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La relation secrète du milliardaire

La relation secrète du milliardaire

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img Rêverie
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Résumé

Lorelle, une jeune femme fragile, tente de reconstruire sa vie après un traumatisme qui l'a plongée dans une dépression sévère. Entre séances de thérapie éprouvantes et relations ambiguës avec ceux qui l'entourent, elle se retrouve dans une toile d'intrigues et de secrets. David, son partenaire milliardaire mène une double vie entre deux villes et deux femmes, jouant dangereusement avec les limites de la vérité. Alors que Lorelle commence à soupçonner l'existence d'un secret inavouable, la frontière entre la réalité et la folie devient de plus en plus floue. Dans un monde où les apparences sont trompeuses, jusqu'où Lorelle est-elle prête à aller pour découvrir la vérité, et à quel prix ?

Chapitre 1 Prologue

On savait très bien tous les deux que c'était une idée complètement idiote. C'était tellement évident qu'on aurait dû l'éviter. Franchement, être aussi bête devrait être interdit par la loi.

Téléphoner en conduisant, tout le monde sait que c'est une mauvaise idée, on nous le dit assez souvent. Mais malgré tout, c'était notre routine, à David et moi. On le faisait depuis trois ans, sans se poser de questions. À chaque fois que l'un de nous prenait la route, on sortait notre téléphone. Bien sûr, on utilisait le mode Bluetooth pour papoter de tout et de rien : la météo, ce qu'on allait manger au prochain repas, un film qu'il fallait absolument voir, les vacances à planifier. Ce matin-là, je préparais une tarte aux noix de pécan caramélisées pendant que David était parti en voiture. Il n'avait même pas été cinq minutes sur la route qu'on était déjà en train de se parler. Ce n'était pas bien, mais c'était plus fort que nous, on ne pouvait pas s'en empêcher. Cette habitude qui nous a tenu pendant trois ans nous a finalement détruits.

Avec David, notre relation était unique. On passait beaucoup de temps en silence, mais ce silence signifiait tout pour nous. Un simple regard suffisait pour qu'on se comprenne, on n'avait pas besoin de mots pour être heureux ensemble. On s'était habitués à entendre la respiration de l'autre, alors quand l'un de nous partait, ce silence devenait insupportable. C'est comme ça que nos appels en voiture ont commencé, pour combler ce vide. Pour le meilleur, mais surtout pour le pire. Comment avons-nous pu être aussi stupides ?

J'ai toujours vécu à Strasbourg, de ma naissance à mes 27 ans. Une grande partie de ma vie s'est passée en Alsace, entourée de différentes langues, dégustant des tartes flambées entre amis sur les terrasses, buvant de la bière, et fièrement affirmant qu'on n'était ni Français ni Allemands, mais Alsaciens. Mon père parlait avec l'accent typique de la région, un accent fort et traînant sur les syllabes. Ma mère, elle, n'était pas d'Alsace. Avec le temps, elle aurait pu adopter l'accent local, mais elle a gardé son parler parisien. Parfois, on avait du mal à les comprendre quand ils se lançaient dans des discussions animées après avoir bu un peu trop. L'amour entre mes parents a toujours été fort, et j'ai toujours espéré vivre un amour aussi profond avec quelqu'un. Je pensais naïvement que nos silences nous rapprocheraient, tout comme les différences d'accents ont rapproché mes parents.

J'ai fait mes études à Metz parce que j'avais besoin de changer d'air. L'Alsace, c'était bien, mais je voulais voir si l'herbe était plus verte ailleurs. Après des années à voyager à travers la France, à faire des stages et des formations partout dans le pays, et à voyager à l'étranger avec mes amis, je suis retournée à Strasbourg, là où tout a commencé. Avec mon diplôme en poche et un poste de prof de lettres, j'étais pleine d'espoir pour l'avenir. Mon petit appartement avec vue sur la cathédrale semblait parfait pour démarrer ma nouvelle relation avec David, rencontré un soir dans un bar. On a vite emménagé ensemble. Lui, commercial, était souvent en déplacement. Ma vie est devenue une attente perpétuelle : attendre ses appels, attendre son retour, attendre le moindre signe de sa part. Je ne pouvais pas lui en vouloir, c'était son travail, moi c'était la littérature, lui c'était les affaires. Il n'était jamais là, et je vivais comme une célibataire, mais une célibataire privée de liberté. Dans chacune de mes actions, je me sentais seule, mais dans mon cœur et mon esprit, nous étions deux. Pendant mes cours, mon esprit vagabondait, je me demandais toujours s'il allait bien. Son absence était comme un poids qui m'empêchait de vivre pleinement. Il était devenu ma raison de vivre, même si c'est un peu cliché. Je me disais que mon premier grand amour serait peut-être le bon.

C'était une idée idiote, et on le savait. David m'appelait souvent tard le soir. Et moi, amoureuse dévouée, j'attendais patiemment son coup de fil, quitte à sacrifier mon sommeil. C'était volontaire, je préférais manquer de sommeil plutôt que de rater son appel. Cette habitude me comblait de bonheur quand le téléphone sonnait enfin, même si elle me détruisait peu à peu. Le manque de sommeil est vite devenu un problème, mais je le cachais en buvant beaucoup de café. Je me disais que je pourrais rattraper mon sommeil quand David serait de retour.

On s'aimait, mais on ne parlait jamais d'avenir. Pas de mariage, pas d'enfants, aucun projet commun. Rien de tout ça, ça avait le don de l'énerver. Alors pour le peu de temps qu'on passait ensemble, je préférais éviter les sujets qui fâchent et profiter des moments légers. Ou bien, on laissait le silence parler pour nous, seul le bruit de nos respirations rompait le calme de notre appartement. Notre vie était banale, simple, sans complications. Je dormais parfois sur le canapé quand il ronflait trop fort, sans rien dire le matin suivant. Pas la peine de déclencher une dispute, on se voyait déjà si peu. David était constamment fatigué, le moindre bruit l'agaçait, c'était presque maladif. Une porte qui claquait, une assiette qui se cassait, la pluie qui frappait contre les fenêtres, moi qui me cognais l'orteil dans un meuble. Tout l'irritait, et il fallait être très prudent pour ne pas le déranger. C'était une vie sans folie, qui aurait pu sembler idéale pour certains, mais ennuyeuse pour tant d'autres. Et pourtant, on était heureux comme ça.

Notre quotidien se résumait à quelques sorties au resto de temps en temps, et quelques petites disputes sur le choix du film à voir au cinéma. Finalement, je finissais toujours par céder, ce qui simplifiait pas mal les choses. Cependant, il était hors de question que je cède sur les repas en famille. Pour rien au monde je n'acceptais qu'il n'y participe pas, et bien malgré lui, c'était toujours lui qui finissait par se plier. David n'avait plus de famille, et c'était vraiment triste. Personne à voir, personne à appeler. Aucun Noël ni anniversaire à célébrer de son côté. Alors, je me sentais obligée de l'intégrer autant que possible dans ma famille, et je le faisais de bon cœur. Mes parents l'adoraient, et je me disais que s'il ne voulait pas d'enfants, c'était peut-être parce qu'il n'avait jamais connu la chaleur d'un foyer heureux.

C'était vraiment une idée bête, et on en était tous les deux conscients. Quand on conduit, on ne téléphone pas, on reste concentré et on garde les yeux sur la route. C'est une règle simple, non ? Pourtant, comme dans toute histoire qui finit mal, David faisait toujours le contraire de ce qui était raisonnable. Et moi, folle d'amour et un peu naïve, je l'ai suivi sur cette pente glissante. L'avantage de discuter par téléphone, c'était que je ne voyais pas son air agacé quand je lui parlais de choses qui me touchaient profondément. Il faut dire que j'ai toujours été une grande rêveuse, tout m'émerveille. Que ce soit un coucher de soleil spectaculaire ou un film d'amour tragique, le vent qui joue avec les carillons de la voisine, ou l'odeur de la terre après la pluie. Ces petites choses simples me transportaient, mais David préférait ne pas réagir à mes élans émotionnels. Alors, je transformais mes émotions en poèmes, des petits textes que je gardais bien cachés dans un tiroir. David n'a jamais su que j'écrivais, tout comme il ne me parlait jamais des contrats qu'il signait lors de ses déplacements.

Lors de son dernier déplacement, celui qui allait aussi être le dernier de sa vie, il était à Toulouse. Un matin où je savais qu'il ne rentrerait pas avant plusieurs jours, je me suis levée à six heures avec une envie folle de cuisiner. Je me suis donc mise à préparer une tarte aux noix de pécans caramélisées. Juste au moment où j'ai mis la tarte au four, mon téléphone a sonné. J'avais trente minutes devant moi avant que le minuteur ne sonne. C'était le 1er juillet 2018, le soleil se levait à peine, et la journée s'annonçait déjà chaude.

C'était vraiment une idée stupide, et on en était tous les deux conscients. Quand mon téléphone a sonné, j'ai décroché, toute joyeuse, et je lui ai dit que je venais de faire une tarte. Ça l'a fait rire, pourquoi faire une tarte à six heures du matin ? Je lui ai répondu que j'allais voir mes parents dans l'après-midi, et que j'apporterais la tarte avec moi. Il me prenait souvent pour une folle, et cette histoire de tarte ne faisait pas exception.

Et puis, je l'ai entendu, ce bruit qui allait me hanter pour le reste de ma vie. Ce son violent qui m'a fait mal aux oreilles et qui les a fait saigner pendant plusieurs jours. Le choc de l'accident, le bruit métallique de l'impact entre la voiture de David et un autre véhicule. Ensuite, les vitres ont volé en éclats, et le souffle de David s'est coupé, il n'avait pas eu le temps de réagir. Puis, plus rien. Le silence. Je me souviens avoir crié, l'avoir appelé désespérément, sans obtenir la moindre réponse. Au loin, le son des sirènes approchait, mais bien trop lentement. Bien trop lentement.

Il était déjà trop tard.

C'était vraiment une idée stupide, et on en était tous les deux conscients. Ce 1er juillet 2018, ces derniers mots échangés, complètement dérisoires face à l'horreur qui allait suivre, allaient me hanter. Encore maintenant, je peux me souvenir de sa voix moqueuse qui me disait :

« Lorelle, tu devrais voir un psy. Ce n'est pas normal d'avoir la phobie des libellules. »

Dans notre vie parfaite, un grain de sable venait de gripper la machine.

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