et passa une main dans ses cheveux en désordre. Elias et Clarissa l'avaient aidée à s'entraîner ces derniers jours, mais chaque session lui rappelait combien elle était en retard par rapport aux autres. Pourtant, malgré ses craintes, une petite flamme d'espoir persistait en elle. Un espoir fragile, mais bien là.
« Peut-être que je n'ai pas besoin d'être la plus rapide, la plus forte... » murmura-t-elle pour elle-même. « Peut-être que je peux juste être moi. »
La pensée était réconfortante, mais pas assez pour chasser ses angoisses. Elle ramassa ses affaires de sport pour le lendemain, tâchant de se distraire avec de simples gestes quotidiens. Pourtant, chaque muscle de son corps semblait tendu par l'appréhension. Lorsqu'elle s'allongea finalement sur son lit, la fatigue physique et émotionnelle la submergea. Elle s'endormit rapidement, ses rêves hantés par des visions de courses impossibles à gagner et de regards moqueurs.
Le lendemain matin, le soleil perçait à travers les rideaux lorsqu'Ursule ouvrit les yeux. Le jour de la compétition était enfin arrivé. Ses tripes se nouaient déjà à l'idée de ce qui l'attendait. Elle s'habilla rapidement, son corps réagissant presque mécaniquement aux gestes quotidiens. Clarissa était déjà partie pour s'échauffer, et Elias lui avait envoyé un message tôt pour lui dire qu'il l'attendrait sur le terrain.
Quand elle sortit du dortoir, l'air frais du matin la frappa au visage, ce qui, curieusement, l'apaisa un peu. L'agitation autour du stade était palpable. Partout, des groupes d'étudiants se rassemblaient, certains s'échauffant déjà, d'autres discutant des épreuves à venir avec un mélange de nervosité et d'excitation. Ursule se sentait isolée, comme une intruse dans ce monde où tout le monde semblait à sa place, sauf elle.
Elias la rejoignit près de la piste d'athlétisme. Il souriait, son assurance naturelle semblant contrebalancer l'incertitude d'Ursule .
« Prête ? » demanda-t-il, son regard fixé sur elle.
Elle haussa les épaules. « Aussi prête que possible, je suppose. Je vais juste... essayer de ne pas me ridiculiser. »
Elias éclata de rire, secouant la tête. « Tu feras bien plus que ça, Ursule . Tu as quelque chose en toi, je te l'ai déjà dit. »
Elle tenta de sourire en retour, mais ses doutes étaient bien trop profonds pour être dissipés par de simples encouragements. Néanmoins, avoir Elias à ses côtés lui donnait une sorte de réconfort. Il croyait en elle, et pour l'instant, c'était suffisant.
La première épreuve fut annoncée peu après : une course d'obstacles à travers une série de terrains imprévisibles. Des murs à escalader, des fossés à traverser, des cordes à grimper... Ursule observait le parcours, le cœur battant dans sa poitrine. C'était exactement le genre de test qui favorisait les loups-garous avec leurs capacités physiques exceptionnelles.
Les participants furent appelés sur la ligne de départ, et Ursule s'aligna aux côtés d'autres étudiants, tous en pleine forme. Certains la regardèrent avec des sourires en coin, comme s'ils savaient déjà qu'elle n'avait aucune chance. Elle baissa la tête, refusant de laisser leur condescendance l'atteindre.
Le coup de sifflet retentit, et la course commença. Rapidement, Ursule se retrouva à l'arrière du groupe, comme elle s'y attendait. Les premiers obstacles furent difficiles, mais elle parvint à garder le rythme. Pourtant, à chaque instant, elle sentait son énergie diminuer, chaque muscle de son corps criant à l'effort. Mais quelque chose en elle refusa d'abandonner. Elle ne voulait pas leur donner la satisfaction de la voir échouer.
À mi-parcours, cependant, une chute inattendue changea le cours de la course. Un des loups-garous, trop confiant, trébucha sur une corde et s'effondra lourdement au sol, bloquant la progression de plusieurs autres. Ursule , grâce à sa petite taille et son agilité, réussit à se faufiler à travers le chaos. Elle sauta par-dessus les débris, esquiva un autre concurrent et, presque par miracle, se retrouva en tête.
Son cœur battait à tout rompre. C'était irréel. Comment était-elle arrivée là ? Mais elle n'eut pas le temps de réfléchir. Les autres concurrents étaient déjà à ses trousses. Avec chaque fibre de son corps en alerte, elle accéléra, se concentrant uniquement sur l'obstacle suivant.
Le dernier mur était le plus difficile, une structure immense qui nécessitait à la fois force et technique pour être franchie. Ursule hésita un instant, mais les encouragements d'Elias, qu'elle entendit au loin, lui donnèrent un second souffle. Avec une détermination farouche, elle grimpa, ses mains glissant sur les prises rugueuses, ses muscles brûlant sous l'effort.
À sa grande surprise, elle atteignit le sommet avant les autres. Elle jeta un coup d'œil rapide en bas et, sans perdre un instant, sauta de l'autre côté. Elle courut les derniers mètres avec ce qu'il lui restait de force et franchit la ligne d'arrivée avant que quiconque ne puisse la rattraper.