Allongée sur sa petite table de bureau, Harley avait travaillé sans se rendre compte du moment où ses yeux se fermaient. Elle le faisait pour Eadlyne, la seule famille qui lui restait, elle devait jouer le rôle de mère et grande sœur mais tout ça n'était pas évident. Jusqu'ici Eadlyne ne manquait de rien, elle allait à l'école normalement et avait des amis, Eadlyne avait une vie, une meilleure vie qu'elle.
Après la mort de sa mère, elle s'était occupée de sa sœur pendant que leur père se tuait au travail sans jamais se plaindre, même de sa santé jusqu'au jour où, incapable de continuer, il avait été urgemment conduit à l'hôpital, Harley n'avait reçu que l'appel de l'hôpital confirmant son décès. Elle avait 18 ans heureusement, avait-elle pensé le jour où l'assistance sociale avait demandé si elle voulait leur confier sa sœur mais sans emploi, on lui avait laissé six mois pour se trouver un emploi qui l'aiderait à s'occuper de sa sœur, à cette époque, Eadlyne avait 10 ans. Elles avaient déjà la maison, le seul bien que possédait leur père, l'argent qu'il avait durement travaillé a été utilisé pour rembourser ses nombreuses dettes, Harley n'avait pas le choix, elle devait travailler encore et encore. Du haut de ses 24 ans, elle n'avait plus à se plaindre, la vie lui en avait déjà assez apprise et elle réussissait à s'occuper de sa sœur mais, au fur et à mesure ça devient compliqué d'avoir un emploi stable quand tu n'as de diplômes, c'est grâce à son fort caractère qu'elle avait pu s'en sortir mais sans trop abuser, la vie n'est pas un film où tout se passe comme on veut...
Eadlyne se réveilla ce matin-là avec peine, comme d'habitude, elle se prépara et n'arrivait pas à se décider sur sa coiffure et ses vêtements, tout ça semble banale vu sous cette angle, on croirait une adolescente lolita qui cherche à plaire à son camarade de classe, si seulement ce n'était que ça. Elle ramassa le premier vêtement sous ses yeux et l'enfila, elle plaqua ses cheveux en queue de cheval, elle sortit de sa chambre et avait prévu partir en douce pour que Harley ne sorte pas de sa chambre et qu'elle ait besoin de faire comme si tout allait bien. Malheureusement pour elle, Harley se tenait debout dans la cuisine avec un mug à la main, elle avait l'air de ne pas avoir assez dormi... comme d'habitude, se dit-elle en roulant discrètement les yeux avant de s'avancer vers sa sœur pour lui faire un bisou à la joue.
- Bonjour Harley, dit-elle avant d'aller se faire un bol de céréales sinon, sa sœur n'allait jamais la laisser sortir.
- Coucou, répondit Harley avec une voix fatiguée.
- Encore une nuit blanche hein ? Lui demanda Eadlyne en sachant très bien quelle était la réponse.
- Ne t'inquiète pas, on a connu pire. Répondit-elle ensuite en se dirigeant vers sa table de travail.
- On ? Lui demanda ensuite Harley en étirant un sourire ironique sur ses lèvres. Il n'y a jamais eu de "ON" Harley. Dit-elle en un chuchotement tout en mettant une pression sur le mot "on".
Harley qui se massait lentement la tempe, s'arrêta, croyant avoir entendue sa sœur lui parler.
- Quoi ? Demanda-t-elle pour se rassurer.
- Rien, je vais y aller. Lui dit Eadlyne avec un ton qu'elle voulait calme.
- Mais qu'est-ce qu'il lui prend ? Se demanda-t-elle en continuant de masser sa tempe tout en espérant calmer ses maux.
À peine Eadlyne était partie, quelqu'un frappa à sa porte. Elle se leva difficilement et alla ouvrir. Un homme apparut sur bas de sa porte, il était grand et un peu corpulent, il avait le visage fermé, habillé en costume noir et ressemblait à un porteur de mauvaises nouvelles. Harley resta coi attendant qu'il dise enfin l'objet de sa visite et lorsqu'elle voulut perdre patience, il fit un mouvement en jetant un coup d'œil à la pile de document qu'il avait à main avec de ramener son regard vers elle.
- Je suis bien chez les Maddison ?
- Oui ? Puis-je vous...
- Vous êtes donc Harley Rose Madison ? Demanda l'homme sans se gêner de lui avoir couper la parole.
- Que voulez-vous ? Répondit-elle sur le même ton pour lui montrer qu'il n'avait pas à faire à une fille fragile.
- Je viens vous informer qu'il vous reste à compter de cet instant, un mois pour vous trouver un nouveau logement et libérer les lieux. Dit-il sans cligner des yeux.
- Comment ? S'indigna-t-elle en regardant l'homme avec un air écœuré. Cette maison m'appartient qui êtes-vous pour me destituer de mes biens légalement acquis ?
- Je suis le porte-parole et huissier de monsieur Logan, le nouveau propriétaire de la place St. James. Vous et vos voisins êtes donc invités à débarrasser le plancher dans un mois. Sur ce. Il tourna les talons réparti, sous le regard ébahi et apeuré de Harley.
Elle ferma la porte et s'y glissa jusqu'à ce que ses fesses touchent le sol. Elle ramena ses cuisses à elle en se demandant pourquoi elle ne pouvait pas avoir de paix. Elle sortit son téléphone de la poche de son pyjama et appela son avocat, l'ancien ami de son père.
- Monsieur Curtis ? Sans qu'elle n'ait eu besoin d'aller plus loin, son avocat lui confirma la mauvaise nouvelle, il n'y avait rien à faire. La maison lui appartenait mais la place St. James était à l'état et maintenant ça venait d'être acheté par un individu égoïste et cruel assoiffé d'argent. Son avocat lui avait également parlé des indemnités mais tout ça ne valait rien face à des souvenirs qui allaient être détruits comme si rien n'avait jamais existé.
Il fallait tout recommencer, tout planifier à zéro y compris l'emploi. En parlant de ça, elle n'avait pas reçu de retour de sa lettre d'emploi. Peut-être avait-elle était un peu trop gourmande en postulant chez Nigel&co, il fallait qu'elle essaye partout. Elle consulta encore sa boîte mail mais rien. Pourquoi le sort s'acharnait-il sur elle ? Puis, elle pensa à Eadlyne, jusqu'ici elle avait tout fait pour la protéger des soucis, qu'allait-elle lui dire à présent ? Tout ceci était beaucoup trop pour elle, elle prit un manteau et l'enfila avant de sortir en trombe de la maison.
Eadlyne arriva au lycée et son ventre se noua. Pourquoi avait-elle autant peur de ces gens ? Pourquoi ne pouvait-elle pas leur tenir tête ? Elle arpenta le couloir en espérant faire la route vers son cassier sans se faire repérer mais malheureusement...
- Hey, regardez qui voilà, miss froussarde. Cette phrase provoqua le rire du reste de la bande.
Ally était la fille la plus populaire du lycée et Eadlyne avait eu le malheur de se retrouver dans sa salle de classe et aussi d'avoir osé longuement regarder son petit ami Sevhen. Qui n'aimait pas Sevhen ? Beau, athlète et populaire mais également extraordinairement snobe. Il ne parlait qu'avec des gens de son rang.
- Tu comptes m'embêter comme ça longtemps Ally ? Ça remonte à trois ans déjà. Tenta-t-elle en espérant gagner une première fois.
- Mais elle parle. Dit Ally en se rapprochant doucement d'elle. Ça ne va jamais se terminer. Bonne journée, ringarde orpheline. Ajouta Ally avant de verser les affaires d'Eadlyne, elle lui lança un dernier coup d'œil haineux avec de s'en aller avec sa troupe.
Eadlyne s'adossa sur son cassier et retenue les larmes qui s'apprêtaient à couler. Malgré tout il fallait qu'elle soit forte, elle ne pouvait pas en parler à Harley, elle avait déjà assez de problèmes comme ça. Maintenant, il fallait qu'elle se débrouille pour survivre cette année.