POINT DE VUE DE JENIFER
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POINT DE VUE DE JENIFER
« Arrête de pleurer, Jen. Tu as déjà vidé assez de mouchoirs ces deux dernières semaines », lança mon frère aîné, Samuel, en poussant la porte de ma chambre sens dessus dessous.
« Et tu voudrais que je fasse quoi, exactement ? Que j'organise une soirée pour fêter le fait que mon copain, après trois ans, m'ait plantée pour ma meilleure amie ? » Ma voix s'étrangla et je replongeai dans mes sanglots, un paquet de mouchoirs écrasé contre mon visage.
« Jen... écoute. Je sais à quel point ça fait mal. Mais il faut que tu te relèves. Tu n'es pas du genre à rester à terre. Trouve un boulot, occupe-toi, profite de ta vie. Ces deux-là ne valent pas une minute de ton temps », dit-il en posant sa main sur mes cheveux.
Je reniflai bruyamment. « Tu sais quoi ? Tu as raison. J'ai étudié pour décrocher un bon poste, et cette fois, rien ni personne ne m'en empêchera. Plus question de me laisser contrôler comme mon ex le faisait. »
« Voilà l'énergie que je veux voir », répondit-il en me tendant mon MacBook couvert d'un étui rose fleuri. « Allez, viens chercher ton avenir. »
Je pris l'ordinateur en soupirant. « Sérieusement, comment j'ai fait pour avoir un frère comme toi ? »
Il ricana. « Franchement, c'est un miracle. Papa et maman t'ont ramassée dans une benne, souviens-toi. »
« Samuel ! » hurlai-je, outrée, tandis qu'il éclatait de rire.
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« Et celle-ci ? » Je désignai une annonce sur l'écran.
« Lis-la, je t'écoute », lança Sam, vautré de l'autre côté du lit, une boîte de pop-corn caramel sur les genoux.
« Tu ne peux pas faire une pause et venir voir ? » soupirai-je.
« Je mâche avec la bouche et j'entends avec les oreilles. Vas-y, lis, madame. »
Je roulai des yeux. « Alors... "Jeune homme ambitieux, diplômé en commerce, bonne présentation. Poste proposé : assistant personnel du PDG. Wilson Clothing. Présentez-vous au siège lundi matin, 9h, CV en main." »
Sam hocha la tête. « Tu ne crois pas que c'est un peu tard pour postuler ? »
« Pourquoi ? L'entretien est demain. Et on est dimanche après-midi. »
Il croisa les bras. « Le siège de Wilson, c'est à New York. »
Je restai figée. « Tu plaisantes ?! »
« Pas du tout. C'est une boîte énorme, Jen. Tu n'en as jamais entendu parler ? »
« Pas vraiment le temps ces derniers mois... » Je me jetai aussitôt sur les sites de vols. « Il faut que je réserve un billet, là, tout de suite ! » Mes doigts tremblaient. « J'en ai trouvé un, départ dans quatre heures. Oh mon Dieu, il faut que je fasse ma valise ! »
Je me précipitai vers mon placard, renversant mes vêtements sur le lit. « Pourquoi j'ai des fringues aussi ringardes ?! Il me faut une tenue pro. » Après plusieurs essais, j'en dénichai enfin une convenable.
« Tu peux jeter un œil à mon CV ? » demandai-je, en glissant trousses de maquillage et dossiers dans ma valise.
Samuel se rapprocha. « Tu sais que tu pourrais très bien trouver du travail ici, en Californie. Pourquoi aller si loin ? »
Je le fixai droit dans les yeux. « Sam, tu le sais. Travailler à New York, c'est mon rêve depuis toujours. S'il te plaît. C'est une chance en or. » Je posai ma main sur son bras.
Il resta silencieux un instant. « Et si tu t'installes là-bas ? Je resterai tout seul ici. »
« Ne dis pas ça. Je viendrai te voir, et tu pourras venir aussi. Rien ne changera entre nous », le rassurai-je. Après la mort de nos parents, nous n'avions compté que l'un sur l'autre.
Je lui lançai un regard ferme. « Samuel Landon Martin, concentre-toi. Vérifie mon CV, j'ai un avion à prendre. »
Il leva les mains en signe de reddition. « D'accord, chef. »
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À l'aéroport, il me serra fort. « Bonne chance, fais de ton mieux. »
« Merci, Sam. Je te dois tout », répondis-je avec un sourire tremblant.
Il ébouriffa mes cheveux. « File, avant que je change d'avis. »
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Quelques heures plus tard, sanglée dans mon siège, je fixais le hublot. Dire que j'étais stressée aurait été faible. L'avion devait atterrir à minuit, et j'avais déjà réservé un hôtel près du centre. Demain matin, ce serait le grand saut : mon entretien.
L'hôtesse rappela les consignes de sécurité. L'appareil quitta le sol.
New York, me voilà.
POINT DE VUE DE JENIFER
« Nous venons d'atterrir à l'aéroport JFK de New York. Il est minuit six, la température extérieure est de dix degrés. Vos bagages seront disponibles au tapis numéro vingt-cinq. Merci d'avoir choisi Delta Air Lines. » annonça l'hôtesse.
Mon cœur battait la chamade. J'y étais enfin : New York ! Je récupérai mon sac à la hâte, pressée d'aller me reposer. Éreintée par le vol, je me suis affalée sur le lit de ma chambre d'hôtel sans même dîner. Avant de sombrer, j'ai juste envoyé un message à Sam pour lui confirmer mon arrivée.
POINT DE VUE DE DAMIAN
« Bonjour, Monsieur Wilson ! » lança Stefan, mon directeur financier, en franchissant la porte de mon bureau.
Je m'installai dans mon fauteuil et allai droit au but :
- Le rapport du dernier trimestre est prêt ?
- Euh... oui, Monsieur.
- Alors, combien notre filiale de Seattle a-t-elle généré ?
Il bafouilla, incapable de me donner un chiffre.
- La collection d'hiver lancée ce trimestre est-elle rentable ? Quel est le ratio entre le bénéfice net et brut ?
- Je... je dois vérifier.
- Et concernant notre campagne avec le mannequin, quel a été l'impact sur le bénéfice par action ?
Il baissa les yeux, hésitant encore.
Ma patience céda :
- Vous êtes renvoyé, Stefan !
- Monsieur, je vous en prie, pardonnez-moi. Le rapport n'est pas terminé mais je le finaliserai aujourd'hui !
- La date limite était hier. Non seulement vous êtes en retard, mais vous ne m'avez même pas prévenu. Vous osez mentir. Je n'accepte pas ça.
- Donnez-moi une dernière chance...
- Ce n'est pas la première fois. Sortez.
Rouge de honte, il quitta la pièce.
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